Le CCFD Terre Solidaire n’est pas un simple bailleur de fond. Le Rapprochement Réseau Partenaire ou Regards croisés, permet de dépasser le simple lien à travers le ou les chargés de mission, en permettant une rencontre entre sociétés civiles engagées, sans arrières pensées pécuniaires de l’autre, du vis-à-vis. Regards croisés implique au départ un espace de rencontre entre deux territoires, une volonté de réfléchir et d’agir ensemble sur nos deux territoires.

   Regards croisés a vocation à développer une relation fondée sur le respect, la découverte mutuelle et la durée, pour construire quelque chose ensemble. A l’opposée des rencontres furtives du temps de carême, le partenariat est vécu comme un véritable « compagnonnage ».

Regards Croisés est un processus qui passe par des apprentissages mutuels, des barrières nous séparent, la culture, la langue, et donc ne se conçoit effectivement que dans la durée en acceptant de se laisser interroger dans sa manière de vivre son engagement et d’agir dans la société.

Carlos ZAGNI, un de nos partenaire argentin nous dit : “ On découvre une réalité qui est sans aucun doute différente à la sienne, mais la relation se donne entre des personnes, des êtres humains avec des nécessités/rêves et attentes similaires (…) Finalement tous et toutes nous partageons une réalité mondiale qui nous affecte de la même manière et constitue un défi qui peut être partagé. C’est l’idée d’un destin commun à tous les êtres vivants de la planète. »

   J'ai fait partie de l’équipe des dix, envoyés au Paraguay et en Argentine la première quinzaine d’avril 2016. Nous avons eu le privilège de participer à un stage (Pasantia) organisé par nos amis du PMSS (Programme Mercosur Social et Solidaire) sur la thématique de l’agroécologie. Au Paraguay, avec une trentaine de membres des organisations partenaires, nous avons ainsi rencontré des communautés paysannes qui toutes au départ ont due se battre - jusqu'à des morts parfois -  pour conserver leur terre. Des communautés qui, soutenues par notre partenaire DECIDAMOS, apprennent à développer l’autonomie de leur ferme par l’optimisation de tout ce que la nature fournit gratuitement (l’énergie lumineuse, l’azote de l’air, l’eau, la biodiversité). Des communautés qui cherchent à mieux valoriser les produits de leur ferme par leur transformation et leur commercialisation sur des marchés. Nous avons pu échanger avec les leaders paysans et comprendre leurs difficultés, leurs espoirs.

De même dans la Province de Corrientes (nord de l’Argentine), notre partenaire INCUPO, nous a permis de faire de nombreuses rencontres, paysans, organisations paysannes, agronomes, un collectif de certification participative (pour la bio), des étudiants futurs enseignants d’établissement agricoles, et aussi une super rencontre dans une Maison Familiale Rurale (appelée là-bas EFA, mouvement importé initialement de France).

Quel a été le bilan de ces rencontres ?

   Pour les stagiaires de la Pasantia et nous même ce séjour a été tout d’abord une expérience collective et personnelle forte. Pour le groupe de PACA C, nous ne sommes pas revenus les mêmes qu’en partant !
   Chez nos partenaires cette démarche Regards Croisés a suscité des espoirs, des attentes pour certains.

Des attentes auxquels nous n’avons pas bien su répondre jusqu’à maintenant. Il est bon de lire l’enquête-évaluation de la démarche « Tandem pour un autre monde » qui montre les limites de la première démarche 2014-2017 mais « en même temps », l’enquête formule un certain nombre de préconisations permettant à « Regards croisés » de rebondir. Rebondir comme on/je l’espère à présent avec une seule thématique : la question du modèle agricole et son corolaire l’alimentation.



D’où la journée du 23 mars à Sainte Tulle : « De l’assiette à la planète. Quelle agriculture, quelle alimentation pour une Terre Solidaire ? » en présence de notre partenaire INCUPO et de celui du Mali, l’IRPAD.

Parmi les ateliers de l’après-midi nous voudrions que les bénévoles présent.e.s intéressé.es par la démarche Regards croisés puissent s’exprimer en indiquant les pistes qui leurs semblent porteuses de sens et pour certain.e.s vers lesquelles ils/elles souhaiteraient s’investir.

Pour finir, je laisse la parole à François (extrait tiré de son allocution lors de la rencontre mondiale avec les mouvements populaires, à Santa Cruz en Bolivie, le 9 juillet 2015) : "Nous voulons un changement dans nos vies, dans nos quartiers, dans le terroir, dans notre réalité la plus proche ; également un changement qui touche le monde entier parce qu’aujourd’hui l’interdépendance planétaire requiert des réponses globales aux problèmes locaux. La globalisation de l’espérance, qui naît des peuples et s’accroît parmi les pauvres, doit remplacer cette globalisation de l’exclusion et de l’indifférence ! "

Joël Descoins