En 2017 Ivan Akimov, fondateur avec Helena Akimova du lycée et de la troupe Kesaj Tchave, « Les Enfants de la Fée », rencontrait le collectif Rom de Gardanne à l'invitation du CCFD-Terre Solidaire. Promesse était donnée de revenir avec la troupe pour une série de concerts...

Tenue ce mois de mai, d'abord en Région Parisienne, puis à Nice, Martigues, au Collège Lycée Saint Louis Sainte Marie de Gignac La Nerthe, à la prison de Luynes et enfin au théâtre Toursky, avant de repartir pour Montpellier, Amiens, et enfin retour à Kezmarok, en Slovaquie. Le tout à un rythme plus que soutenu : un à deux concerts par jour, sans oublier la plage et un pèlerinage aux Saintes Marie de la Mer, c'était pour certains le premier contact avec l'eau salée. En effet, si les Kesaj Tchave ont été invité par deux fois par Lacho Divano, le Festival des cultures tziganes de Marseille, d'une année l'autre la troupe n'est jamais la même.

Issus de bidonvilles de Slovaquie, leur extrême précarité impose très tôt aux jeunes garçons de travailler chaque fois que possible. Les filles se marient très jeunes, elles ont des enfants dès 16 ans et avant. Tenir une troupe et conduire un cursus scolaire dans ces conditions est une improbable gageure, c'est le pari fou du couple Akimov, réalisé avec succès : 15 bacheliers en 2017 et des jeunes Roms des bidonvilles entrant à l'université. Ce n'est pas un miracle, mais le fruit de quinze années d'effort acharnés. Le renouvellement de la troupe n'est pas sans quelque inconvénient sur le plan musical : « Hier n'est plus, demain n'existe pas, on ne sait jamais ce qui va arriver dans le quart d'heure, on ne sait combien nous sommes qu'une fois la porte du bus refermée ». Musicien virtuose de la balalaïka, Ivan Akimov sait parfaitement quand on chante juste ou quand on chante tzigane, surtout quand une partie de la troupe arrivée au dernier moment n'a jamais répété. Il s'insurge : « ils chantent comme ils respirent, et quand on respire on se fiche de savoir si on respire juste ou si on respire faux ». Le consul de Roumanie présent au Toursky renchérit : « Ils ne sont pas là pour chanter juste mais pour montrer qu'ils sont heureux», et c'est réussi. L'engagement total sur scène et dans la danse emporte l'adhésion, même celle des mélomanes qui se laissent emporter par leur énergie et leur enthousiasme. Cette troupe d'enfants et de jeunes adultes très attachante est chargée d'une énergie vitale explosive, on aimerait les revoir très vite.

Cette tournée a été rendue possible par le CCFD-Terre Solidaire, organisation catholique et néanmoins œcuménique, engagée dans de très nombreux projets de soutiens aux initiatives sociales et culturelles innovantes. En l'occurrence, organisation sur place, accompagnements, logement et repas, financement du voyage en autobus. La Fée Kesaj nous le dit : « Pour espérer recevoir un peu il faut donner beaucoup », une belle leçon de vie et de solidarité.

Jean Barak