Engagés aux côtés des collectifs de premiers secours aux migrants, les militant.es du CCFD agissent dans toute la région :

“Les associations des villes situées près de la frontière avec l’Italie sont en première ligne pour pallier aux carences de l’État et des départements dans l’aide à une prise en charge digne et respectueuse des personnes en recherche d’un lieu d’asile où pouvoir se poser en sécurité”. Michel, Nice

“Concrètement dans le Briançonnais, nous sommes confrontés à ces arrivées massives de migrants, plusieurs dizaines par jour, certains jours. Face à cette situation, la population Briançonnaise s'est mobilisée et organisée en plusieurs associations pour leur trouver un toit, leur donner à manger, assurer leur hygiène, leur habillement, répondre à leurs besoins en terme de santé et les aider à continuer leur parcours. La municipalité a réagi dès le début de la problématique avec la prise en charge de cette population, et la communauté de communes a mis à disposition un bâtiment pour l'accueil appelé Refuge Solidaire. Ce qui nous renvoie tout en accueillant leur problématique à nous poser les raisons profondes de cette situation et on ne peut pas ne pas se poser la question de ce qui les pousse à migrer. Confrontés à l'urgence, nous nous sentons par moment démunis face aux raisons qui en sont la cause.” Xavier, Briançon.

Membres actifs de nombreux collectifs et au sein des Etats Généraux des Migrations (EGM), des membres du CCFD-Terre Solidaire s’engagent dans de nombreuses actions locales : apprentissage du Français, tournois de foot, appui dans les démarches administratives, cogestion de lieux d’accueil, participation aux manifestations de soutien, organisation d’événement conviviaux (pique-nique solidaire, fête de la musique…), accueil et accompagnement de familles ou de personnes seules, animation de conférence-débat pour le grand public, plaidoyer auprès d’élus, cercles de silence… Sans oublier la participation et le soutien à la Marche solidaire avec les migrants Vintimille-Calais en mai!

Et encore à venir d’autres événements, le 3 juin à Sète une marche régionale dans le cadre des EGM, les 16 et 17 juin à Briançon action avec le réseau national migration du CCFD, participation au Forum Mondial des Migrations 2018 à Mexico pour une bénévole de la région bénévole.

Face à tant d’injustice, continuons à ne pas baisser les bras, ensemble nous sommes fort.es, et au-delà d’un accueil digne et juste, déplaçons simplement la focale de « migrant » à « Humain ». Et comme le dit le collectif EGM de Martigues :

« Inventer un futur désirable pour tous suppose qu’on mette en œuvre un présent acceptable et fraternel. Osons la fraternité – accueillons l’étranger »

Agnès Bonneval, Antoinette Filippi, Claude Montange, Edmond Courbeau, Jean-Marie Larose, Luc Petit-Demange, Michel Lafoisse, Michèle Bourguignon, Régis Loze, Xavier Jamet, Mireille Chaperon


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Allocution place Garibaldi, 3 mai 2018

  • Par Michel Lafouasse, responsable de Pax Christi Nice

Merci toutes et à tous de vous êtes mobilisés aujourd’hui, et merci à l’équipe de coordination du passage à Nice de la Marche solidaire pour les migrants.

Prenons de la hauteur avec le Préambule de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme :

  • «Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde.
  • L'Assemblée générale proclame la présente Déclaration universelle des droits de l'homme comme l'idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations ».
  • Et l’article premier poursuit :

«Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ». Trois autres articles concernent en particulier la situation à Nice :

  • Article 9 : Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé.
  • Article 13 : Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.
  • Article 14 : Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays.

Maintenant, je vous propose un Quizz : Qui, avec Miss Eleanor ROOSEVELT, fut le maître d’œuvre de ce sommet de la conscience universelle? Il fit ses études secondaires ici, à Nice, au Lycée Masséna… C’est René CASSIN! Alors, René Cassin, si tu revenais en étudiant, que dirais-tu des Droits de l’Homme à Nice, aujourd’hui?

Poursuivons le quizz : Sur la dignité des personnes… Ou dorment la plupart des hommes demandeurs d’asile? A la rue!



Sur la protection de l’enfance… Avant d’être refoulés à la frontière, où sont rejetés les mineurs? A la rue!

Où vont les femmes avec leur bébé, s’il a plus d’un an? A la rue!

Certains parlent de « vague d’immigration », un a parlé de « nuées », une de « dilution et submersion », comme si il y avait un risque d’invasion…



Comme c’est faux, où faut-il envoyer ces hypocrites? A la rue! D’autres disent qu’il faut envoyer l’armée car des terroristes pourraient passer la frontière…



Comme c’est faux, où faut-il envoyer ces trompeurs ? A la rue!

Le pape François a parlé de ces gens sans scrupules : «Ceux qui fomentent la peur des migrants, parfois à des fins politiques, au lieu de construire la paix sèment la violence, la discrimination raciale et la xénophobie».

Oui, ils sèment la violence ! A cause d’eux, c’est une frontière qui tue! En une seule année, entre Vintimille et Nice, 14 morts par noyade, écrasement, électrocution!

Drapeau de Nice, une tache brune te souille qui raidit ton tissu… Et toi aussi, drapeau français, cette lèpre ternit tes trois couleurs… Liberté, Égalité, Fraternité… Qu’êtes-vous devenus ? Les trois étendards de la devise républicaine pendent lamentablement par manque par manque de souffle.



Niçois, Français, réveillez-vous !



Voici le présage accablant du Président de SOS–MÉDITERRANÉE, François Vallat : «Un jour on se souviendra avec honte qu’en France, au début du XXIème siècle, une démocratie, son État, ses gouvernants et ses juges, ont criminalisé ce geste élémentaire d’humanité : la solidarité. Et qu’ils l’ont fait alors que notre continent, face à un défi humanitaire sans précédent depuis les catastrophes humanitaires du siècle passé, avait rendez-vous avec son âme.»

Voici aussi l’Avis de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme : «Alors que l’État n’assume pas ses obligations de protection des mineurs isolés étrangers, alors que persistent les dysfonctionnement du dispositif d’asile, alors que se poursuivent les évacuations de campements sans solution adaptée et pérenne de relogement et d’accompagnement vers l’accès au droit, alors que perdurent de graves violations des droits fondamentaux des personnes migrantes et réfugiées, la CNCDH condamne les entraves apportées aux actions de solidarité de la société civile, qui ont pour seul objet de pallier aux carences de l’État. Considérer, de facto, la solidarité comme un délit, c’est renforcer le risque de fractures sociales, gravement mettre en péril la cohésion de la société et oublier que la fraternité est une valeur fondatrice de la République».

Alors, que doit faire tout citoyen lorsque notre État dévie du fondement moral qui est la dignité humaine ? Il faut dénoncer, résister, lutter par les moyens non-violents!

Edwy Pleynel glorifie cette résistance morale : «La désobéissance éthique que revendiquent les militants solidaires des migrants et des réfugiés restera comme l’exemple même des combats par lesquels l’humanité s’est grandie quand les noms de ceux qui les ont méprisés ou réprimés seront définitivement oubliés »

José Bové nous a transmis une belle manière d’affirmer la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine, fondement des Droits de l’Homme : « Eux, c’est nous ! » et « Nous, c’est eux ! »

François Guennoc, Cédric Herrou, vous honorez la mémoire de René Cassin ! Merci de nous avoir fait lever en frères et sœurs solidaires des migrants, et mis en route, tous ensemble, de Vintimille à Calais.