Le 17 Février, le CCFD-Terre Solidaire du Vaucluse a organisé une journée de rencontre/débat pour parler des migrations internationales à Carpentras.

Le bilan de cette rencontre a été positif ; nous avons eu la présence de 90 personnes (CCFD, sympathisants, autres associations locales…). Dans la matinée Assane Ba, chargé de mission Migrations Internationales au siège du CCFD-Terre Solidaire à Paris a fait le point sur l’état des lieux des migrations aujourd’hui. Il a rappelé que les flux migratoires datent de la présence de l’Homme sur terre et que les êtres humains ont toujours migré et que nos sociétés actuelles sont aussi les agrégats de vagues migratoires successives plus ou moins anciennes. Dans un contexte de mondialisation appelé à durer, notre cohésion sociale dépendra de notre capacité à intégrer culturellement le phénomène de la mobilité humaine et à le vivre, non comme une perturbation passagère, mais comme une richesse durable, malgré toutes les difficultés qu’il peut engendrer.

Par la suite, un certain nombre de rappels ont été proposés :

  • - Rappel de l’immigration de l’Europe à la fin du 19éme et début du 20ème siècle vers les Etats-Unis (60 millions de personnes).
  • - Rappel des causes des migrations : économiques, politiques, climatiques (estimation de 250 millions à un milliard de personnes déplacées d’ici 2050/2080)…
  • - Rappel des solutions exploitées par plusieurs pays pour enrayer les migrations : édification de murs, espace Schengen, surveillances confiées à certains états…
  • - Rappel que 40 000 migrants sont morts en tentant de rejoindre l’Europe de 1993 à 2016.

Quelques chiffres (2005/2013) :

  • - 214/232 millions d’immigrés dans le monde, soit 3.2% de la population mondiale.
  • - 62/82.3 millions ont migrés du Sud vers le Nord
  • - 61/82.3 millions du Sud vers le Sud
  • - 53/54 millions du Nord vers le Nord
  • - 14 millions du Nord vers le Sud
  • - Les réfugiés sont 16 millions en 2007, 80% d’entre eux sont réfugiés dans un pays voisin.
  • - Les étrangers représentent 5.1% de la population européenne sur 500 millions d’habitants.

Assane nous a ensuite parlé de la nécessité pour nos pays d’aller vers une gouvernance alternative des migrations qui associe l’ensemble des pays concernés par le phénomène, mais aussi la société civile et les représentants des diasporas pour promouvoir un autre modèle migratoire, reconnaissant des droits aux migrants et proposant des solutions d’accueil et d’intégration plus humaines et plus respectueuses des droits humains. Le modèle européen actuel du tout-répressif et toutes les tentations de fermeture et de repli sur soi est voué à l’échec.



L’après-midi, Jean Pierre Cavalié, animateur du réseau Hospitalité région Paca et ex-délégué régional Cimade, nous a parlé des problèmes d’accueil des migrants et des solutions à trouver pour penser autrement les migrations.

Il n’y a pas de « crise des migrants », mais une crise globale du système dominant sur la planète, le capitalisme et avec lui, les sous-systèmes productivistes d’exploitation. Le problème est qu’il a fait de la crise son carburant et l’occasion de se régénérer.

Face à l’échec, tant des politiques de contrôle des migrations au nom de la sécurité, que des stratégies associatives de lobbying politique, un courant plus libertaire rassemble une part grandissante de la population qui passe à l’action hospitalière à l’aune de la désobéissance civile. Il change les hiérarchies éthiques et juridiques en respectant d’abord les droits fondamentaux et, à l’intérieur de ceux-ci, les droits premiers : ceux qui mettent à la première place le bien-être humain et sont des voies d’accès aux autres droits. En font partie le droit à la mobilité, y compris le droit de circulation et d’installation, et le droit à l’hospitalité.

Penser et repositionner les humains sur la terre-mère qui les accueille et les nourrit, sous-entend d’ouvrir les frontières. Le « droit des étrangers » perd de ce fait sa raison d’être, le vrai défi étant d’inventer des modèles de sociétés respectueux des êtres et de la nature.

Jean Pierre Cavalié