Après un voyage, de plus de 5 heures mais bien agréable dans un bus confortable, nous voilà arrivés à Mae Sot, ville de 500 000 habitants à la frontière birmane auxquels viennent s’ajouter environ 200 000 migrants birmans.
Nous avons partagé le dîner avec Jackie et Bana qui sont la responsable de MAP (Migration Assistance Program) et le vice-responsable de FED (Foundation for Education and Development).
La journée a commencé par la visite des locaux de FED : Bana ayant annoncé qu’ "il n’y aurait pas de power point mais un walking point". A notre surprise plusieurs jeunes bénévoles étaient déjà au travail. Ils préparaient des colis contenant des produits de première nécessité (riz, huile, sauce tomate, farine, savons…) pour les victimes des inondations qui ont fait beaucoup de dégâts la semaine dernière.
Banya a évoqué les projets mis en place concernant la santé des migrants. Il s’agit d’informations sur les maladies et la sexualité. Ces informations sont relayées par un réseau de bénévoles (migrants sans papiers disposant d’un badge FED qui les protège). Pour Bana, « le plus important ce n’est pas le matériel ni les informations, c’est le volontaire lui-même. »
Après un cours trajet à travers la campagne nous sommes arrivés dans un quartier peuplé par environ 20 000 migrants Birmans sans papiers. Les hommes travaillent dans les champs et les femmes dans les ateliers de confection textile. FED a mis en place un centre d’accueil essentiellement pour les femmes. Elles peuvent y venir pour se reposer, lire, s’informer sur leurs droits ou simplement échanger. Nous ne sommes pas autorisés à entrer dans les usines, ni à prendre des photos des femmes qui y travaillent.
Nous avons pu les rencontrer dans une petite salle de réunion. Elles ont fait part de leurs conditions de travail : certaines travaillent dans ces ateliers dès l’âge de 13 ans, de 8 heures du matin à 20 heures. Les plus anciennes reçoivent 180 bath par jour mais en moyenne, 130 bath. On est loin des 300, minimum préconisés par la loi Thaï… Certaines ont évoqué leur passage mouvementé pour venir de Birmanie en Thaïlande. Leurs témoignages sincères nous ont énormément touchés.
Pour finir la matinée nous nous sommes rendus sous le pont au bout duquel se trouve la Birmanie. Officiellement on l’appelle « le pont de l’amitié », en réalité il est surnommé « le pont des affaires ». Nous avons été frappés par la vision des dégâts liés aux inondations qui s'ajoutait à celle de l'extrême pauvreté. L’atmosphère était lourde et pesante. Nous étions tous mal à l’aise.
Des petites embarcations vont facilement d’une rive à l’autre car il n’y a qu’une dizaine de mètres à franchir. Pour l’équivalent de 15 centimes d'euros, les habitants peuvent traverser pour faire leurs achats. La frontière se traverse à cet endroit très aisément. Nous avons dû partir rapidement car la Princesse était annoncée par un haut-parleur et le quartier était bouclé militairement.
Après le déjeuner nous nous sommes rendu au lieu dit « 48 kilomètres » qui est un village peuplé lui aussi essentiellement de birmans. A notre arrivée, nous sommes invités à entrer dans une grande pièce où se déroule une séance animée par une volontaire de FED. Beaucoup de femmes, d’enfants et quelques hommes sont présents pour participer à cette séance consacrée aux Droits de l’Homme. Ils sont environ une trentaine. L’ambiance est très animée, joyeuse, dynamique grâce à l’enthousiasme de l’animatrice. Elle intervient une fois par mois au village ce qui lui permet de bien connaitre les habitants. Lors de ces animations elle est secondée par deux institutrices qui travaillent et habitent au village. 16 bénévoles interviennent dans ce secteur, dont 5 hommes.
Nous avons pu ensuite faire un tour au marché local : des couleurs, des odeurs, des bruits et surtout, de nombreux regards curieux posés sur nous…
Enfin, Bana nous a fait découvrir le centre d’accueil et de soins pour les travailleurs dépendants (drogues et / ou alcools). Deux jeunes adultes y travaillent. Ils peuvent accueillir jusqu'à 5 malades par jour car ils apportent des soins spécifiques (acupuncture dans l’oreille…). A notre grande surprise, d’après eux, près de 90 % des travailleurs migrants birmans qui vivent dans les camps (et notamment les hommes) sont concernés par ce problème. Ils se donnent corps et âme à cette tâche.
Une nouvelle journée très enrichissante !
Solidairement,
Simone & Anne-Lise.