Bonjour à toutes et à tous

Ca y'est, c'est le premier jour de notre aventure en groupes séparés. Lundi matin, vaille que vaille, nous quittons l'ashram à 5h du matin. La traversée du canal by night vaut le détour. Direction l'aéroport de Chiang-Mai, région montagneuse (et un peu plus fraiche), le groupe sud se dirigeant vers Phuket et ses plages légendaires.

Dès notre arrivée, nous avons pu faire connaissance avec des personnes très chaleureuses et notamment avec une des salariées de MMN (Mekong Migration Network), ainsi que de Timeke, jeune volontaire australienne débarquée depuis un mois pour travailler avec l'association. Elle nous ont présenté avec ferveur et passion leur engagement auprès des migrants de la région du Mekong (Thailande, Birmanie, Laos, Cambodge). Ces derniers arrivent en Thailande en subissant toutes sortes de pression. Dès leur arrivée, ils doivent se lancer dans des procédures complexes et coûteuses pour obtenir des papiers temporaires, procédure qu'ils devront mener de nouveau dès lors qu'ils changeront d'employeur. Le salaire minimum journalier de 300bhht (environ 7,5E) ne leur est que rarement versé. Ils vivent dans des conditions précaires et sont souvent stigmatisés par la population Thai. Les birmans qui arrivent à obtenir des papiers ne les auront dans tous les cas que de manière temporaire et ce, pour toute leur vie.

Après une parenthèse nous ayant permis de poser nos sacs à l'hôtel, nous sommes repartis pour une aventure inoubliable afin de pleinement réaliser les faits racontés le matin.

Nous nous sommes enfoncés dans la montagne pour aller rencontrer des travailleurs migrants birmans horticulteurs de la minorité ethnique des Chan. Ces travailleurs sont en relation avec MMN ainsi que MAP afin de tenter d'améliorer leurs conditions de vie et de régler les problèmes auxquels ils sont quotidiennement confrontés. Nous avons eu la chance de visiter leur lieu de vie et de travail avec un accueil et des témoignages qui résonnent encore en chacun de nous. Nous étions accompagnés de Chiang, avocate de MAP venue pour discuter avec les migrants et les rassurer par rapport à une politique qui les étrangle de plus en plus de manière répressive et intimidante. Ces abus sont menés à la fois par les autorités locales mais aussi par leurs employeurs. Par exemple, il leur a récemment été imposé de payer 1000 bhat par mois (le salaire minimum étant pour eux d'environ 7000 bhat par mois) pour participer à la collectivité...dont ils ne peuvent attendre absolument rien en retour (ni logement, ni sécurité, ni hygiène ou infrastructure). Par ailleurs, la précarité de leurs conditions va croissant quand les employeurs et les services d'immigration s'accordent pour les mettre dans des situations soi-disant d'irrégularité (imposition d'un couvre-feu non justifié, complication des procédures d'embauche à n'en plus finir...).

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Ce soir, nous devions simplement visiter le campement et discuter un peu avec les migrants grâce à Khin, notre interprète exceptionnelle (autant pour son travail que par sa gentillesse et son histoire) puis rentrer manger à Chiang-Mai. Mais c'est une toute autre version que nous avons vécue.

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Les migrants nous ont accueillis en nous faisant "tout" visiter avec enthousiasme et sans manière et nous avons donc appris que précisément ce soir là, une soirée d'informations et de débat avec tous les membres des trois villages alentours devait avoir lieu. Avant ce débat, les migrants se sont côtisés et sont allés nous acheter des sodas, puis, ils ont écouté avec attention et curiosité notre présentation du CCFD-TS, ainsi que le témoignage de Maurice, prêtre congolais qui nous accompagne. Le tout traduit du Francais au Birman, puis du Birman au Chan ! L'émotion a viré de bord lorsque le débat a eu lieu. Les échanges respectueux, attentifs, fructueux et calmes nous ont fait réaliser lentement mais sûrement  que nous participions  à un évènement  extrêmement fort de la communauté : un peuple en lutte pour ses droits était en train de nous donner une leçon d'humilité et d'engagement. Les Chan nous ont alors annoncé qu'ils nous avaient préparé le repas. Un sentiment de gêne mêlé à une immense fierté nous a envahis de voir ces hommes et ces femmes qui n'ont rien et qui donnent tout. Nous avons donc pu nous délecter de mets traditionnels birmans.

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Une promesse de signature de pétition, des chants partagés et des signes de politesse par tonnes plus tard, nous étions déjà repartis sur les routes boueuses de la montagne.

Les larmes écrasées par certains et l'émergence de mille idées d'engagement sur le chemin du retour en disent long sur l'expérience vécue que nous ne réalisons encore pas tout à fait.

Marie