‣ Selon une étude de l’Ined, la population mondiale devrait franchir cette année le seuil des sept milliards. ‣ Ce chiffre a été multiplié par sept au cours des deux derniers siècles
« En douze ans, la population mondiale a gagné un milliard d’humains », constate Gilles Pison, chercheur à l’Institut national d’études démographiques (Ined). Auteur de l’étude « Tous les pays du monde » pour la revue « Populations et Société », le démographe dresse un tableau précis de la population mondiale.
Selon les projections des Nations unies, le cap des sept milliards d’humains sera atteint en octobre prochain, celui des huit milliards en 2025, avant une stabilisation autour de neuf à dix milliards à l’horizon 2 100. « C’est beaucoup, parce que ça pose évidemment la question des ressources. Comment faire en sorte que neuf milliards d’habitants vivent aussi bien, voire mieux que nous, alors que la planète atteint ses limites ? », interroge le démographe. « D’un autre côté, l’augmentation d’un tiers prévue d’ici à la fin de ce siècle est relativement modeste par rapport à la croissance rapide qu’on connaît depuis 1 800 ».
Certes, tous les continents ne sont pas logés à la même enseigne. À la stabilisation de la population d’Europe et d’Amérique du Nord s’oppose l’explosion démographique que devrait connaître l’Afrique. « Le nombre d’habitants va quadrupler en un siècle pour s’établir à 3,6 milliards d’humains », explique Gilles Pison. En 2100, un habitant sur trois vivra sur ce continent, contre un sur sept aujourd’hui. Une poussée qui se développera en dépit du sida, un fléau qui touche le quart des 15-49 ans dans des pays comme le Swaziland, le Botswana ou le Lesotho.
Comment assurer à tous de bonnes conditions de vie sur un continent marqué par l’instabilité politique et les difficultés économiques ? Pour le chercheur, cette forte croissance n’est pas forcément rassurante. En dépit des réserves morales que pose cette question, « o n peut effectivement souhaiter la diminution de la taille des familles », estime-t-il. En Afrique subsaharienne, l’indice de fécondité dépasse cinq enfants par femme. Avec une partie de la péninsule arabique, et les régions allant de l’Afghanistan jusqu’au Nord de l’Inde, ces territoires constitueront à l’avenir les principaux foyers de population. « On constate déjà que la fécondité diminue dans les grandes villes africaines et les milieux instruits. Encourager ce mouvement à se poursuivre passe donc par l’éducation et le développement économique, mais également par le biais de politiques de populations », analyse Gilles Pison.
L’autre enjeu pour la population africaine sera celui du vieillissement, alors que l’espérance de vie s’établit aujourd’hui à seulement 56 ans pour les hommes, 59 pour les femmes. « Les gouvernements devront prévoir de vrais systèmes de solidarités intergénérationnels . »
Quant à l’Europe, même si certains pays, dont la France, font un peu plus d’enfants que les autres, le renouvellement des générations n’est plus garanti. Pour l’heure, le nombre de naissances est légèrement supérieur au nombre de décès. Mais, si l’indice de fécondité se maintient à 1,6 enfant par femme, après les générations nées durant le baby-boom (entre 1945 et 1975), « la population ne pourra se maintenir que grâce aux flux migratoires », conclut Gilles Pison.
En 2100, un habitant sur trois vivra sur le continent africain, contre un sur sept aujourd’hui.