Des législatives totalement imprévisibles
Les résultats des présidentielles sont tombés : pour la première fois depuis que les Français peuvent élire directement leur président, les deux partis traditionnels ont été évincés, mettant fin à plus de 50 ans de bipartisme. Comment cette situation exceptionnelle va-t-elle influencer les élections législatives ?
Traditionnellement, le contexte d’une alternance gauche-droite donnait une majorité au locataire de l’Elysée. Aujourd’hui, les forces en présence sont complètement éclatées et l’incertitude règne. La France Insoumise, le PCF et la gauche radicale n’ont pas réussi à s’entendre dans beaucoup de circonscriptions. Le PS nous offre un flou artistique, plus tiraillé que jamais entre un Valls amouraché de Macron et un Hamon frondeur. En Marche ! refuse d’ores et déjà toute alliance et présentera un candidat dans chaque circonscription mais très tardivement. Celui qui compte rallier les Français risque de faire face au mécontentement des voteurs utiles lors de ces élections – sans compter les déçus qu’il fera, si, élu président, il se voit contraint de former des coalitions à l’Assemblée qui casseront son image « ni de gauche ni de droite ». Dans les circonscriptions, c’est la valse des désistements, tractations, alliances et divorces, un vrai House of Cards à la française. On ressort à cette occasion le vieux fantasme d’une union France Insoumise – PS – EELV, tandis que LR prévient ses candidats que tout fricotage avec le FN sera sanctionné. Un FN justement que l’on s’attend à retrouver dans pas moins de 190 duels. Dans ce contexte, si vous pensiez que cet article allait fournir des réponses à vos questions…
Les actions du CCFD bienvenues dans ce contexte inédit
Plus que jamais nos 15 propositions de campagne sont appréciées car elles remettent du fond et une dose de solidarité dans des élections qui en ont bien besoin. En décryptant les programmes sur le site solidarite2017.org, le CCFD aide les électeurs à faire leur choix. Nos bénévoles ont également rencontré 11 candidats aux législatives, d’étiquette PCF, PS et LR, qui pour la plupart se sont intéressés de près à nos propositions, et ont entamé un réel dialogue avec eux. Certains candidats ont même inversé la procédure, comme la candidate EELV de la 8e circonscription de Paris, qui nous a interpellés pour nous rencontrer !
Le 27 avril, entre les deux tours, nous sommes allés dans la rue faire un « porteur de paroles » autour de la question « Et maintenant, on fait quoi ? » Si tous les passants ont applaudi l’initiative et apprécié la lecture des pensées de chacun sur notre « mur d’opinions », il n’y a toutefois pas eu de réponses unanimes. Elles étaient au contraire diverses, « éclatées » diraient certains, à l’image de notre société : partisans de l’abstention, appel au devoir de voter, Macronistes, Lepénistes, idéalistes ou pragmatiques, révolutionnaires plus ou moins pacifistes, mais aussi beaucoup de passants étrangers et de jeunes dépourvus du droit de vote qui n’en avaient pour autant pas moins à dire. Doit-on déplorer ou se réjouir de cette atomisation des opinions ? Peut-être devrions nous saluer ces antagonismes : ce sont les oppositions, qui, en favorisant l’interaction entre les citoyens, font évoluer la société.