Du 31 mars au 2 avril dernier, s’est tenu le Forum Mondial d’Accès à la Terre et aux Ressources Naturelles, à Valence en Espagne, auquel participait le C.C.F.D.-Terre Solidaire, signataire de l’Appel pour améliorer l’accès des agriculteurs pauvres à la terre, à l’eau et aux ressources naturelles. La situation actuelle –persistance de la faim, croissance démographique, exclusion, chômage massif, crise environnementale et perte de souveraineté alimentaire- ainsi que les acquisitions, les locations et les concessions foncières partout dans le monde, invitent à revisiter la question de l’accès à la terre et aux ressources productives. C’est ce que fait un clip visuel et sonore, dont je ne peux malheureusement que rendre la bande son, mais que vous pouvez retrouver sur le site du CCFD.

« Pourquoi réserver l’accès à la terre et aux ressources naturelles aux petites exploitations agricoles ? Depuis plusieurs années, les investisseurs privés prennent le contrôle d’importantes surfaces de terre pour créer de grandes exploitations agricoles, principalement dans les pays du Sud. Ces projets sont soutenus par les gouvernements qui leur réservent souvent les terres les plus fertiles et les mieux situées, proches des infrastructures par exemple. Cela a des conséquences sociales, car certains citoyens sont déplacés sans être indemnisés ; et environnementales, notamment car ces grandes exploitations utilisent beaucoup de produits chimiques. Alors pourquoi les gouvernements facilitent-ils ces projets ? Selon eux, les grandes exploitations produisent plus que les petites exploitations et sont plus rentables. Pour vérifier cela, comparons ces deux types d’exploitations. Une grande exploitation utilise des machines agricoles, emploie des ouvriers salariés, et produit de grosses quantités pour le marché. Elles ne produisent généralement qu’une seule sorte de culture –c’est la monoculture industrielle- . Une petite exploitation en revanche est souvent gérée par une famille qui utilise des outils manuels ou parfois des machines. Elle produit plusieurs cultures dans le but de se nourrir, mais aussi de vendre sur les marchés. Son revenu est souvent faible car elle possède de petites surfaces de terre.

Mais laquelle de ces exploitations est la plus efficace ? Pour produire l’équivalent de 1000 € de production par hectare, une grande exploitation doit se procurer des semences, des engrais chimiques et du carburant pour les machines. Elle doit également acheter des pesticides car la monoculture favorise l’émergence de parasites. Sur les 1000 €, il ne reste donc plus que 300 € environ. Prenons maintenant l’exemple d’une petite exploitation. Elle a souvent un rendement plus faible par hectare, par exemple, l’équivalent de 800 € de production, mais elle récupère des semences grâce à ses cultures, utilise du fumier en guise d’engrais et achète peu de carburant. Elle limite également les pesticides car la diversité des cultures se prête moins au développement des maladies. Sur les 800 € il reste 600 €. Ainsi les petites exploitations agricoles produisent plus de valeur par hectare. Au nombre de 500 millions dans le monde, elles représentent plus des ¾ de la production agricole. Alors, pourquoi les grandes exploitations paraissent-elles plus rentables ? Parce que les investisseurs ont accès à de très grandes surfaces presque gratuitement, qu’ils payent généralement peu leurs ouvriers, et ne payent pas ou très peu d’impôts ou de taxes. L’accès à la terre et à l’eau, mais aussi au crédit et au soutien public doit donc être réservé en priorité aux petites exploitations partout dans le monde ».

Voilà donc la nécessité d’arrêter les facilitations mondiales pour les acquisitions de terre au profit des grandes structures industrielles agricoles, pour favoriser la terre aux petites exploitations familiales !