La semaine dernière, du 15 au 17 février, s’est tenu à Rome un symposium international de la F.A.O. (l’Organisation de l’ONU pour l’Alimentation et l’Agriculture) sur « Le Rôle des biotechnologies agricoles dans les systèmes alimentaires durables et la nutrition ». Plus de 100 organisations mondiales de la société civile, dont le C.C.F.D.-Terre Solidaire, ont tiré la sonnette d’alarme face à cette tribune et à cette couverture données à bon nombre d’entreprises multinationales, au moment où elles négocient de futures fusions entre elles, ce qui va concentrer le secteur commercial des semences dans encore moins de mains. Les organisations de la société civile et du mouvement social de quatre continents ont dénoncé à la fois la substance et la structure de la réunion à la FAO, qui semble être une nouvelle tentative des multinationales agroalimentaires de diriger les politiques de l’Agence des Nations Unies vers le soutien aux cultures et au bétail génétiquement modifiés.

L’année dernière, la FAO avait accueilli un symposium international sur l’agro-écologie afin de débattre avec les gouvernements et la société civile sur la manière de mettre à l’ordre du jour l’agro-écologie. Ces activités étaient plus conformes à ce que devrait faire la FAO, en tant que centre d’échange de savoirs, sans intentions cachées pour le compte de quelques-uns. Or, la semaine passée, des technologies véritablement utiles et basées sur l’agriculture paysanne ont été reléguées au second plan, derrière celles qui ne servent qu’à promouvoir les bénéfices des entreprises. En effet, le symposium a été conçu pour présenter les prétendus « avantages » des OGM, des constructions génétiques artificielles sans doute créées avec des technologies encore plus dangereuses, et d’autres biotechnologies détenues par une poignée de transnationales.

Il est clair que, par le truchement de la FAO, l’industrie souhaite relancer son faux message selon lequel les cultures génétiquement modifiées peuvent nourrir le monde et refroidir la planète, mais la réalité est que rien n’a changé sur le front des biotechnologies. Les OGM ne nourrissent pas les gens, Ils sont cultivés principalement dans quelques pays dans des plantations industrielles pour produire des agro-carburants et des aliments pour animaux. De plus ils augmentent l’utilisation de pesticides et ils expulsent les paysans de leurs terres. Le système alimentaire industriel ainsi promu est l’un des principaux facteurs du changement climatique. Les six Grosses entreprises multinationales semencières et de pesticides qui contrôlent déjà 75% de la recherche et développement agricole du secteur privé au niveau mondial, sont désormais dans une logique de fusions et d’acquisitions. Elles développent des stratégies de biotechnologies sophistiquées, pour créer de nouvelles constructions génétiques. Elles essaient de renverser la décision du moratoire des Nations Unies contre les semences Terminator, ces semences OGM programmées pour mourir au moment de la récolte, obligeant les agriculteurs à acheter de nouvelles semences à chaque saison. Elles cherchent donc à interdire aux petits paysans de cultiver leurs propres semences, puisqu’elles ont réussi à breveter à leur profit les semences en usage, obligeant à acheter tous les ans leurs OGM brevetés et les pesticides toxiques indispensables à leur culture.

La FAO qui favorise les biotechnologies des entreprises et nie l’existence des technologies paysannes joue-t-elle son rôle ? La grande majorité des agriculteurs dans le monde sont des paysans, et ce sont eux qui nourrissent le monde. La FAO doit donc définir clairement ses priorités, et suivre avec plus de conviction la voie de l’agro-écologie et de la souveraineté alimentaire, comme étant celle qui nourrit le monde et refroidit la planète !