Le Samedi 12 décembre, l’Accord de Paris, dans le cadre de la COP 21, qui doit permettre de lutter contre les changements climatiques, a été adopté par consensus, par 196 Etats. Il sera ouvert pour ratification le 22 avril 2016, Journée de la Terre Mère, pour une durée d’un an. L’accord sera en vigueur après que 55 pays comptant pour au moins 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre l’auront ratifié. Il vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à tenter de limiter le réchauffement climatique à moins de 2° C. Cet accord de Paris marque une prise de conscience globale des dérèglements climatiques et de ses impacts, que plus aucun Etat ne nie aujourd’hui.

Les négociations ont tenté de concilier des intérêts aussi antagonistes que ceux des puissants pays riches, principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre, les intérêts des pays émergents qui ne cessent d’accroître leurs émissions, les intérêts des pays dont toute la richesse est basée sur la production d’énergies fossiles, et les intérêts de pays pauvres qui aspirent à se développer et ont besoin d’énergie. Et si l’on peut se réjouir d’un succès diplomatique, le contenu de l’Accord laisse à désirer quant à l’ambition affichée.

Tout d’abord l’un des enjeux de l’Accord concernait l’objectif à long terme de limitation de la hausse moyenne de la température mondiale de 2 °C à l’horizon 2100. Outre que bien des ONG soulignent qu’à ce compte, 2 °C serait trop élevé et que cela aurait des conséquences irréversibles notamment pour les populations les plus vulnérables, la formulation retenue, c’est-à-dire « bien en dessous de 2°C » manque d’ambition et reste floue sur les moyens d’y parvenir. D’autre part, aucune mesure juridiquement contraignante n’est prévue pour les engagements nationaux de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, et la révision des contributions des États n’est prévue qu’à partir de 2025. Autre faiblesse : la référence aux droits humains a été reléguée dans le préambule de l’Accord, et n’est pas intégrée à sa partie contraignante. De plus, le concept de sécurité alimentaire a été troqué contre celui de la « production alimentaire ». Cela signifie que l’accès, la qualité et la durabilité de l’alimentation ne sont pas pris en compte pour toute population, alors que l’on sait que l’on n’a pas besoin de produire plus pour nourrir la planète, mais de produire mieux. Enfin, des initiatives portées au nom de la lutte contre les dérèglements climatiques pourraient conduire à de nouvelles violations des droits humains ou de l’environnement, telles que des initiatives liées aux terres qui pourraient entraîner des accaparements de terres, comme c’est déjà le cas, et mettre en péril les paysans du Sud, au nom de la réduction des gaz à effet de serre par la séquestration du carbone dans les sols. Des initiatives de ce type ont été valorisées dans l’Accord de Paris, sans critères stricts et garde-fous suffisants pour leurs conséquences sur les droits des populations.

Et c’est ainsi que les partenaires des ONG qui travaillent pour leur propre développement dans les pays du Sud, et qui étaient présents à la COP 21, ont montré que leurs actions de développement sont de plus en plus souvent affectées par les dérèglements climatiques, qui aggravent la faim, la pauvreté, les inégalités, alors même que les émissions de gaz à effet de serre des pays du Sud sont minoritaires. Si l’Accord de Paris, qui doit désormais être ratifié par les différents Etats, a le mérite d’exister, il est loin de répondre à tous les défis de la planète. Transformer les promesses de cet accord en actes et faire pression pour répondre à ses faiblesses dans les mois et années qui viennent est indispensable. En attendant la COP 22 au Maroc en 2016, qui doit traiter de l’agriculture, que l’on a jusque-là écarté de toutes les négociations. C’est un enjeu majeur pour poursuivre la mobilisation !