La presse a relaté la semaine dernière l’indignation de la communauté internationale face aux destructions de sites historiques en Syrie par les djihadistes de l’Etat Islamique dans la cité antique de Palmyre, dont l’explosion, il y a 8 jours, du temple Baalshamin construit au 1er siècle, comme ils l’ont fait pour 300 autres sites historiques depuis 2011. Plus grave encore, ils ont décapité, le 18 août, l’érudit Khaled al-Assad, 82 ans, ex-chef des Antiquités de Palmyre. Mais on peut être bouleversé également par l’annonce, le vendredi 21 août dernier, de la destruction au bulldozer du Monastère de Mar Elian dans la province de Homs en Syrie par l’organisation de l’Etat Islamique. Ce monastère, partenaire historique du C.C.F.D.-Terre Solidaire, est l’un des symboles du dialogue islamo-chrétien dans la région. Lieu d’accueil des réfugiés du conflit syrien, il avait été contraint de cesser ses activités après l’enlèvement par l’organisation de l’Etat Islamique du Père Jacques Mourad en mai dernier2015.

A une centaine de kilomètres de Palmyre, sur la route de Homs, le monastère de Mar Elian a longtemps contribué à la stabilisation économique et sociale de la minorité chrétienne en Syrie, tout en promouvant le dialogue avec la majorité musulmane. Il était jumeau du monastère de Mar Moussa, situé à une cinquantaine de kilomètres. Par leurs activités agricoles autour de la culture des abricotiers, des vignes, des amandiers et des herbes aromatiques, les deux monastères fournissaient du travail aux populations locales, les aidant à survivre et à pouvoir rester chez elles. Dans l’esprit de la Communauté favorisant le dialogue interreligieux, le Père Mourad s’était attaché à mettre le monastère de Mar Elian au service de de toute la population chrétienne et musulmane, et en particulier dans l’accueil des déplacés. Entre novembre 2013 et février 2014, plus de 4 000 personnes originaires de Qaryatayn et des villages alentour, sont venues trouver refuge la nuit au monastère. Sans compter l’hébergement de 50 familles avec une centaine d’enfants pendant 3 mois, et l’aide à la reconstruction des maisons détruites.

A quelques dizaines de kilomètres donc de Mar Elian, près de la ville de Nebek, le monastère de Mar Moussa auquel il est affilié, est également menacé par l’avancée de l’organisation de l’Etat islamique. Voici ce que dit le Père Jihad du monastère de Mar Moussa, joint par téléphone : « Les membres de l’Etat islamiques font ça partout en Irak, à Palmyre [et ailleurs]… Ils veulent détruire l’Histoire, les racines, la culture et la civilisation. Ce ne sont pas les musulmans qui luttent contre les chrétiens, c’est un groupe d’ignorants qui veut créer une Syrie faible, déchirée. Les musulmans en sont les premières victimes ». Les personnes présentes à Mar Moussa ont décidé de ne pas partir malgré la menace. Le père Jihad ajoute : « On reste, parce qu’on a vu de l’espoir dans les yeux des chrétiens et des musulmans ».

Il n’est pas possible de rester indifférents à l’engagement de ces hommes et de ces femmes, ainsi qu’à la situation à laquelle ils sont confrontés : la disparition du monastère de Mar Elian porte gravement atteinte à la diversité et à la richesse culturelle en Syrie, ainsi qu’aux tentatives de construction d’un dialogue et d’un véritable vivre ensemble. C’est pourquoi le C.C.F.D.-Terre Solidaire continue ses actions de solidarité en Syrie et dans la région aux côtés de ses partenaires. Il est capital de les soutenir par notre intérêt et notre générosité.