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Grégoire Ahongbonon est une figure de la psychiatrie africaine. Ce béninois d'origine, a émigré en Côte d'Ivoire en 1971, où il s'est établi comme réparateur de pneus. Son entreprise devient vite prospère avant de décliner subitement et de connaître la faillite. Criblé de dettes, ce père de famille de six enfants,sombre dans une grande dépression, et se retrouve habité par des idées suicidaires.

 

Au sortir de cette épreuve, il dit avoir vu ce qu'il ne voyait pas auparavant, ces êtres errant nus dans les rues, ou enchaînés à des arbres pendant des années. Progressivement il dépasse sa propre peur autour de l'ensorcellement et va à la rencontre des malades mentaux, ces «oubliés des oubliés» comme il aime à les nommer.

 

Avec le soutien indéfectible de sa femme Léontine, il fonde l'association Saint-Camille et il fait de l'aide aux malades mentaux le combat de sa vie. Animé par sa foi, et par une volonté absolue de rendre leur dignité à ces hommes et ces femmes, il parcourt les rues et les routes africaines pour désenchaîner et soigner les malades.

 

En une trentaine d'année, il créé plusieurs centres d'accueil et de soins en Côte d'Ivoire et au Bénin qui jouent un rôle sanitaire décisif, du fait de la quasi absence de structures de soins adaptées dans ces pays (Ex : 15 psychiatres en activité au Bénin, un seul hôpital psychiatrique pour près de 10 millionsd'habitants).

 

Très rapidement, il prend conscience de la nécessité de penser et d'organiser les soins psychiatriques et d'aller au delà des traitements médicamenteux. Pour rendre aux malades leur place dans la société, il créé une dizaine de centres de réinsertion afin de leur offrir des métiers ou des formations.

A l'égal des grands désaliénistes occidentaux (Tosquelles, Bonnafé, Basaglia...), mais mu par sa seule intuition, il réfléchit aux principes fondateurs des soins psychiatriques : déstigmatisation de la folie, accessibilité et modicité des soins,ouverture nécessaire de l'institution soignante 

 

Une des grandes originalité de son action réside cependant dans la place que l'institution réserve aux malades guéris ou stabilisés, puisque la majorité des intervenants et des soignants (cuisiniers, gestionnaires, aide-soignants,infirmiers...) sont d'anciens malades ayant bénéficié eux-même des soins prodigué par l'association Saint-Camille.

A ce jour, plus de 20 000 personnes ont bénéficié des soins et sont retournés dans leur milieu de vie pour y reprendre leurs activités. Ces gens sont devenus à leur tour des ambassadeurs et des promoteurs de la solution Saint-Camille.

 

Inventeur d'une offre de soins singulière et adaptée à la réalité du continent,oeuvrant sans cesse pour trouver des financements, Grégoire Ahongbonon a reçu pour son oeuvre les prix Franco Basaglia et le prix de l'OMS pour la lutte contre l'exclusion sociale.

Aujourd'hui, dans les régions où il y a des centres,on n'enchaîne presque plus les malades, on les amène à la consultation...



Source : http://www.africapsy.com/