Vendredi 5 avril, à la salle des fêtes de Poligny, dans le Jura, le président national du CCFD Terre Solidaire, a délivré un message de dynamisme et d’espérance.


  Dans une interview qu’il avait donnée dans nos colonnes (cf. Voix du Jura du 3 janvier 2013), Guy Aurenche affirmait qu’un nouveau monde, un monde en à-venir, était à notre portée. Sur un ton se voulant rassembleur et optimiste, Guy Aurenche s’enthousiasme à l’idée de voir une assemblée nombreuse et diverse, des personnes ayant des projets et des horizons variés mais – et c’est là l’essentiel ! – qui oeuvrent ensemble : « Nous devons nous allier pour aider ce monde à croître en humanité. » Cela dit, on a beau être en appétit d’espérance, il ne faut pas pour autant nier la crise actuelle. La solidarité peut-elle être une réponse à la crise ? Oui, affirme le président du CCFD Terre Solidaire, quitte à passer pour quelqu’un d’utopique. L’essentiel, c’est d’y croire et de se battre. « Si je m’engage, affirme Guy Aurenche, c’est à cause de mes petites-filles. Si nous, adultes, chrétiens, ne sommes pas capables de leur trouver un horizon, c’est à désespérer de tout. » Pour aller plus loin, il va falloir regarder le monde, se colleter avec lui. Chacun sent bien qu’un monde est en train de disparaître, mais sait-on ce qui va le remplacer ? « Un nouveau système va naître, un nouveau monde. Soyons attentifs à une naissance qui, soyons-en sûrs, ne comportera pas que des calamités ! » Et Guy Aurenche de citer une lettre écrite en 1936 par le P. Teilhard de Chardin s.j. : « Si un homme n’est pas en sympathie avec le monde, il condamnera toute nouveauté sans discerner les efforts sacrés du naissance parmi toutes les souillures. » En exemple il cite le partenariat créé avec les veuves de Goma qui, en s’unissant, avec l’aide du CCFD, ont refusé l’inacceptable, c’est-à-dire le fait de se voir priver de la terre familiale, à la mort de leur mari, au bénéfice de la famille de ce dernier. Preuve que la solidarité, ça paye!

Un monde est en crise, un autre en gestation. La mondialisation crée une interdépendance jamais vue jusqu’à présent. Elle entraîne de nouveaux rapports de force à l’égard desquels trois solutions sont possibles : dévorer l’autre, l’ignorer ou échafauder avec lui un partenariat, seule solution possible et raisonnable. La toute-puissance dans laquelle se vautre l’homme oblige à faire des choix drastiques en faveur de la vie et de la dignité humaines. Dans ce monde en quête de sens, « acceptons de nous laisser aller ». « Je n’ai pas pu faire autrement », répondait cette religieuse hollandaise à qui une maman juive, pour les sauver, avait collé ses enfants dans les bras. Il y a des moments où il ne faut pas trop réfléchir, des actes de bonté que nous avalisons d’instinct… Dans l’analyse que l’on peut faire du monde, il paraît évident, si on ne veut pas courir à la chute, que seule la solidarité – entre peuples, cultures, économies, religions, etc. – est digne de considération. L’anarchie et la loi de la jungle n’ont jamais amené que des conséquences négatives.

Quels chemins prendre ? L’humanité a commencé à en prendre certains. La Déclaration universelle des Droits de l’Homme exprime la dignité à laquelle ont droit les peuples et les personnes. Autre chemin : la solidarité. « Je vous invite à croire en la solidarité efficace, en essayant d’être aux côtés de ceux et celles qui n’acceptent pas l’inacceptable », précise Guy Aurenche. Cela doit pousser à retrouver des raisons au cœur de la crise, à considérer, comme l’adressait le Christ à ses disciples, que nous ne sommes pas seuls. Bien sûr, tout cela peut coûter de l’argent et du temps. Mais quoi ! Faut-il se résigner devant l’injustice, la pauvreté et le refus de la dignité ? Cela suppose même parfois d’aller plus loin, de s’engager dans le combat politique, ce que fait le CCFD vis-à-vis des paradis fiscaux par exemple : « La finance est nécessaire mais quand on songe aux deux mille milliards d’euros envolés dans les paradis fiscaux, on ne peut pas ne rien faire ! » assène Guy Aurenche.

En conclusion, devant les quelque deux cents participants, il conclut en disant combien la solidarité dit quelque chose de l’homme ; « elle est un chemin de naissance. »

                                                                                                                                                                                                                                       Pierre Compagnon