Le Forum social mondial de Tunis en quelques chiffres et temps forts.
Ce n’est pas être exalté que de dire que ce Forum social mondial 2013 a été dense, revigorant, nourri des mouvements de révoltes populaires de toute une région sur un mot d’ordre plus que jamais pertinent : DIGNITE !
Cette édition 2013 a répondu à tous les espoirs qui y avaient été placés au lendemain du FSM de Dakar, et nous aura même surpris à les dépasser.
En attendant de compiler différents textes d’analyse et de prospective qui en sortiront, il est possible de faire un premier bilan pour le CRID, ses membres, ses partenaires, en quelques chiffres et temps forts.
I- Les chiffres du Forum social mondial de Tunis 2013.
1- Pour le Forum.
La fréquentation du FSM de Tunis a dépassé les 60 000 participants, au-delà des prévisions.
Plus de 50 à 55 000 badges ont été distribués, chiffre auquel il faut rajouter les personnes ayant participé sans badge et estimé entre 5 et 10 000.
128 pays étaient représentés, 1060 activités furent annoncées ainsi que 31 Assemblées de convergence pour l’action.
Tout cela porté par 5 085 organisations dont la répartition par pays au 02/04/2013 faisait apparaitre :
1 730 organisations de Tunisie
453 organisations de France
344 organisations du Maroc
201 organisations du Brésil
136 organisations d’Egypte
1700 journalistes, dont 600 journalistes étrangers, ont couvert ce Forum, très (trop !) peu étaient français.
2- Pour la délégation animée par le CRID.
La délégation animée par le CRID comptait 462 personnes, militants, permanents et partenaires.
Il s’agit de la plus grosse délégation participant à un Forum social mondial, un peu supérieure à celle de Dakar déjà très importante.
Cette délégation a regroupé :
30 organisations françaises dont 16 membres du CRID, 4 collectifs associés en région et une dizaine d’alliés dont la CGT et la FSU côté syndicats.
90 organisations de la société civile du monde entier réparties comme suit :
21 de la région Maghreb - Machreq
21 de la région Sahel
20 d’Afrique subsaharienne
13 d’Amérique latine
10 d’Asie
5 d’Europe de l’Est
II- Les Temps forts du FSM de Tunis.
1- L’assemblée des femmes.
Pour la 1ère fois, une assemblée des Femmes a été organisée le matin de l’ouverture du FSM, seule activité annoncée au programme avant la marche d’ouverture.
Plus de 2000 personnes, bien sûr femmes mais aussi hommes, beaucoup de jeunes, se sont réunies pour affirmer le droit des Femmes à être de vrais sujets citoyens et politiques, rappeler leur rôle notamment dans les révolutions du Printemps arabe, et revendiquer leur pleine participation aux choix des transitions démocratiques, sociales et économiques en cours.
2- La forte présence du Magrheb-Machreq.
Si l’on a pu regretter une sorte de séparation entre les zones d’activités portées par les organisations et mouvements Mahreb-Machreq, des zones d’activités des autres organisations et réseaux internationaux, force a été de constater que les acteurs de la région ont marqué par leur présence importante, et la mise en visibilité de leurs luttes, de leurs sujets de tension.
Des organisations tunisiennes en grand nombre, mais aussi d’Algérie (quand ils ont pu passer la frontière, car leur gouvernement a bloqué le passage d’une centaine de militants), du Maroc, d’Egypte, une grosse délégation sahraouie, palestinienne, une présence des bahreïni, des syriens, des lybiens, des jordaniens, ont pris pleinement part à ce FSM.
La question palestinienne était particulièrement présente et soutenue, ainsi que celle du Sahara occidental, dont la visibilité était encore plus forte, et moins conflictuelle, qu’à Dakar.
Les débats sur les revendications économiques et sociales, sur l’islam politique, sur les droits des femmes, sur la place et les aspirations de la jeunesse, ont été très nombreux tout au long du forum.
3- Les migrants.
Dans la suite du FSM de Dakar, la question des migrations internationales, des droits des migrants et de la liberté de circulation, ont été des sujets très forts de ce FSM, avec une assemblée de convergence finale très structurée.
Symboliquement, une longue et triste liste des 15 000 noms de personnes identifiées ayant péri en mer était posée au sol, une barque de pêcheur venait rappeler les conditions précaires et inhumaines de voyage de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants.
4- La première assemblée sur « Religions et émancipation ».
A chaque FSM ses sujets marquants.
Celui des migrants a déjà été cité.
Un sujet assez nouveau au sein d’un FSM a été posé, celui des religions et émancipation, qui s’est construit à partir d’une trentaine d’ateliers organisés autour de cette thématique.
S’il était question de l’engagement des croyants pour la paix et la solidarité, cette assemblée a posé également la question de l’islam politique (une vingtaine d’ateliers ont été enregistrés sur ce sujet).
5- Des thématiques qui montent.
Il ressort également de ce FSM deux thématiques qui prennent progressivement de l’ampleur :
- Celle des médias libres, au travers du 3ème Forum des Médias libres qui été organisé à Tunis : comment s’organiser pour revendiquer le droit à l’expression et à l’information, quelle place pour les médias communautaires et citoyens, comment les citoyens parlent aux citoyens et sortent du modèle bridé des médias dominants ; autant de sujets qui nous interpellent quand on constate à quel point cette édition du FSM à Tunis n’a pas été couverte par les télés et grands médias du monde entier !
- Celle des changements de modèle de développement, de la sortie de l’extractivisme et de la construction de nos transitions écologiques : bien sûr impulsée depuis le FSM de Belém, cette thématique était importante dans ce FSM car dans la région, les questions de transition sont d’abord sur des exigences de justice sociale et de dignité ; il s’agissait donc d’élargir à la région Maghreb-Machreq les mouvements européens, latino-américains sur ces questions de nos modes de vie et de leur impact sur notre planète.
III- Les temps forts de la délégation animée par le CRID.
1- La soirée d’ouverture.
Pour lancer la délégation du CRID dans ce FSM de Tunis, une soirée d’accueil a été organisée à partir d’une table ronde d’intervenants venus exposer la situation politique en Tunisie et les enjeux d’un FSM dans le pays et la région, ainsi que la situation du processus FSM globalement et au travers de ses dynamiques dans plusieurs régions du monde.
Cette table ronde a fortement marqué tous les participants, plus de 500 dans la salle, et elle a réuni les intervenants suivants :
Kamel Jendoubi, Président de l’ISIE (Instance supérieurs indépendante pour les élections/Tunisie)
Mouhieddine Cherbib, pour le comité d’organisation du FSM
Chico Whitaker, l’un des initiateurs du processus FSM
Meena Menon, membre du conseil international du FSM, Actionaid/Inde
Moema Miranda, membre du conseil international du FSM, Ibase/Brésil
Kamal Lahbib, membre du conseil international du FSM, FMAS/Maroc
Gus Massiah, représentant du CRID au conseil international du FSM
2- Le temps avec les partenaires.
Compte tenu de la taille de la délégation, et du nombre important de partenaires, nous avons mis en place cette année un temps de rencontre entre membres français de la délégation et organisations partenaires présentes.
Celui-ci s’est déroulé en amont de la soirée d’accueil, pendant 2 heures, au travers de 5 groupes régionaux : Maghreb-Machreq, Sahel, Afrique subsaharienne, Amérique Latine, Asie.
Il n’y avait hélas pas de présence de partenaires d’Europe de l’est pour constituer un 6ème groupe.
Ce temps d’échange a réunion environ 200 personnes de la délégation, et une quarantaine de partenaires.
3- La rencontre avec le ministre délégué au développement
Pascal Canfin a souhaité se rendre au FSM de Tunis.
Il nous a semblé que nous avions là une occasion idéale pour donner la parole aux partenaires de la délégation, pour revenir sur plusieurs points d’insatisfaction et de critique des Assises du développement qu’il a pilotées, et enfin, élargir à des sujets que nous jugeons essentiels au sein du CRID.
Les sujets abordés ont donc été classés en 5 grands chapitres :
1- La démocratie comme condition fondamentale du développement :
2- Les migrations internationales : entendre les sociétés civiles
3- Partenariat public/privé : la fausse bonne solution qui masque le désengagement des Etats dans le développement et la solidarité internationale
4- La nécessaire régulation des activités des multinationales
5- Transition écologique : à quelles conditions
Sur 18 prises de parole, 8 ont été par des partenaires d’Afrique, Amérique latine et Maghreb-Machreq.