Je n’ai que peu de goût pour les commémorations. Je préfère scruter les signes d’avenir. Deux mois après l’immense sursaut français qui suivit les assassinats de début janvier, où en sommes-nous ? C’est-à-dire où en est la construction du Vivre Ensemble ?
Si le slogan « Nous sommes Charlie » exprimait avec justesse notre pleine sympathie avec toutes les victimes d’actes terroristes, en même temps qu’il nous imposait une défense sans concession de la pleine liberté d’expression, nous avons vite découvert qu’il était irresponsable d’en rester là. Certaines expressions postérieures de l’hebdomadaire révoltèrent des communautés qui voyaient mal le lien entre de telles caricatures et la gestion « fraternelle » de la liberté d’expression.
À quand une "Manif pour tous" réclamant le mariage entre la liberté et la fraternité ?
Sans attendre les instructions d’en haut, ni les résultats improbables des élections, sans se limiter aux discours alarmistes de nombre de grands médias nationaux, nous voyons se multiplier les gestes qui sur le terrain vivifient l’espoir.
Les rencontres entre communautés religieuses se sont multipliées.
Des échanges pluralistes précisent ce qu’exigent à la fois la liberté d’expression et le respect fraternel de celui qui pense autrement.
Les limites du tout sécuritaire sont confrontées à l’obligation de transformer vraiment les conditions de vie d’une bonne partie de la population.
Le discours religieux intransigeant est mis en cause comme celui d’une laïcité ignorant la dimension spirituelle de l’être humain.
L’école est sommée de s’y mettre tout comme les formateurs des cadres religieux !
Poursuivons ces initiatives et, sans les brider ni les canaliser, rassemblons-les pour dessiner un horizon français où Liberté et Fraternité s’embrasseront!
Guy Aurenche