La tonalité «grave » du message pascal du pape François m’a frappé !
Égrener les souffrances subies par tant d’enfants, de femmes et d’hommes à travers le monde, les rend présents à nos cœurs. Nous étions invités à exprimer notre compassion et notre engagement à leurs côtés.
La joie que les chrétiens ressentent à Pâques n’oublie aucune de ces violences, en particulier les victimes martyrisées en raison de leur foi en Jésus-Christ.
Après l’énumération par le pape des situations précises dans lesquelles la sauvagerie et la mort triomphent, comment ne pas penser aussi, aux forces de vie présentes à travers le monde ?
Comment dire le triomphe de la vie sur la mort par la force de l’Amour partagé ?
La Résurrection éclaire, dynamise, transcende toutes les actions de solidarité, de « sauvetage », toutes les victoires sur la mort dont les personnes et les peuples sont capables.
Alors s’impose à moi la force des rencontres vécues fin mars au Forum Social Mondial de Tunis, où une importante délégation et de nombreux partenaires du CCFD-Terre solidaire étaient présents. Si la mort était bien présente à travers les attentats du Bardo, la présence des 30.000 personnes venues de près de 130 pays apportait un souffle de vie bien réel.
La vie l’emporte lorsque les ONG birmanes disent leur espoir de construire une démocratie dans leur pays !
La vie l’emporte lorsque les associations du Congo (RDC) dénoncent les violences réalisées sur leur territoire par des multinationales !
La vie l’emporte lorsque des personnes « qui croient au ciel et d’autres qui n’y croient pas » repèrent ensemble en quoi les religions peuvent être facteurs de paix ou de violence !
La vie l’emporte lorsque des 5 continents des groupes disent la nécessité de créer une instance mondiale de régulation des flux migratoires …
Oui, la résurrection se lisait pour moi dans ces actes de courage et d’intelligence ! Pourquoi sommes-nous parfois si timides pour les nommer alors que nous énonçons tant de malheurs ? Parce qu’il est risqué de dire la vie. Si la vie est possible, me voici embarqué, non dans les larmes, mais dans les défis de la construction de la vie. Un homme assailli par le malheur et le doute demanda au philosophe Paul Ricoeur (âgé de 92 ans ) ce qu’il devait faire. « Et bien, vivez jeune homme ! » lui répondit-il . C’est le message de Pâques ! Partageons les témoignages du FSM (1) et de tant d’autres actions de solidarité à travers le monde. S’il est risqué de célébrer la vie, nous ne sommes pas seuls : la joie de Pâques nous ressource et nous renouvelle.
Guy Aurenche, président du CCFD-Terre solidaire (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement), auteur de La Solidarité J’y crois, ed. Bayard.