Onze pays européens, menés par l’Allemagne et la France, viennent de décider de formaliser, dans de brefs délais une taxe sur les transactions financières internationales et d’en consacrer le produit, au moins pour partie, au développement (cf. La Croix du 11.10).
Pour une fois qu’il nous arrive une bonne nouvelle sur le plan international, il convient de la célébrer et de l’encourager.
Cela prouve que le travail obscur des associations depuis plus de 10 ans a porté ses fruits. Oui le plaidoyer, c’est à dire le travail qui consiste à faire des propositions sur des sujets techniques et à essayer de convaincre les décideurs de leur justesse, ça peut marcher.
Les tenants de la « taxe Tobin » étaient pris pour des excités sympas ou révolutionnaires mais totalement irréalistes ; s’ils étaient chrétiens, totalement utopiques !
Depuis des années, un travail d’études, d’information, de proposition a été fait à tous les niveaux auprès, tant de la population que des décideurs. Dans cette démarche chacun à sa place. Personne ne doit se sentir « sans influence ». Qu’il s’agisse de l’expert qui n’accepte pas que les pratiques anciennes soient intangibles et qui ose « inventer » . Qu’il s’agisse des membres des associations qui se forment à ces sujets ardus et en deviennent les meilleurs avocats . Ou qu’il s’agisse encore des responsables politiques qui, même sans y croire au départ, acceptent de donner sa chance à cette idée nouvelle. Oui tout le monde peut trouver sa place dans la construction d’une mondialisation plus juste. C’est plutôt réjouissant ! Il est tant question d’impuissance par ailleurs.
À travers cette mesure, dont il faudra suivre la réalité et l’ampleur de la mise en œuvre, nous voulons redire que l’argent est un outil au service de la construction des sociétés humaines et non le contraire.
Nous nous réjouissons que des autorités politiques « reprennent la main » sur les puissances de la financiarisation extrême. Il nous est tellement répété que c’est impossible !
La pensée sociale de l’Eglise catholique trouve dans ce projet une heureuse traduction des principes du Bien commun, de la solidarité et de la destination universelle des biens. Pour une fois qu’une utopie devient réalité !
Le partage, y compris financier, n’est pas un gadget pour militants en mal d’activité sociale. C’est le ressort du vivre ensemble qui incarne le désir de « justice » qui habite, davantage que nous ne le pensons, nos sociétés vite taxées d’individualisme et de mercantilisme.
Et, souhaitons-le vraiment, des projets de partenariats avec ceux et celles qui souffrent de mal développement pourront être aidés dans cette période où il n’est question que de limiter nos «aides extérieures».
Oui, je me réjouis de cette étape ! Les esprits chagrins ou simplement réalistes me diront que tout reste à faire, que le taux de la taxe et surtout sa destination restent à améliorer, et que, et que ...
Bravo, à ceux qui y ont cru, qui y croient, à ceux qui accompagneront la mise en œuvre.
Pas de sermon sur l’espérance si nous ne tentons pas de l’incarner dans les complexités et les obscurités de notre monde. Et devant cette nouvelle, pas de discours : de l’espoir .
Quand la finance devient partage
Par Guy Aurenche le mercredi 24 octobre 2012, 09:25 - Lien permanent