Intervention à la session régionale de Normandie à Sées
Bien sûr c’est avec joie que je vous retrouve actifs et espérants, chers amis du CCFD–Terre Solidaire de cette grande région de Normandie, membres des Mouvements et Services d'Eglise (MSE), adhérents de longue ou de fraiche date. Tous, nous voici donc en communion dans la dimension catholique, c’est-à-dire universelle avec l’ensemble du monde.
Nous nous retrouvons après les 50 ans, nourris des forces vives qui se sont déclarées à cette occasion.
Nous sommes impliqués tous, chacune et chacun, dans le mouvement d’invention (pour le juriste, l’inventeur est celui qui trouve un trésor caché dans la terre. Le trésor existe bien, encore faut-il le découvrir) auquel le CCFD–Terre Solidaire est convié à la fois pour capitaliser toutes les richesses découvertes à l’occasion des 50 ans, pour évaluer le Rapport d’orientation 2008-2012, pour lancer le futur Rapport d’orientation et s’inscrire dans un travail prospectif à plus long terme. Beaucoup d’horizons !
Quelques éléments du contexte dans lequel se situe notre travail d’inventeurs du CCFD–Terre Solidaire
Bien sûr nous connaissons, aussi bien dans notre réseau que dans la société française et mondiale en général, beaucoup d’attentes, beaucoup de questions, d’interrogations. Parfois de la lassitude. Cela n’a rien d’anormal. Ne vous en inquiétez pas. Par contre c’est bien ensemble que nous pouvons vaincre les lassitudes.
J’ai intitulé mon intervention « entre pétillance et mayonnaise » car je crois que nous vivons, et ceci d’une manière tout à fait volontaire, le moment de la pétillance au CCFD–Terre Solidaire, c’est-à-dire de la multiplication des propositions faites aux membres et aux futurs membres de notre organisme. La pétillance c’est la vie. C’est l’avenir. Il n’est donc pas question de la regretter. Bien au contraire nous la désirons.
En même temps il s’agit d’aider à ce que la « mayonnaise » puisse prendre, c’est-à-dire que toutes ces bulles qui montent et qui remontent permettent une certaine lisibilité extérieure et intérieure de ce qu’est pour les années 2020-2030 le projet CCFD–Terre Solidaire. Oui, priorité à l’invention, et en cela il nous faut multiplier localement la proposition de « projets ». Ces projets doivent être crédibles et accessibles. En cela, il doit exister une certaine cohérence au sein du CCFD–Terre Solidaire pour permettre qu’il soit lisible de l’extérieur. Plus nous appelons à l’extérieur, plus la lisibilité du CCFD–Terre Solidaire doit être claire.
Acteur ou perroquet ?
Comme vous le savez nous avons définitivement choisi le premier terme : acteur. Il s’agit donc bien de mettre en lumière toutes les capacités d’invention de ceux et celles qui depuis très longtemps sont au CCFD–Terre Solidaire, comme de ceux et celles qui nous rejoignent plus récemment. Acteur certes, mais pas acteur de tout. Il faut sortir de la pensée selon laquelle le militant du CCFD–Terre Solidaire est responsable de l’ensemble des activités. Par pitié, n’aggravons pas le déficit de la sécurité sociale en multipliant les ulcères à l’estomac parce que nous ne parviendrions pas à tout faire. Nous ne savons pas tout faire, nous ne pouvons pas tout faire. La question est de faire et de faire faire.
On a parfois parlé de « professionnalisation » ce qui pourrait entraîner pour certains membres du réseau le sentiment d’une marginalisation. Moi qui ne suis pas professionnel, je suis maintenant marginalisé par ceux « qui savent ». Oui, la compétence est nécessaire car le développement n’est pas un gadget pour militant désœuvré à quelque moment de la journée. Oui, il y a tant de souffrance et de misère. Oui il y a surtout tant d’espérance à travers les actions de notre réseau de partenaires. La compétence est donc bien nécessaire. Elle doit être mise au service des missions qui nous sont confiées. Le développement de tout l’homme et de tous les hommes.
Cependant, nous risquons de tomber dans l’hyper compétence, c’est-à-dire dans cette supériorité que l’on reconnaîtrait à certains dans le mouvement et qui justifierait un certain mépris pour d’autres. Nous refusons ce dérapage.
Si la compétence est nécessaire, encore faut-il que ceux qui l’exercent et la développent sachent qu’ils la développent au service d’une mission : celle du CCFD–Terre Solidaire. Il y a là une question « d’embrayage », c’est-à-dire de rythme entre les inventeurs de tel ou tel projet nouveau et les acteurs/actrices auxquels ce projet sera proposé et qu’ils devront peu à peu digérer parfois transformer pour qu’il prenne un rayonnement plus large. Ces questions de rythme et d’embrayage sont extrêmement importantes. La professionnalisation ne doit surtout pas oublier que les rythmes de l’autre sont absolument nécessaires pour le travail de chacun.
Je voulais également vous faire une autre confidence : nous avons choisi la solidarité !
Et bien nous avons pleinement raison. Plus que jamais notre monde, et cela fait partie des éléments du contexte, exige comme réponse celle de la solidarité.
Comment regardons-nous notre monde ? Vous savez la complexité de ce monde. Pour cela je vous renvoie à la page 96 de mon livre « Le souffle d’une vie » (pardonnez-moi la prétention). J’écrivais le 14 septembre 2001 à ma toute nouvelle petite fille qui venait de naître fin août 2011. Qu’est-ce qu’un grand-père pouvait bien dire à une petite fille qui faisait toute sa joie alors que l’on venait de vivre le 11 septembre 2001 ? Dans cette lettre je dis la nécessité, à Louise qui avait alors 3 semaines, de regarder à la fois le courage, la solidarité et l’amour, et à la fois la capacité de mort qui est présente dans les sociétés humaines. C’est en regardant ces deux réalités qu’il faudra alors choisir. Choisir la vie. Choisir la solidarité.
Par ailleurs, toujours quant au regard que l’on porte sur le monde, je vous propose le texte du père Teilhard de Chardin : « Si le chrétien (j’ajoute tout homme) n’est pas en pleine sympathie avec le monde naissant, s’il n’éprouve pas en lui-même les aspirations, les anxiétés du monde moderne, s’il ne laisse pas grandir en son être le sens humain, jamais il ne réalisera la synthèse libératrice… Il continuera à s’effrayer et à condamner presque indistinctement toute nouveauté sans discerner, parmi les souillures et les mots, les efforts sacrés d’une naissance ».
Je crois véritablement que les rendez-vous d’aujourd’hui qui nous sont proposés, sont ceux par lesquels nous allons ou non accepter de participer aux efforts sacrés des multiples naissances dont nous sommes les témoins.
Comme vous le savez, je ne sais pas si je suis optimiste ou pessimiste. Ce que je sais c’est que je souhaite être aux côtés de ceux qui n’acceptent pas l’inacceptable. C’est ce que nous faisons tous avec nos partenaires du Sud. C’est ce que nous faisons tous avec nos alliés ici en France : ÊTRE AVEC. Oui la solidarité est le seul remède possible à l’éclatement et parfois aux meurtrissures de notre monde.
Peut-être quelques caractéristiques de ce monde. Je les ai déjà développées dans d’autres documents. Il faut tout d’abord s’interroger sur la réalité de l’interdépendance que créé la mondialisation. Là encore on s’aperçoit que seule la réponse par la solidarité, voulue, organisée, institutionnalisée et vivifiée, est une réponse valable. Le reste, ce sont des réponses de mort ou de concurrence mortelle.
L’autre caractéristique est sans doute la nécessité au cœur de notre toute puissance de choisir le service. En effet, nous sommes, dans bien des domaines, devenus tout puissants, mais au service de qui, de quoi ? Plus que jamais là encore la solidarité est la réponse.
En même temps nous sommes conscients, et cela est nouveau, de la finitude des matières premières. Cela créé une angoisse, en particulier chez certains peuples. Si nous continuons ainsi il n’y aura pas de terres cultivables pour tout le monde ! Alors la réponse est le partage. Non pas une simple idée vague et pieuse. Le partage à travers la redistribution, à travers une certaine socialisation de l’accès aux produits et aux richesses premières.
Enfin l’autre paramètre est l’alliance des souffles que je développe également dans mon livre. Il s’agit pour chacun de creuser le souffle, la source qui le fait vivre. Et en même temps d’organiser des lieux ou ces souffles seront effectivement partagés. Le CCFD–Terre Solidaire, à travers son enracinement dans la bonne nouvelle de Jésus-Christ et à travers ses engagements avec des hommes, des femmes, des groupes, des sociétés qui pensent autrement, est le lieu même de cette alliance des sources. A nous de faire vivre cette alliance sur le terrain aux différents niveaux de notre organisation du CCFD–Terre Solidaire.
Pourquoi faut-il inventer ?
Nous allons inventer dans le souffle du Rapport d’orientation passé et futur et des 50 ans que nous venons de vivre. En effet, à travers ces événements, nous avons fait la preuve que nous pouvions inventer, que nous savions être des inventeurs.
Deux buts principaux sont proposés pour justifier ces nouveautés. Nous avons fixé comme objectif la nécessité d’aller vers de nouveaux publics, de nouer de nouvelles alliances. Cela bouscule. Oui il faut aller voir ailleurs et non pas simplement demander à l’ailleurs de venir chez nous. Ce n’est pas parce que nous allons être invités à aller ailleurs que nous sommes nous-mêmes, nous les anciens, « mis sur la touche ». Bien au contraire, cette invitation à toucher de nouveaux publics redouble et renforce la responsabilité de chacun.
Et en même temps que nous sommes invités à aller rencontrer de nouveaux publics, nous avons décidé de mettre l’accent sur le dynamisme inventif des groupes, des personnes, sur le terrain. Nous avons choisi le mouvement de l’ascendance et non celui de la descendance, de quelques chefs qui sauraient penser pour tous les autres. Non, c’est bien chacun de nous qui par son dynamisme, son invention, doit savoir créer le CCFD–Terre Solidaire de demain. C’est donc dans cette double démarche que nous allons chercher les motivations de la nécessité d’inventer.
Il est évident que l’une des raisons de cette dynamique d’invention se trouve dans la nécessité, aujourd’hui, de multiplier, de diversifier les propositions (dans leur forme et dans leur contenu) que fait le CCFD–Terre Solidaire au public qu’il veut toucher. C’est un peu comme une carte de restaurant, il doit y avoir plusieurs types de menus et de plats. Plusieurs prix en termes de temps passé, plusieurs modalités en termes de compétence. Cette diversification est une condition indispensable pour aboutir à participer pleinement au processus complexe qu’est le développement. Diversité indispensable pour rejoindre des publics qui souhaitent s’intégrer non pas d’abord sur une idée générale mais sur des projets. Encore faut-il que les projets soient assez variés pour qu’ils rencontrent les appétits des uns et des autres.
Par ailleurs, et cela est une évidence, les modalités de militance ont totalement changé. Cela ne signifie en rien que notre militance ancienne soit dévaluée. Bien au contraire c’est parce qu’elle existe, qu’elle est intense et qu’elle est consciente, que nous pourrons répondre à d’autres formes de militance souhaitées par d’autres générations. La militance d’aujourd’hui est d’avantage marquée par l’action plutôt que par l’adhésion plénière et systémique à un projet global. Oui je vais militer en réagissant sur tel ou tel projet que me fait le CCFD–Terre Solidaire. Je ne suis pas certain d’embrasser la totalité de la cause du CCFD–Terre Solidaire car cela me fait peur et cela risque de me prendre trop de temps. Par contre j’accepte de m’engager sur tel ou tel projet. C’est l’action plutôt que l’appartenance, en tout cas dans un premier temps. Il va de soi qu’en réalisant cette action, le militant nouveau découvrira la richesse d’une appartenance à une pensée plus générale et à un projet plus global.
Il y a aussi le besoin d’efficacité qui est exprimé dans les nouvelles formes de militance. L’efficacité nous le savons n’est pas un gadget puisqu’il s’agit de permette à des hommes, à des femmes, à des groupes humains d’être pleinement humains. Mais la nouveauté dans ce souci d’efficacité est que celle-ci doit se situer dans l’immédiateté. Il s’agit de répondre tout de suite à des problèmes. Et cela nous ne savons pas toujours le partager. Oui nous avons des partenaires qui sont capables de nous montrer qu’en 5 ou 6 ans, ils ont réglé une partie de leurs problèmes. C’est ce que j’appelle partager l’efficacité dans l’immédiateté et pas simplement dans un regard eschatologique, vers un horizon improbable. Efficacité immédiate et efficacité vérifiée par l’expérimentation.
L’autre souci de la militance est que nous devons savoir rendre le CCFD–Terre Solidaire visible et compréhensible au plus grand nombre. Ceci se manifeste à travers une présence dans la rue, et tout spécialement une présence dans les nouveaux et très divers médias qui existent. Cela nous déconcerte, non seulement pour des questions de technique, mais également parce que ce n’est pas notre mode commun de communication. Et bien nous allons être visibles sur ces modes modernes de communication. Cela peut parfois entraîner des étonnements. Ainsi nous allons, à travers les Facebook, à travers d’autres techniques de réseaux sociaux, proposer des actions ou des réactions très ponctuelles, voire parfois des participations financières ponctuelles et immédiates totalement différentes des engagements sur le moyen et long terme que nous demandions. Cette visibilité est nécessaire. Encore faut-il en prendre les moyens.
Un autre aspect dans les raisons de l’invention nécessaire est que plus que jamais le militant nouveau aujourd’hui recherche son épanouissement personnel. Je crois que cela est tout à fait normal. Il n’y a pas de honte pour nos contemporains à vouloir être bien dans leur peau, dans leur famille, dans leur société. Oui nous avons à nous réaliser. Si l’on tombe parfois dans le repli sur soi au nom de cette nécessaire autonomisation c’est que nous n’avons pas su dire que l’épanouissement personnel se faisait dans le relationnel. Et cela est tout à fait nécessaire à approfondir. Oui nous avons, au nom de ce besoin d’épanouissement personnel exprimé par des nouveaux publics, à creuser les appétits spirituels, le être bien, la convivialité, la nécessité de partager de la confiance. Cela n’est pas un luxe. Cela amènera peut-être le CCFD–Terre Solidaire à s’interroger sur la création de lieux, avec les MSE, où un approfondissement spirituel est possible dans le cadre du CCFD–Terre Solidaire.
Quelques propositions nouvelles
Je me permets de reprendre ici les points que Bernard Pinaud (Délégué Général du CFFD-Terre Solidaire) soulignait dans une autre session régionale. Il les a parfaitement exposés. Je ne vais donc pas inventer à sa place. Je le cite donc :
Quels sont les changements ?
Emergence de dynamiques régionales
1) Echanges d’expériences pour se nourrir
2) Mutualisation des moyens (ex : formation régionale, accueil des partenaires)
3) Nourrir le débat national (ça avance fortement : les commissions nationales prennent de plus en plus de place, elles ont pris du poids politique dans notre association).
L’espace régional n’est pas que la session régionale : cela peut être ailleurs.
Cette émergence des régions a été visible pour les 50 ans : toutes les régions ont dépassé leurs objectifs.
Comment place-t-on le curseur entre ces 3 fonctions ? Question de dosage…Chaque région peut s’organiser comme elle le souhaite du moment que les trois fonctions sont mises en œuvre.
Ce qui a été possible en région, n’est pas accessible par des animations organisées par les délégations diocésaines. Il y a des coups à jouer en région ou en inter diocèse (ex : APC, PACA LC)
Les plans d’actions, les stratégies de territoire permettent de gérer ce dosage. Certaines régions ont même une coordination régionale.
Rapprochement Réseau-partenaires
C’est mettre en lien des régions ou des sous-ensembles de régions avec des partenaires du Sud, sur des thématiques qui ont un intérêt pour les uns et pour les autres. Favoriser ainsi les échanges de société civile à société civile… pour tenir compte que le « Nord-Sud » a explosé, car on est de plus en plus sur du planétaire.
Un partenariat basé sur des préoccupations communes : partenariat plus riche – position d’égalité –échanges. Échanges entre acteurs de transformation sociale.
Cela demande aux régions de définir sur quelle thématique elles veulent travailler : demande une analyse des réalités socio-économiques.
Cette question peut marquer l’immersion.
Il y a 20 ans, on en parlait déjà… Aujourd’hui, on est mûr, parce que le contexte mondial a changé, parce que le CCFD-Terre Solidaire y est prêt.
Les réseaux thématiques
Ce que c’est :
Un groupe de personnes – membres du CCFD-Terre Solidaire – qui communique (plus spécialement par le net) sur une thématique particulière, afin d’appuyer les actions d’éducation au développement sur ce thème et accompagner les actions de plaidoyer internationales, nationales et locales, en lien avec nos partenaires du Sud (cf. RO - Obj.1 Action 1).
Un réseau thématique se donne pour objectifs de :
- Constituer, au sein du Réseau CCFD-Terre Solidaire, un espace d’échanges, d’informations et d’analyses sur une région au Sud ou une thématique, et sur les actions menées par le CCFD-Terre Solidaire, ses partenaires et les collectifs ;
- Sensibiliser, informer et mobiliser le Réseau CCFD-Terre Solidaire, l’Eglise, les mouvements et services d’Eglise (MSE), la société civile et l’opinion publique française sur une région du Sud ou une thématique. Renforcer la prise de conscience au sein de l’association et auprès de l’opinion publique, à travers des actions d’éducation au développement et de plaidoyer ;
- Participer au plaidoyer mené sur une région du Sud ou une thématique ;
- Renforcer l’appui aux partenaires d’une région ou d’une thématique ;
- Appeler de nouvelles personnes à rejoindre le CCFD-Terre Solidaire.
Ces réseaux thématiques s’adressent aux bénévoles du CCFD-Terre Solidaire mais aussi aux personnes que nous pourrions rejoindre par ce biais : l’engagement au CCFD-Terre Solidaire peut aussi se jouer par une approche particulière, selon les centres d’intérêts des personnes.
C’est un premier contact, une porte d’entrée, ensuite vient le parcours de découverte des approches du CCFD-Terre Solidaire dans leur globalité.
Les différents réseaux thématiques :
Réseaux « pays » :
- Israël - Palestine
- Grands Lacs
Réseaux sur des thématiques du RO :
- Migrations internationales
- Droit des Roms
Réseaux d’acteurs :
- Référents Plaidoyer
- Finances solidaires/SIDI
Le plaidoyer
Volonté de créer les conditions pour que des bénévoles soient des acteurs de plaidoyer (plaidoyer local), auprès des décideurs, candidats, élus… Depuis peu, on structure un réseau de référents plaidoyer.
Ces référents plaidoyer sont mobilisés sur la campagne « Aidons l’argent ». Cela sera le cas pour la campagne pour les Élections 2012.
Réseau Jeunes Adultes
Des Jeunes Adultes s’organisent pour vivre leur appartenance au CCFD-Terre Solidaire, comme ils le souhaitent.
Crainte au début d’en faire un réseau parallèle. Or, aujourd’hui, on se rend compte que les dynamiques Jeunes Adultes s’intègrent dans les dynamiques CCFD-Terre Solidaire (cf. les évènements 50 ans).
Renouveler la collégialité et nos alliances sur le terrain
Il me semble important d’ajouter aux cinq points soulignés par Bernard, et l’on est bien d’accord, la nécessité pour moi de renouveler, de vivifier encore davantage la collégialité qui fait notre originalité. Ce souci n’est en rien nouveau puisque nous vivons de la collégialité depuis plus de 50 ans maintenant. Par contre celle-ci a changé, ou en tout cas la vitalité de cette collégialité peut changer, de même ses formes d’expression. Qu’attendons-nous des mouvements et services ? Et surtout qu’attendent-ils de nous ? Il y a là un terrain d’invention extrêmement important.
Quelques chemins pour faire route ensemble
Entre pétillance et mayonnaise, le CCFD–Terre Solidaire n’est pas une nébuleuse. Ce n’est pas un OVNI. Il doit être facilement identifiable même si cela se fait à travers sa diversité.
Je vous propose donc quelques chemins d’invention que nous pouvons, nous devons, suivre ensemble. Là encore chacun selon son charisme, sa disponibilité, ses possibilités. Tout le monde ne fera pas tout.
Inventer c’est choisir,
Si nous nous lançons dans cet effort d’invention commune, nous devons mettre l’accent sur la définition de qui choisit ? Quels sont dans le CCFD–Terre Solidaire les lieux où la décision est prise ?
Par exemple, d’une manière générale, comment pourrions-nous identifier le CCFD–Terre Solidaire ? Faisons l’exercice qui consisterait à vouloir résumer le projet du CCFD–Terre Solidaire dans deux mots ou dans un seul symbole.
A quel niveau ce choix se fera-t-il ? En région ? En DD ? En équipe locale ? Dans les instances nationales, en particulier dans les commissions nationales ?
Nous sommes conscients qu’il y a là un problème important. C’est la raison pour laquelle en Assemblée générale en décembre 2011 tous les délégués étaient invités à réfléchir sur les processus décisionnels au sein du CCFD–Terre Solidaire. Il ne s’agit pas de retomber dans des technocraties anesthésiantes mais bien de savoir qui décide. Lorsque l’on a clairement conscience des lieux de décision, on saura comment préparer ladite décision. Alors il devra être fait appel aux différentes forces vives. Ces forces vives se concentreront sur le lieu décisionnel. Celui-ci aura à faire connaître la décision. A leur tour, les autres niveaux de force vive auront à comprendre, digérer et mettre en œuvre cette décision.
Comment dire ensemble le CCFD–Terre Solidaire ?
J’ai proposé tout à l’heure le choix de deux mots ou d’un symbole.
Il me faut être plus précis. C’est la question du socle de base qui caractérise le projet de CCFD–Terre Solidaire. Je crois qu’il est important, et nous le saurons à l’occasion du prochain rapport d’orientation, d’être capable en quelques phrases de résumer le projet, c’est-à-dire les convictions fondamentales sur lesquelles reposent le projet du CCFD–Terre Solidaire. Cet exercice est à faire à tous les niveaux de notre association en lien avec nos partenaires du Sud, avec les mouvements et services d’Église, avec nos alliés en France et bien sûr avec la grande diversité de tous nos réseaux CCFD–Terre Solidaire. Le socle se compose d’un certain nombre d’axes. Quels sont les axes principaux que nous retenons à la fois comme horizons et comme modalités d’action ? Peut-être faut-il en ajouter ? Peut-être faut-il en préciser d’autres ? Le socle est aussi la question de cohérence entre cette diversité de propositions dont j’ai parlé tout à l’heure. Comment se fait-elle ? Comment communique-t-on à son sujet ? Etc.
Le socle c’est également les convictions dont nous sommes porteurs et ceci heureusement dans une grande diversité. J’allais dire dans une grande catholicité, c’est-à-dire dans une perspective universelle, de rencontre de l’autre, de positionnement aux marges.
L’aménagement des relations entre les différents lieux du CCFD–Terre Solidaire et les instances nationales.
Nous avons proclamé la nécessité urgente de mettre l’accent sur le mouvement ascendant, c’est-à-dire du terrain vers les autres lieux décisionnels. Je crois tout à fait que ce choix est le bon. Cependant, il ne suffit pas de faire ce choix. Il convient de se demander comment les contributions les plus locales, celles qui viennent du terrain, enrichissent-elles effectivement la réflexion et les décisions nationales ? En effet, il risque de se créer un vrai mouvement de frustration si l’on se contente de dire que l’écoute du terrain est prioritaire alors que ce même terrain ne retrouve pas, dans les débats et les décisions prises à un autre niveau, ses contributions. Certes nous n’allons pas faire le CCFD–Terre Solidaire selon les volontés des 15.000 adhérents. Certes il y aura des divergences et des points non retenus. Cependant, il faut s’interroger sur les mécanismes que nous mettons sur pieds pour permettre une véritable remontée vivifiante des inventions de terrain vers le national.
Ensemble pour ce CCFD–Terre Solidaire des années 20 ou 30
Ensemble signifie avec les membres de toujours du CCFD–Terre Solidaire et avec les nouveaux publics. Là encore nous aurons sûrement à inventer des lieux où nous nous retrouverons ensemble. J’ai dit tout à l’heure que l’une des caractéristiques de ce nouveau public était de ne pas forcément suivre les types de militance (souvent très exigeante) que nous avons suivi les uns ou les autres. Cela signifie qu’ils ne viendront pas à toutes les réunions et à toutes les occasions de rencontre. Mais cela doit signifier la nécessité de créer des temps forts où nous retrouverons effectivement ensemble dans toute la diversité de la tradition et de la nouveauté.
Ensemble c’est bien sûr avec les partenaires du Sud. Le travail Prospective, comme la proposition d’un nouveau rapport d’orientation, doit se faire avec nos partenaires du Sud. Il doit également se faire à des niveaux différents avec nos alliés ici en France. C’est ainsi d’ailleurs que nous le pensons.
La question qui se pose est alors la question du ici et du là-bas. Il est clair que la mission du CCFD–Terre Solidaire est de participer au développement de cette humanité du XXIème siècle. Avec ses modestes moyens bien évidemment, mais avec toutes ses forces convictionnelles et opérationnelles. Nous avons déjà choisi clairement la nécessité pour nous de travailler avec des partenaires qui prennent le risque, au Sud, d’être des acteurs de transformation sociale.
Nous savons que cela signifie souvent de travailler avec eux sur des plaidoyers communs que nous pouvons mener soit dans leur région, soit qu’ils nous délèguent pour qu’ils soient menés en Europe ou dans d’autres instances qu’ils n’atteignent pas directement.
Se pose la question de l’engagement des militants du CCFD–Terre Solidaire dans les réalités sociales françaises. Nous n’avons pas attendu 2012 pour nous poser cette question puisque, depuis toujours à travers les MSE ou à travers des engagements personnels, chaque membre du CCFD–Terre Solidaire est souvent présent dans de multiples actions locales, nationales françaises.
Cela doit se poursuivre. Mieux, cela doit s’approfondir en cohérence avec le travail général du CCFD–Terre Solidaire.
Mais cela ne signifie en rien que le CCFD–Terre Solidaire en tant que tel, équipe locale, délégation diocésaine, équipe régionale… doit se transformer lui-même en acteur de transformation sociale en France. Oui le CCFD–Terre Solidaire a une responsabilité pour montrer le lien indispensable à faire entre le là-bas et le ici. Oui le CCFD–Terre Solidaire a à appeler au sein des communautés chrétiennes, et bien ailleurs, à l’engagement sur les réalités sociales françaises. Cela ne signifie pas que le groupe CCFD–Terre Solidaire lui-même s’engagera sur tous les terrains. Il est évident qu’il y a là une question de sérieux, de compétence, et surtout de partage des tâches. Nous avons toujours souhaité respecter l’engagement des mouvements et services d’Église dans leur domaine particulier. Nous continuerons. Nous avons sans doute à solliciter ou à inventer la création d’autres types d’acteurs intervenant sur des problèmes nouveaux sur le terrain français. Nous le ferons. Mais nous n’avons pas à nous croire habilités ni compétents à intervenir nous-mêmes es qualité de CCFD–Terre Solidaire dans ces actions locales, départementales, régionales ou nationales, de transformation de la société française. Il y a là une réflexion à poursuivre afin d’enrichir les modalités de nos interventions sans tomber dans le risque que nous rappelait La Fontaine lorsqu’il décrivait une grenouille qui avait envie de devenir un bœuf !
Ensemble c’est également pour les années 2012-2013, de participer à la dynamique de Diaconia qui a été lancée par l’Église de France. Il y a là un souci qui est double : d’une part que tout le monde, les MSE, le CCFD–Terre Solidaire compris, se sente en responsabilité, d’éveiller, de réveiller tous les membres des communautés chrétiennes à l’urgente nécessité du service du frère. Cela n’est pas un gadget social. C’est un élément constitutif de la foi chrétienne. Cela a été dit par de nombreuses instances. Et en même temps, en faisant ce travail d’éveil, nous aurons, dans la diversité des mouvements, à proposer des pistes d’action. Il ne suffit pas de dire que le service du frère est indispensable. Ni même de constater que chacun doit et peut y contribuer. Il s’agit d’offrir des modalités de cette action. En cela les mouvements, les services, les organismes sont absolument indispensables. C’est bien ce que fera le CCFD–Terre Solidaire dans sa pleine et active participation à Diaconia 2013, en particulier en montrant combien chaque tâche de service du frère a une dimension universelle, en ce sens que c’est l’humanité tout entière qui est engagée, ainsi qu’une dimension internationale, en ce sens que les solutions aux problèmes franco-français que pose le service du frère ne peuvent être réfléchies et prises que dans un cadre international.
Bien sûr en 2012, le ensemble se fera à l’occasion des campagnes électorales qui vont avoir lieu. Le CCFD–Terre Solidaire y participera avec tel ou tel des axes qui lui sont chers. Il sera également présent à travers sa participation à des collectifs et des plateformes en mobilisant les citoyens français sur les points particuliers qui lui sont chers.
Enfin, c’est bien ensemble que nous allons poursuivre cette invention du CCFD–Terre Solidaire à travers le lancement des processus d’évaluation du rapport d’orientation. Évaluer ce n’est pas se gratter le nombril pour savoir ce que l’on a fait de mal. C’est de voir la validité de telle ou telle option. De vérifier l’adéquation de telle ou telle solution prise. Et bien sûr d’inventer d’autres axes et d’autres modalités d’action.
Travailler ensemble, inventer ensemble, c’est bien sûr à travers l’élaboration progressive du nouveau rapport d’orientation que nous ferons. Là encore, si tout le monde ne peut pas décider de tout, il est important qu’à un moment quelconque, la voix de chacun sur ces orientations puisse être entendue pour que, dans les instances qui seront chargées de ce travail, les décisions soient prises ensuite.
Comme vous l’avez vu, chers amis, c’est avec beaucoup d’enthousiasme et de joie que je nous invite à l’invention. L’invention dans la confiance.
C’est pourquoi il me semble si important dans nos relations personnelles, dans nos équipes locales, dans nos délégations diocésaines, que nous soyons attentifs à la convivialité qui est un premier aspect de la confiance. Confiance que nous nous faisons les uns les autres au sein des différents réseaux du CCFD–Terre Solidaire. Confiance que nous nous faisons avec d’autres types de réseaux au sein de l’Église ou ailleurs. Confiance que nous nous faisons les uns aux autres dans ce vivre ensemble si difficile à vivifier et à construire d’une manière moderne.
Confiance, et vous savez que cela est important pour tout le monde, que nous recevons des autres. De ceux qui pensent autrement. Confiance que nous recevons du Tout Autre et du Tout Aimant qui se réjouit de voir inventer ce monde. La Bible rappelle d’une manière régulière : « Voici que je fais toute chose nouvelle ». Et bien nous sommes participants de cette nouveauté inventive.
Guy AURENCHE
Président du CCFD–Terre Solidaire