Ils sont une trentaine de partenaires du CCFD-Terre solidaire venus à Paris à l'occasion de la Cop 21 et réunis ce vendredi 4 décembre pour une journée d'échange. Venus d'Afrique, d'Amérique latine, d'Asie, d'Europe, du Machrek et du Maghreb, c'est un temps de rencontre privilégié pour mettre en commun leurs expériences de « transition » : comment changer la société, dans les domaines économique, écologique et social.
On y parle de résistance au "rouleau compresseur des entreprises minières", de dépollution à vaste échelle, de promotion du modèle d'une agriculture familiale durable et rentable, de réconciliation entre les membres de la société et avec la nature.
Jenito Santana (KSI) rapporte ainsi le succès spectaculaire d'une mobilisation au Timor oriental portée par son association, et qui a ramené en quelques mois la concorde au sein de la population de la province d'Emera, société disloquée par quatre décennies d'occupation indonésienne succédant à la colonisation portugaise. En lien avec plusieurs partenaires, KSI a ranimé et modernisé le Tara bandu, un code social traditionnel qui harmonise les relations au sein des communautés et avec les milieux naturels communs.
Le péruvien José de Echave, directeur de Cooperaccion, décortique les mécanismes qui mettent aujourd'hui sous très forte pression les milieux naturels sud-américains : la crise énergétique et la boulimie de matière première fait affluer les capitaux vers les régions où « l'extractivisme » a de beaux jours devant lui, et notamment ce piémont amazonien, « peut-être la seule région au monde où s'offrent à la fois le pétrole, le gaz, les minerais et l'eau aux appétits financiers et industriels internationaux ».
Encore un contexte de forte soumission à l'économie mondialisée, pour la lutte engagée depuis plus de dix ans par les citoyens de la région de la baie de Monastir (Tunisie). Sur ce site où se sont installées de nombreuses entreprises de confection textile, la féroce concurrence internationale à induit des comportement désastreux pour les milieux naturels, et en particulier les eaux. « Pour gagner des marchés à l'exportation, les petits industriels notamment, les plus fragiles économiquement, ne traitent pas leurs rejets », explique Mounir Hassine, de la section Monastir du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES). Cette ONG a aidé à la structuration d'un mouvement citoyen local, devenu suffisamment puissant pour imposer aux autorités, après la Révolution, le lancement de travaux globaux de réhabilitation écologique, ainsi qu'un projet national sur le traitement des eaux usées.
En Afrique de l'Ouest, le diktat des marchés mondiaux pèse sur l'agriculture paysanne, mettant en péril la souveraineté alimentaire. « Un peuple qui mange ce qu'il n'a pas produit, et qui ne mange pas ce qu'il produit court à sa perte ! », lance Francis Ngang, secrétaire général d'Inades formation. Cette ONG panafricaine basée à Abidjan conduit un programme de promotion de l'agriculture familiale au Burkina Faso, avec une attention à toutes les dimensions susceptibles de consolider l'autonomie alimentaire des communautés, notamment l'expertise des femmes ou encore le contrôle des semences.
Ces partenaires interviendront lors du Sommet citoyen pour le climat à Montreuil (93), samedi 5 et dimanche 6, ainsi que sur la Zone d'action climat (au « 104 » à Paris), du 7 au 10 décembre.
Patrick Piro
Pour en savoir plus concernant les partenaires :
Sur KSI Prévenir et résoudre les tensions communautaires au Timor Leste
Sur CooperAccion, Pour les régions minières péruviennes, le changement climatique sera une bombe atomique
Sur le FTDES, Création d’un observatoire social tunisien Sur Inades formation en Afrique de l'Ouest, voir leur site