Il n'y a pas d'île sans marins, il n'y a pas d'île sans bateaux.
Voici quelques marins haut en couleurs que nous avons rencontrés.
Salvatore, 80 ans, est présent chaque matin sur le port et répare habilement les filets abîmés par la pêche nocturne.
Son copain, Salvatore également, "frime" sur sa Vespa mais il raconte qu'il est marin depuis toujours, ici à Lampédusa, comme son père et son grand-père. Il dit qu'ils sont nombreux à avoir croisé des migrants en mer et qu'ils en ont recueilli plus d'un : la loi de la mer ne permet pas de laisser un homme se noyer.
Voici Ali. Il vient du Sénégal, de Dakar plus précisément. Il est arrivé légalement en Italie voici plusieurs années. Sa femme et ses deux garçons sont restés au Sénégal et il n'a jamais vu son plus jeune fils. Il vit sur son bateau et est fier de nous le faire visiter.
Costantino a été élu "l'homme de l'année" par le magazine l'Espresso. Il est marin et comme tous les matins il allait pêcher avec un ami ce 3 octobre 2013. A 700 m environ de l'entrée du port, ils aperçoivent des corps à la surface de l'eau. Ils réussissent à extraire de l'eau 12 migrants en train de se noyer. Ils sont nus et leurs corps sont pleins d'essence. Cela faisait 3 heures qu'ils survivaient dans une mer pleine d'essence : les réservoirs du bateau avaient pris feu et toute l'essence s'était répandue dans la mer.
Ils ont eu comme mission de ne récupérer que les vivants. La vision des nombreux corps morts flottant à la surface de l'eau le hante encore aujourd'hui. Pendant une longue année il n'a pas pu reprendre la mer.
Voici les bateaux:
bateaux des touristes qui viennent se baigner dans ces lieux paradisiaques,
bateaux de la Guardia Costiera qui recueillent les migrants en mer et les conduisent à Lampédusa,
les ferries qui conduisent les migrants en Sicile après leur court séjour à Lampédusa,
enfin, bateaux échoués dans ce cimetière de bateaux. Ils sont les témoignages des dangereux voyages des migrants ...