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Les migrants reviennent à Lampédusa par la mer. Lors de l'opération Mare Nostrum (octobre 2013- novembre 2014), ils étaient directement conduits en Sicile. Depuis la fin de ce programme, ils reviennent à Lampédusa, généralement interceptés par les bateaux de la Guardia Costiera (garde côtière italienne).

Les bateaux arrivent de nuit dans la zone portuaire surveillée. D'après ce que nous avons appris, il y a en ce moment des arrivées toutes les nuits car les migrants sont nombreux à quitter les côtes lybiennes en raison d'une météo très favorable.

Nous avons pu assister dimanche soir à l'arrivée de deux bateaux chargés de migrants. 188 personnes ont été sauvées ce jour-là. Elles étaient tassées dans un pneumatique qui dérivait au large de Lampédusa. Il y avait à bord 28 femmes (dont quelques femmes enceintes), 6 nouveaux-nés et plusieurs jeunes enfants. Dans le premier bateau de la Guardia Costiera qui les ramène au port, il n'y avait que des hommes; dans le second, il y avait des hommes, des femmes et des enfants.

Lorsque le bateau arrive dans le port, l'organisation très rôdée est prête. De gros projecteurs s'allument dans ce couloir sanitaire car il fait nuit et le quai n'est pas très large. Deux policiers se tiennent sur le quai, face aux migrants qui quittent le bateau un par un. Ils prennent chaque migrant en photo. Des médecins de Palerme observent leurs mains et leur ventre pour détecter d'éventuelles traces de gale. Ceux qui sont malades sont placés sur le côté et quitteront le quai en ambulance vers le centre d'accueil de l'île où ils seront soignés. Les autres forment une longue file. Des bénévoles d'ONG (la Croce Rossa, Save the children, Mediterraean hope) leur remettent eau, nourriture et couverture de survie. Certains leur parlent pour leur expliquer où ils sont arrivés.

C'est une arrivée très "calme" ce soir. On nous explique que ces migrants ne sont pas restés très longtemps en mer et que leur voyage s'est plutôt bien passé.

Des autocars d'une ONG italienne, Misericordie, les conduisent aussitôt vers le centre de premier secours et d'accueil qui se trouve à moins d'un km du centre de l'île.

En un temps assez court (1h30), les migrants arrivent à Lampédusa et sont conduits vers le centre d'accueil. Il fait nuit, aucun touriste n'a assisté à ces scènes....

Vous pourrez découvrir les photos de ces arrivées dans le mensuel Phosphore du mois de septembre.

Nous n'avons pas obtenu l'autorisation légale d'entrer dans le centre. Nous l'avons donc contourné le mardi en fin d'après-midi  pour nous en approcher le plus possible. Les jeunes ont pu s' approcher du grillage et échanger quelques mots avec les migrants nombreux en ce moment au centre.

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Les hommes célibataires dorment dans des dortoirs dans 1 batiment, les familles et les enfants sont installés dans un autre batiment. Beaucoup dorment dehors sur des matelas en mousse car il n'y a pas assez de place dans le centre en ce moment.

Ils nous disent que la nourriture est bonne, qu'ils s'y adaptent.

Tout le centre est entouré d'un grillage de plus de 2 m de hauteur. Il y a des douves profondes de 3 m. Plusieurs migrants sont originaires de pays d'Afrique francophone et nous pouvons échanger quelques mots avec eux à travers le grillage.

Jaffa, Nasser, Ali et les autres viennent du Nigéria (il y en avait beaucoups dans le camp), du Soudan, de Somalie, du Cameroun, d'Algérie...

Ils rêvent de devenir footballeur, boxeur... tous disent avoir fait un voyage très difficile. Ils veulent rejoindre la France, l' Allemagne et certains souhaitent s'installer en Italie. Ils ne passent pas plus de 72h dans ce camp et sont acheminés en bus vers la zone portuaire où les grands ferries les conduisent en Sicile.

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Lampédusa n'est qu'une courte étape de leur long voyage...