• Quelques militants de notre grande région Nord-Pas de Calais-Picardie-Champagne Ardenne ont répondu présents le mercredi 26 mars à l'invitation proposée conjointement par Info Birmanie et le CCFD-Terre Solidaire : assister à la conférence qui se tenait au Sénat sur la responsabilité sociale des entreprises à l'heure de l'ouverture économique de la Birmanie.
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Après le mot d'introduction prononcé par Célestine Foucher, la coordinatrice d'Info Birmanie, c'est Debbie Stothard qui a lancé la 1ère table ronde en faisant le point sur la situation en Birmanie. Debbie est bien connue dans notre région : non seulement les immergés (ceux du groupe Nord) qui se sont rendus en Thaïlande l'été dernier ont eu la chance de la rencontrer, mais elle était également présente, pendant le Carême 2014, dans la région Nord-Pas de Calais. Debbie est coordinatrice d'ALTSEAN BURMA (Alternative Asean Network of Birma). Elle nous explique que depuis 2011, les Birmans rêvent d'une législation favorable au maintien des paysans sur leurs terres. Or, les militaires au pouvoir bénéficient depuis 2008 d'une immunité contre l'accaparement des terres qu'ils pratiquent. On assiste à des attaques pour confisquer les terres et les attribuer aux grandes entreprises. "Le business est au cœur des atrocités commises en Birmanie", explique Debbie.

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Puis un documentaire d'une vingtaine de minutes est projeté : Dans l'ombre de la montagne qui n'est plus. Grâce aux témoignages de nombreux villageois, il met l'accent sur les 200 000 hectares confisqués depuis 2011 pour le développement de la gigantesque mine de cuivre de Latpadaung (centre ouest du pays), sur la transformation totale du paysage et sur les dommages environnementaux. Il faut noter que cette mine se trouve en division bahmar (ethnie majoritaire). Cela montre que personne n'est épargné par l’accaparement des terres.

Ko Zarni, activiste birman, porte-parole de l'association Movement for Democraty Current Forces  évoque ensuite les 5 défis majeurs pour la Birmanie:

* La confiscation des terres : entre 1992 et 2012, 1.6 million d'hectares ont été confisqués par la force et sans compensation.

* 70% de la population étant rurale, cela crée un conflit national.

* Le droit au travail : 12 millions de Birmans sont à la recherche d'un emploi (sur une population active de 32 millions). Ceux qui travaillent (20 millions de personnes) ont un salaire très faible, travaillent jusqu'à 12h/jour, n'ont pas de protection sociale et peuvent être renvoyés sans explication...

* Lois répressives : 40 000 syndiqués seulement sur 20 millions d'actifs, pas de formation aux droits syndicaux,

* Le travail des enfants : 100 000 enfants travailleurs rien que sur Rangoon, 1 enfant sur 3 souffre de malnutrition.

* Violences inter communautaires :  Zarni explique que les bouddhistes et les musulmans ont toujours vécu ensemble, que le peuple birman est capable de vivre avec toutes les composantes de la population. Mais aujourd'hui, on a perdu le respect de l'inter groupe en raison de rumeurs véhiculées notamment par le responsable du cabinet du président birman. Il a tenu sur les réseaux sociaux et en toute impunité des propos anti-musulmans.  

La 2ème table ronde pose la question : Investir en Birmanie ? Bonnes pratiques et dispositif pour un investissement responsable en Birmanie.

Intervention d' Antonio Manganella, chargé de plaidoyer RSE (responsabilité Sociale des Entreprises) au CCFD-Terre Solidaire. Il évoque tout d'abord la grande corruption présente en Birmanie: elle est classée 172° sur 177 pays,  pour ce qui est de la corruption. Cela s'explique par un cadre juridique non sécurisé. 

Ratawit Ouaprachanon, coordinateur de SEM (Spirit in Education Movment), présente le projet Dawei. Il s'agit de créer un port en haute mer associé à un complexe industriel. Projet aussi inéquitable qu'irresponsable, d'après lui. C'est un projet birmano-thai qui relierait par une autoroute Dawei (partie sud de la Birmanie) à Bangkok par une gigantesque autoroute. Cela apporterait à la Thaïlande un accès direct à l'Océan Indien.

Les risques liés à ce projet: pollution de l'air, déchets, pollution eau de mer, confiscation des terres, déplacement des populations (30 000 personnes déplacées).

Il y a une forte résistance à ce projet.

Il y  a également plus de 20 projets de barrage hydroélectriques qui sont en cours de construction et une quarantaine de blocs pétroliers et gaziers en phase d'exploitation. Info Birmanie appelle les entreprises françaises à respecter le principe de consentement libre préalable et éclairé (CLIP) des communautés avant toute investissement en Birmanie. Le développement de la Birmanie va dépendre de la façon dont le pays va gérer l'exploitation de ses ressources naturelles.

Pour plus de renseignements, vous pouvez lire le compte-rendu (encore plus) complet de cette conférence en cliquant sur lien qui suit. Vous y trouverez les liens vers les films projetés, les chiffres exacts, les maquettes du projet Dawei, la présentation des invités, des associations partenaires, etc.

http://www.info-birmanie.org/wp-content/uploads/compte-rendu-conference-du-26-mars.pdf

Vous pouvez également lire la brochure très documentée et publiée par Info Birmanie sur l'investissement en Birmanie en cliquant ICI

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