Estelle, d’où vient ce désir d’action le 17 octobre, journée mondiale du refus de la misère ?
Mon attention aux personnes du ¼ monde est de longue date. J’ai été sensibilisée par mon parrain de baptême (volontaire à ATD ¼ monde) et lors des universités populaires, organisées par ATD (5/an).
J’ai souhaité pouvoir redonner la parole dans un espace public ce jour-là à ces personnes, car elles sont peu entendues.
À Sézanne et Esternay, ça a commencé par une manif en 2008, qui avait regroupé plusieurs associations pour cette journée (sous forme de microtrottoir).
Depuis 2011, toutes les associations du secteur se sont rassemblées avec l’organisme de l’intercommunalité pour un projet commun : pouvoir s’allier ensemble (les problématiques de chaque structure se rejoignent) pour que les actions menées soient vraiment complémentaires sur ce territoire de vie.
Cette année, lors de la 1ère rencontre de préparation du 17/10/13 du collectif en juin, la question de la discrimination sociale, qui est d’ailleurs défendue par ATD ¼ monde (en terme de plaidoyer), est apparue à tout le monde incontournable. Les mots – idées reçues - analyses présentées dans son outil « en finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté » permettait enfin le travail sur les préjugés que pouvait avoir tout citoyen.
Le soutien de l’équipe régionale de Reims au niveau d’ATD ¼ monde a été déterminant pour favoriser la prise de paroles des personnes victimes de ces discriminations, qui ont pu être aussi actrices durant la préparation de cette action. Ayant réfléchi sur les phrases du livre d'ATD ¼ monde, ces personnes victimes de discriminations ont pu en choisir certaines et en rajouter d’autres, selon leurs vécus. Un travail avait été aussi entrepris avec la cité scolaire (collège-lycées) et les écoles primaires pour les faire réfléchir sur ces discriminations : le fruit de ce travail a été intégré dans la forêt des idées reçues.
Ce qui t’a marqué le plus dans la préparation du 17 octobre et dans cette journée ?
La richesse d’un collectif, de la variété des associations qui le composent, des personnes qui y participent, chacun apportant une ressource issue de sa structure, de son activité.
La forêt des idées reçues a pu alors être réalisée le 17 octobre, grâce à un artiste, qui a créé une forêt à partir de matériel de récupération, des paroles retenues, des dessins réalisés ; des jeux de rôles pour sensibiliser les personnes présentes ont pu compléter cette exposition intergénérationnelle lors de cette journée qui a regroupé enfants, ados, parents, adultes, personnes accompagnées, acteurs de la société civile … en fait 120 personnes environ !
Des mondes qui ne se côtoyaient pas régulièrement ont pu ce jour-là vivre un grand moment ensemble d’écoute, de partage (en particulier à l’aide du jeu du positionnement).
L’expo a continué d’être à la médiathèque durant toutes les vacances scolaires de la Toussaint et va tourner par la suite dans les écoles et lieux où elle sera demandée.