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Après une vraie première nuit de sommeil dans nos maisons traditionnelles thailandaises dont tous les murs sont des moustiquaires, le doux bruit de la bruit et les sons inconnus de la forêt nous ayant bercé, la journée a commencé en douceur par un réveil des sens. Welra, une des membres de l'association SEM (Spirit in education movment), partenaire du CCFD-TS, nous a proposé une initiation au yoga...enfin, pour ceux qui ont eu le courage de se lever à 6h30.

Puis, nous avons eu l'immense honneur d'accueilir Sulak Sivaraksa qui nous a présenté les bases du bouddhisme socialement engagé qu'il a initié. Cet homme a rencontré plusieurs fois le Dalai-lama ainsi que Martin Luther King qui a appuyé sa candidature au prix Nobel de la paix. Il a également été emprisonné, exilé ou en résidence surveillée pour avoir dénoncé des projets de grande ampleur auxquels ils n’adhéraient pas. 

Il va donc pendant deux heures nous parler de ses combats pour que le bouddhisme prenne enfin une place importante dans la société, autrement que spirituellement. En effet, jusqu’il y a  vingt-cinq ans, le bouddhisme était une philosophie que l’on ne souhaitait pas mêler à la politique pour qu’elle ne perdre pas sa « pureté ». Or, selon les principes du bouddhisme, si l’on n’arrive pas à comprendre la souffrance des autres et que l’on continue de vivre dans un monde où l’on n'agit différemment que ce que l'on pense, il ne s’agit pas de bouddhisme. Sulak nous apprend alors qu’il y a 4 vérités :

-une première qui implique de reconnaitre la vérité de la souffrance (celle des autres et du monde et pas seulement la notre)

-la seconde est celle de la recherche de la cause de la souffrance en relation directe avec la haine et l’illusion dans laquelle nous conduit le capitalisme

-la troisième vérité est celle de la nécessité d’éliminer la souffrance

-la dernière est celle de trouver la solution pour l’éliminer et pour cela, il faut avoir sa propre compréhension individuelle, et son libre arbitre.

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Il a donc commencé par passer  dix ans de sa vie à traverser les pays bouddhistes dans le monde afin de convaincre les moines qu’ils étaient radicalement nécessaire de changer le bouddhisme et d’en faire une spiritualité applicable à la vie de tous les jours, et pas seulement en pensée. Au Viêt-Nam, pays bouddhiste, ce dernier n’existe plus que dans les temples et s’éloigne de toute question politique. Or, à contrario de ce qui est fait, les bouddhistes ne doivent pas se servir de leur religion pour fuir la réalité et pour leur propre bien-être personnel même si celui-ci est fondamental mais ils doivent s’en emparer. Depuis vingt-cinq ans, Sulak a donc créé ce réseau de bouddhisme socialement engagé (INEB). Pour être plus précis, lors de la guerre du Vietnam, le communisme et le capitalisme se sont retrouvés en conflit. Les bouddhistes se sont retrouvés entre les deux et ont été accusés de soutenir les deux côtés. C'est pourquoi quelques bouddhistes dont Thich Naht Hahn ont proposés une troisième voie de non-violence : le bouddhisme engagé, concept auquel Sulak a proposé d'ajouter le terme socialement afin de rappeler la place nécessaire du bouddhisme dans la société.

Aspect soulevé également dans l’actuel débat de société, toutes les orientations sexuelles sont tout à fait reconnues et acceptées au même titre que les hétérosexuels car l’union dans le bouddhisme n’a pas pour but comme dans les religions monothéistes de procréer mais d’arriver à un état d’amour pur et sincère. Cependant, cette question est toujours compliquée puisqu’en Birmanie par exemple, seuls les couples de même sexe ont le droit de s’unir. Par ailleurs, la question de la femme reste un sujet compliqué.

Être une femme en Thaïlande présente un avantage : les moines bouddhistes sont tellement occupés par l’argent et le pouvoir qu’ils ne se sont pas occupés de cette question là et des femmes moines ont commencé à voir le jour depuis dix ans (elles sont actuellement environ 150, soit six fois moins que les hommes mais sont par ailleurs avec ce chiffre, bien plus actives que les hommes dans leur engagement).

Nous avons terminé cette présentation en remettant des cadeaux de remerciement à Sulak.

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Pour la moindre question, n'hésite pas à les mettre dans les commentaires !

Agathe, Lucile et Marie