Pendant le temps de Carême nous avons été invités par le CCFD-TS à mieux réfléchir à la solidarité internationale, à voir comment sortir de nos immobilités et nos incapacités à agir, à chercher des germes de vie autour de nous et des gestes de solidarité vers ceux qui nous appellent. La démarche proposée était : écouter, comprendre, agir et « transformer le cri des Hommes en clameur d’espérance ».


     Pendant trois jours, Adrian Alvarez, partenaire du CCFD-Terre Solidaire, a été accueilli en Ariège. Il est responsable au Centre Bartolomeo de las Casas à Cuzco où il met ses compétences d’avocat au service des communautés paysannes dépossédées de leur terre et victimes des politiques d’exploitation minière par les grandes firmes. Il est engagé dans les projets d’organisation sociale paysanne et la gestion municipale, intervient comme conseiller et médiateur dans les conflits socio-environnementaux liés aux activités minières.

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     En venant parmi nous, il a participé le dimanche 26 avril au trail de Roumengoux organisé par le CCFD Terre Solidaire et des étudiants toulousains avec l’aide de bénévoles ariégeois …/…Une table ronde animée par les étudiants pour évoquer les actions engagées ici comme au Pérou pour mieux maîtriser les aménagements, limiter le gaspillage, réguler les échanges, terminait la journée.…/…

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     Les amis du Pays d’Olmes ont reçu Adrian le mardi 28 pour d’autres visites : le SMECTOM, les Forges de Pyrène et le musée des vieux métiers. Mais un séjour même court dans cette région, ne pouvait ignorer le passage à Montségur que nos invités ont gravi avec aisance ; « ce n’est pas le Pérou »dit- on à un homme de l’Altiplano !

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     Et la journée s’est terminée par une soirée très chaleureuse avec soupes péruviennes bien sûr. Enfin, nous disons surtout un grand merci à tous ceux que nous avons rencontrés et qui ont contribué à l’organisation de ce séjour.
                                                              Colette et Jo pour les membres du CCFD-Terre Solidaire en Ariège

 

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Soirée du mardi 28 à Lavelanet:

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Témoignage publié avec l’aimable autorisation de l’auteur:

                                              AU PÉROU, HUMANITÉ CONTRE SOCIÉTÉS MINIÈRES.

Le CCFD-terre solidaire (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement) du Pays d’Olmes a eu l’heureuse initiative d’inviter Adrian Alvarez du CBC (Centre Bartolomeo de las Casas) de Cuzco (au Pérou) pour une conférence au sujet des effets de l’industrie minière sur les populations locales. La traduction était assurée par Flore Ghetti, étudiante en communication internationale, dont il faut louer la compétence.
Qu’est-ce que le CBC ?
Après une présentation géographique et institutionnelle du Pérou, Adrian Alvarez évoquait
la création du Centre Bartolomeo de las Casas par quatre dominicains français à Cuzco, dans la partie montagneuse (Andes) du pays. Dans la ville, de nombreux paysans arrachés à leurs terres par la misère, dormaient à la rue et le CBC se fixa pour but d’aider ces indigènes pour le logement, la nourriture et les démarches administratives. Les termes « paysans » et « indigènes » désignant les mêmes personnes.
Les manœuvres de l’industrie minière.
Les grandes sociétés minières jouent sur le flou juridique et corrompent les responsables indigènes en les invitant, par exemple à Lima pour visiter la ville, bien manger, s’amuser et du coup ils acceptent les propositions et signent leur dépossession. Des sociologues et anthropologues sont embauchés pour cela par les firmes extractivistes. L’Etat sous- évalue les terres, par exemple à 20 centimes de sol le m2 et les sociétés minières proposent 30 centimes, le paysan croyant y gagner, vend. S’il refuse, il est menacé d’expropriation. Il lui est souvent promis de travailler à la mine pour 1500 soles par mois, mais ces contrats durent trois à quatre mois, puis on le remercie et un autre prendra sa place ...
Discrimination :
Au Pérou, la discrimination envers les indigènes est double : ethnique et linguistique. Ethnique, car un indigène est souvent traité d’ « indien de merde ». Linguistique, car si parmi les 47 langues du Pérou, trois sont reconnues officiellement (castillan, quechua et almara), seul le castillan est en bonne place, les deux autres sont « les langues des lamas » !
Et pollution :
La mine c’est aussi des métaux lourds partout dans les terres, l’eau et l’air. Mais les grandes firmes nient le nombre élevé d’animaux morts, la santé dégradée des humains. L’étude d’une chercheuse espagnole a été dépréciée par le mensonge et la déqualification de la personne qui n’aurait été qu’une stagiaire. L’Etat cache les méfaits et adapte les lois aux demandes des puissances économiques. Des zones entières sont sous la coupe de l’industrie extractiviste.
La revue hebdomadaire « La Vie » a très bien relaté ceci pour « Las Bambas » (N° 3731 du 2 au 8 mars 2017) ***
La résistance :
Mais les populations résistent et de nombreuses révoltes contre les entreprises minières et le vol des terres ont éclaté. En face, l’Etat envoie la police qui, avec la nouvelle loi d’impunité, peut tuer. Tromper l’opinion et manipuler les médias ne fonctionne pas toujours et des succès ont été remportés par les travailleurs aidés par des associations de défense des droits humains.
LE CBC et les « sujets politiques ».
C’est dans ce contexte que le Centre Bartolomeo de las Casas agit pour défendre des personnes dans des situations particulières, mais surtout pour former les victimes à la connaissance juridique et sociale, pour qu’elles puissent elles-mêmes s’organiser collectivement, se défendre et gagner pour des solutions alternatives. Cette forme d’auto-organisation est, insiste Adrian Alvarez, la lutte pour créer des « sujets politiques ». Ce terme, nouveau pour nous en France, est très important. Il n’est pas question d’être « sujet » dans le sens de « dépendant », « soumis », mais, au contraire d’être « sujet » dans le sens de « qui fait l’action ». Le « sujet politique » est l’individu autonome et acteur de son présent comme de son futur, en liaison avec les autres. Le CBC progresse dans cette action, des personnes formées par le centre ont été élues, une a été maire mais assassinée trois mois après, ce qui montre la violence des rapports sociaux au Pérou.
Le CBC veut également trouver l’alternative économique aux mines et assurer l’autonomie alimentaire des populations, en parallèle artisanat et tourisme solidaire complètent les revenus et développent la solidarité internationale.
C’est dans cet esprit que le CCFD-Terre Solidaire français est partenaire du CBC péruvien.
Une belle soirée qui sortait des frontières terrestres et intellectuelles.

                                                                                       Jean-Charles SUTRA     

           
*** Afficher > L'article de LA VIE : Texte Jordan Pouille / Photos Catalina Martin-Chico pour La Vie publié le 01/03/2017 <