Leur adversaire ? Pas moins que Michelin, leader mondial des pneumatiques. Depuis 2010, la Tamil Nadu Land Rights Federation (TNLRF, Fédération des droits fonciers du Tamil Nadu) lutte pour empêcher le géant français de lancer l’usine construite sur une ancienne forêt communautaire du Tamil Nadu, dans le sud de l’Inde.
« Cette forêt abritait les activités agricoles de nombreux dalits (intouchables), explique Samy Lourthusamy, membre de la TNLRF. Ces gens, majoritairement pauvres, ont perdu là leur principal moyen de subsistance. » La mobilisation des habitants par la TNLRF a permis de bloquer l’ouverture de l’usine.
Ce combat a offert une visibilité internationale à l’association. « Créée en 2010, elle vise à réunir les associations de dalits, de paysans, d’indigènes… pour qu’ils unissent leurs forces et puissent faire face au gouvernement qui accorde parfois indûment des permis, tout en informant les gens sur leurs droits, explique Sylvain Ropital, chargé de mission au CCFD-Terre solidaire, qui soutient la fédération. La question de l’accaparement des terres leur est commune. » Sur la côte de l’océan Indien, cela concerne les artisans pêcheurs, à l’intérieur, des terrains réservés aux dalits, etc. De nombreuses terres ont été récupérées ces dernières années par les industriels.
« Notre objectif est de créer une vraie solidar ité entre nos membres, de quelque communauté qu’ils soient, précise Vadaraj Baskaran, avocat membre de la TNLRF. Nous sommes ensemble face au gouvernement et à la police. » La fédération vient tout juste de créer un centre de recherches pour analyser les stratégies de l’État et des entreprises en matière d’accaparement des terres.« Nous formons déjà les leaders communautaires aux moyens de l’éviter, insiste Samy Lourthusamy. Nous nous battons pour que l’homme soit au centre de la politique de développement. »