P. Christophe Battut Curé de Sainte-émilie des Causses, à Onet-le-Château (Aveyron) (Journal LA CROIX du 2 décembre 2013)
HUGUES-OLIVIER DUMEZ (àRodez)‣ Le diocèse de Rodez célébrait hier la remise des « orientations missionnaires » de Mgr François Fonlupt, en place depuis 2011. ‣ à 38 ans, le P. Christophe Battut essaie, à sa manière, d’incarner une église qui modifie ses habitudes pour mieux rejoindre les populations.
C’est à moto qu’il sillonne les 22 clochers de sa paroisse. Depuis un an, le P. Christophe Battut est le curé de Sainte-Émilie des Causses, à Onet-le-Château, au nord de Rodez. Tel un jeune cadre dynamique, il consulte son agenda de ministre sur une tablette tactile. Le P. Battut le sait bien : à 38 ans, il fait partie des forces vives du diocèse de Rodez. « L’église est devenue minoritaire sur ce territoire pourtant ancré historiquement dans le christianisme, souligne ce natif de l’Aveyron. Quand j’étais enfant, il y avait un prêtre dans chaque village. Désormais, seulement huit prêtres ont moins de 50 ans, et un grand point d’interrogation plane sur l’avenir de nos communautés. C’est une grande souffrance et je prie quotidiennement pour les vocations. »
Présent à la fête diocésaine organisée hier en la cathédrale de Rodez, le P. Battut a pris connaissance de la lettre pastorale de l’évêque. Mgr François Fonlupt y décrit un tissu ecclésial fragile comptant 140 prêtres, dont une centaine a plus de 75 ans. En parallèle, la pratique dominicale s’est réduite à un pourcentage inférieur à 5 %. Et pourtant, de nombreux chrétiens prennent une place plus active dans l’animation des communautés. « C’est à partir de ce diagnostic que nous pourrons repartir de l’avant, confie le jeune prêtre. Prenons du recul par rapport à nos missions, évitons le stress et le surmenage, afin d’accompagner au mieux la communauté chrétienne. »Du discours à la réalité, il n’y a qu’un pas que le P. Christophe franchit avec simplicité. Il est ainsi à l’origine d’un rassemblement original qui a réuni les membres de sa paroisse et ceux de Villefranche-de-Rouergue, située à plus d’une cinquantaine de kilomètres. Les deux paroisses partagent le patronyme d’Émilie de Rodat, une sainte aveyronnaise fondatrice de la congrégation des Sœurs de la Sainte-Famille. « Nos communautés ont tendance à fonctionner sur elles-mêmes, confie-t-il. En invitant à vivre ensemble des temps forts, le prêtre offre un horizon plus large que celui de sa communauté. » Plus récemment, le P. Christophe a supprimé la messe du samedi soir à Onet-le-Château pour valoriser la périphérie : « Les fidèles qui résident dans le centre se déplacent pour soutenir les messes dans les villages et nos églises se remplissent avec une diversité qui est nouvelle. » La paroisse s’est aussi confrontée aux enjeux de la réévangélisation. Une salle paroissiale située dans le quartier des Costes rouges, sorti de terre dans les années 1960, était à l’abandon.
« La municipalité désirait récupérer le bâtiment, rappelle P. Christophe. Mais nous l’avons restauré pour en faire un lieu communautaire où des célébrations de l’eucharistie ont lieu mensuellement, et où les enfants prennent part à l’animation de la liturgie. »