finance solidaireLa Croix du 4 novembre 2013 par Rémy Pigaglio

‣ En 1983, le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) lançait son premier produit financier solidaire : Faim et développement. ‣ Le CCFD créait en même temps la Sidi, une société chargée de soutenir les organismes de microcrédit dans les pays en développement. ‣ Trente ans plus tard, l’organisme caritatif propose six produits financiers solidaires aux entreprises comme aux particuliers.


Le CCFD a alors deux idées. D’abord, créer une entreprise chargée de financer des actions de développement en prêtant de l’argent pour des projets généralement exclus du prêt bancaire traditionnel. Ensuite, créer un fonds commun de placement pour financer les activités de cette société. La Sidi (Société internationale pour le développement et l’investissement) et le FCP Faim et développement étaient nés.En 1983, c’était l’émulation à l’Est. Le syndicat Solidarité, en Pologne, est sous les feux de l’actualité. Cette ambiance, propice aux initiatives, poussa le primat de Pologne à interpeller le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD-Terre solidaire) : « Il a insisté pour que nous trouvions un moyen de financer les activités génératrices de revenus, pour encourager le développement en Pologne. Il ne voulait pas que cela se fasse par des dons, mais par des prêts » , raconte Geneviève Guénard, directrice administrative et financière de l’association.

Faim et développement est le tout premier fonds commun de partage créé en France. Géré par Ecofi Investissements, filiale du Crédit coopératif, il s’inscrit dans la finance solidaire, alors à ses balbutiements. Le principe du fonds est simple : les souscripteurs reversent 50 % ou 75 % des revenus de leur placement à la Sidi. Trente ans plus tard, le fonds a rapporté 23 millions d’euros, selon le CCFD, et regroupe aujourd’hui 5 000 souscripteurs. Les revenus sont intégralement utilisés pour subventionner les actions de la Sidi auprès des organismes de financement qu’elle soutient.

La Sidi, de son côté, cherche à ne pas financer elle-même les projets qu’elle sélectionne partout dans le monde. Pour renforcer leur autonomie et leur efficacité, elle se charge d’assurer un appui technique et financier aux « structures de financement de proximité » , implantées localement. En proposant des prêts ou en acquérant une partie du capital de ces organismes, elle assure leur financement. Parallèlement, elle se charge d’assister la société dans la mise en place de ses procédures, dans son fonctionnement, dans l’organisation de sa structure… Le seul domaine où la Sidi préfère continuer d’intervenir directement auprès des entrepreneurs est l’agriculture, le risque étant considéré comme t ro p g ra nd p a r b o n nombre de sociétés de financement. « Le remboursement, en effet, dépend du résultat de la récolte   » , e x p l i q u e Geneviève Guénard.

Au fil du temps, le CCFD a renforcé son offre de produits financiers. Cinq, en tout, sont proposés aux institutions et aux particuliers. Pour fêter les 30 ans du lancement de Faim et développement, un sixième est lancé : le compte à terme Agir pour le CCFD, destiné aux personnes morales. Avec un montant minimum de 1 000 €, les souscripteurs s’engagent à verser 50 % des intérêts perçus au CCFD-Terre solidaire. Un produit qui s’ajoute, outre le FCP Faim et développement, à la Sicav Solidarité CCFD-Terre solidaire (développement en Europe et en direction des migrants), au FCP Éthique et partage-CCFD (éthique et solidaire), au FCP Faim et développement-Agir CCFD (disponible dans toutes les banques et pas seulement au Crédit coopératif ) et aux livrets d’épargne Agir CCFD-Terre solidaire et Service épargne solidaire.

De son côté, la Sidi a continué son action jusqu’à atteindre les deux millions de bénéficiaires en 2012. L’entreprise soutient par exemple l’action de 110 mutuelles de solidarité en Haïti, l’effort d’équipement de petites unités de thé noir et l’obtention de la certification biologique et équitable dans le nord du Vietnam, ou encore les financements proposés par la Banque malienne de solidarité. « Notre action ne permet pas aux gens de devenir riches. Elle leur permet de quitter la pauvreté en soutenant leurs initiatives, indique Geneviève Guénard. Et, dans le Sud, les gens ont énormément d’idées ! »

« Notre action ne permet pas aux gens de devenir riches. Elle leur permet de quitter la pauvreté en soutenant leurs initiatives. Et, dans le Sud, les gens ont énormément d’idées ! »