Edito La Place de Maryse Fischer, présidente de la commission Plaidoyer du CCFD-Terre solidaire - avril 2020

Alors que la planète entière est submergée par la pandémie au Covid-19 qui bouleverse toute notre organisation, force est de constater que les personnes les plus précaires, et en particulier les personnes migrantes, sont les grandes oubliées de notre gouvernement !

Si les associations caritatives déploient un dévouement admirable pour distribuer de l’aide alimentaire tout en respectant les mesures de prévention, le point crucial reste l’hébergement. Dans cette situation de pandémie, où le confinement de toute personne est une nécessité pour sa propre santé comme pour la santé publique, que fait l’État de son obligation d’hébergement d’urgence ?

Le Conseil scientifique Covid-19, lui-même, dans son avis du 2 avril (partie II-4), alerte sur la nécessité de mobiliser « toutes les solutions d’hébergements publics et privés » sur le principe de « un logement d’abord » pour toutes les personnes en précarité.

Pourtant, il subsiste encore nombre de squats, de campements, où cohabitent des personnes, y compris des jeunes migrants isolés non reconnus mineurs, en grande vulnérabilité encore aggravée par le manque d’accès à l’eau et aux mesures de prévention.

Avoir un toit, vital en période de pandémie, est la 1ère condition pour une vie digne : c’est l’un des messages de la campagne du CCFD-Terre solidaire « Devenir une ville accueillante, c’est possible !». Dans le cadre de cette campagne, nous savons à date que 72 rencontres entre bénévoles et candidat·e·s ont eu lieu avant le 1er tour des élections municipales et que dans environ 50 cas, nos propositions ont été bien accueillies et devraient permettre de construire une concertation avec les futur·e·s élu·e·s ! Un bilan plus précis vous sera proposé après les élections.

Le collectif des Etats Généraux des Migrations (EGM), dont le CCFD-Terre Solidaire est membre actif, s’empare également de la question et propose des mobilisations citoyennes pour interpeller les Préfets et l’État. A Besançon, comme en d’autres villes, l’assemblée locale des EGM a été à l’initiative d’une lettre signée par vingt organisations (associations et syndicats) adressée au Préfet demandant l’hébergement de toute personne, des améliorations du droit au séjour et des conditions de vie. Pas de réponse, mais des annonces de mesures par voie de presse.

A retenir aussi : l’initiative de 92 associations et collectifs, dont le CCFD-Terre Solidaire, qui se sont entendu·e·s pour saisir 7 rapporteurs spéciaux de l’ONU afin de les alerter sur la situation des personnes vivant à la rue, dans des squats et bidonvilles en France. S’appuyant sur un état des lieux précis, ces organisations demandent aux rapporteurs de l’ONU qu’ils interviennent de façon urgente auprès de la France et exigent qu’elle prenne toutes les mesures à la hauteur du danger du Covid-19. Dans cette même optique, 104 parlementaires demandent au 1er ministre de régulariser, à titre temporaire, les sans-papiers afin qu’ils aient les mêmes droits dans l’accès aux soins ; ils y voient une exigence de solidarité et de salubrité publique. Le Portugal l’a fait, pourquoi pas la France ?

Au niveau européen, la fermeture des frontières  en réaction à la pandémie, a exacerbé les violences à la frontière gréco-turque. Nombre de personnes exilées qui fuient la Turquie, sont refoulées par la Grèce et subissent les pires violences. Une coalition d’organisations contre les violences aux frontières s’est mise en place et s’apprête à déposer plainte contre la Grèce et l’Union Européenne (UE) pour les violations des droits des personnes fuyant la Turquie.

Face à ces réactions de repli sur soi, de racisme et de violence, rappelons encore et toujours que c’est par la solidarité à l’égard des populations les plus fragiles, à l’égard des États les plus démunis que nous pourrons surmonter cette pandémie virulente. A la globalisation du virus, répondons par la globalisation de l’entraide et de la solidarité !

« Soyez sans crainte ! », tel est le message de Jésus dans l’Évangile proclamé à la veillée pascale : il peut être compris comme un appel actuel à l’audace, à l’innovation et au courage, pour construire avec d’autres, ce monde « d’Après » juste, solidaire, viable qui donne la priorité aux biens communs de toute l’humanité…