Marie-Hélène Godeau, bénévole dans l’Indre-et-Loire, a été élue en septembre 2020 lors de l’Assemblée régionale à la Commission nationale du Partenariat International (CPI). Elle nous éclaire sur les impacts de la pandémie pour les partenaires et les populations d’Amérique latine, sous-commission territoriale (CTP) dont elle est membre.
La CPI a pour mission de valider les stratégies de partenariat international, de délibérer sur le choix des partenaires, et plus globalement les engagements et les stratégies de partenariat du CCFD- Terre solidaire dans le monde.
La CPI est composée de 80 bénévoles de toute la France, répartis en 10 sous-commissions territoriales (CTP), assistés de salariés de la Direction du Partenariat International dont des chargés de mission qui se rendent dans les pays concernés.
Le travail de la CPI et des CTP s’est poursuivi à distance et les bénévoles ont pu délibérer sur tous les programmes d’aide de 2020 et 2021. Les aides financières aux partenaires, en 2020 et les crédits pour 2021, ont été maintenus et versés aux partenaires. En revanche, les chargés de mission n’ont pas pu se rendre sur place, mais ils sont restés en contact régulier avec les partenaires.
Impact de la pandémie en Amérique latine
L’Amérique latine est l’une des régions du monde la plus touchée par le virus avec un système de santé faible et débordé ainsi que des gouvernements plutôt « autoritaires ». Ainsi, des mesures coercitives ont été appliquées par la violence en toute impunité. La liberté de circuler, mais aussi la liberté d’expression ont été fortement mises à mal, les mouvements sociaux pour la démocratie au Guatemala, au Chili, en Bolivie et au Pérou ont été stoppés, les violences faites aux minorités et aux femmes ont augmenté. Autre conséquence : une crise alimentaire terrible. Le gouvernement brésilien a autorisé les grandes entreprises à brûler des territoires entiers en Amazonie pour y installer de l’élevage ou des mono-cultures de soja, et à occuper en toute impunité les terres des populations indigènes et ainsi de les chasser. En 2020, la déforestation a atteint son plus haut niveau depuis 12 ans, 100.000 feux et destruction de 11.088 km².
La réaction des partenaires dans ce contexte
Les partenaires du CCFD-Terre solidaire sont des organisations locales qui ont poussé à la ré-organisation des systèmes alimentaires en produisant des analyses pour stimuler la production de produits diversifiés en agro-écologie et encourager la consommation locale pour faire face à l’urgence alimentaire.
Quelques exemples :
- Au Brésil, les paysans ont distribué leurs produits dans les quartiers populaires des villes, AFPTA a soutenu les femmes pour vendre leurs produits sur les marchés agro-écologiques et pour l’achat de semences
- Au Pérou (CBT), des formations à l’agro-écologie pour des agriculteurs, et au Paraguay, des cours en visio sur la culture de jardins potagers
- Action des partenaires auprès des élus pour augmenter les moyens pour l’agriculture familiale avec des programmes d’achats publics
Pour garder le lien, les communautés ont développé les liens par internet ou via des radios communautaires, moyen souvent plus adapté aux moyens des communautés.
Bilan global :
- Capacité des partenaires à utiliser et augmenter la communication digitale qui a permis de maintenir leurs activités,
- Détermination des partenaires et à leur forte réactivité face à la crise dû au COVID 19,
- Actions de lutte contre le patriarcat maintenues : droits des femmes, égalité hommes-femmes et défense des minorités ethniques,
- L’agro-écologie a démontré une forte résilience pour lutter contre la crise alimentaire
- L’Amérique latine a des leçons à donner à l’Europe en matière de lutte pour les droits humains par l’action citoyenne et civique que développent les partenaires et les populations locales.