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La campagne "Pas de petites réussites" pour favoriser un autre développement


La crise financière, principale origine des maux que nous subissons aujourd’hui

 

            La crise financière explose en 2008. Des prêts immobiliers sont accordés par les banques commerciales à des particuliers puis transformés par les banques d’investissement en titres financiers négociables, rendant illisibles la solvabilité des créances qu’ils regroupent (C’est la titrisation). Une grande banque américaine se met à spéculer au détriment de ses propres clients : l’un de ses départements fait la promotion des titres à la vente, tandis qu’un autre spécule à la baisse. Elle cultive le goût du secret, fonctionne comme un casino et exporte ses produits toxiques en Europe. La crise précipite 7 à 8 millions d’américains dans une grande pauvreté et les prive de leur maison car ils ne peuvent plus rembourser leurs prêts. Au même moment, les marchés et les agences de notations restent étonnamment silencieux face aux activités nocives d’un système d’économie spéculative et se révèlent incapables de brider les excès de Wall Street. Des banques d’autres pays participent à ce même mécanisme : dégager des profits en spéculant sur de l’argent virtuel (c'est-à-dire qui n’existe pas). On assiste à la confiscation du pouvoir par les banquiers, dont les chefs traitent à égalité avec les responsables politiques. Dans ce contexte, on peut affirmer que la démocratie est en danger, car ce ne sont plus les hommes politiques qui gouvernent, mais les rois de la finance : marchés, agences de notation, banquiers, spéculateurs….. La mafia ne s’y est pas trompée en blanchissant d’énormes capitaux avec la complicité des banques et de leurs filiales dans les paradis fiscaux.


Un autre monde est possible

            Face à ces comportements qui appauvrissent la majorité des citoyens et favorisent une minorité de privilégiés, nous voulons bâtir un monde solidaire, dans lequel l’homme soit la priorité, avec les associations porteuses des mêmes valeurs.

Nous réclamons la mise en place d’une régulation financière, des dispositifs assurant la transparence - pays par pays – afin de combattre la fraude et l’évasion fiscale des filiales de multinationales. Cette fraude fiscale internationale prive la France d’au moins 20 milliards d’euros annuels. Dans les pays du Sud, ces fuites de capitaux dépassent les sommes consacrées à l’aide au développement. 

            Nous souhaitons faire appel à la responsabilité des entreprises. Les multinationales doivent cesser leurs activités destructrices de l’environnement et de la santé des populations africaines ou sud-américaines. Lorsque des abus sont commis, des mesures s’imposent pour mettre un terme à leur impunité. Aussi, nous demandons l’accès à la justice pour les victimes des multinationales.  Le CCFD-Terre Solidaire exige la levée de la séparation juridique entre une entreprise, ses filiales et ses sous-traitants, car les multinationales sont très souvent juges et parties dans les pays où elles opèrent, participant à la conception des cadres juridiques qui organisent leurs activités.

De même un contrôle des investissements étrangers concernant les achats de terres arables s’impose. Nous condamnons ces achats car ces terres sont accaparées pour le développement de l’agriculture intensive au détriment de la souveraineté alimentaire des pays du Sud.

            Nous voulons que les acteurs de la société civile soient des forces de proposition. Au Forum Social Mondial (FSM) de Tunis, du 26 au 30 mars prochain, des dizaines de milliers de personnes impliquées dans les mouvements sociaux vont se retrouver, s’informer et se dire ensemble comment construire un autre monde. Deux militants du CCFD-Terre Solidaire de notre région y seront présents.

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Vivre la Solidarité au quotidien ici et là-bas

            Les partenaires que nous recevons courant mars, en inventant des solutions chez eux, ont des choses à nous dire pour nos pays « riches ».

Ils nous montrent comment la gestion de l’agriculture paysanne permet d’améliorer les conditions de vie des populations rurales. Ainsi, la Fédération des paysans du Fouta Djallon en Guinée Conakry développe des pratiques agronomiques et agroécologiques. Elle structure et soutient la production mais aussi la commercialisation des produits, permettant à environ 120 000 producteurs adhérents de se regrouper et de s’unir. Au Mali, l’association Afrique Verte travaille à l’amélioration de la sécurité alimentaire par la transformation et la promotion de produits alimentaires à base de céréales en vue de réduire l’insécurité alimentaire qui règne dans ce pays.

En France aussi, en Région Centre, nous assistons au développement d’une agriculture vivrière et maraîchère, qui s’affranchit des secteurs de distribution classique et organise des circuits courts, par la naissance d’épiceries solidaires, par la création d’Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP). Il s’agit d’un partenariat entre un groupe de consommateurs et une ferme qui propose un panier de produits frais et bio.

Nous recevons aussi un partenaire brésilien Centrac dont la mission est de contribuer à former une culture citoyenne chez les travailleurs en appuyant leurs organisations et en mettant l’accent sur les politiques publiques. Ici, nous sommes également invités à une participation citoyenne dans la gestion publique pour consolider la démocratie et la justice sociale.

Avec cette venue de trois partenaires en Région Centre, le CCFD-Terre Solidaire vit un temps d’échanges et de partage extraordinaires : une incitation pour nous à développer nos pratiques de partage que sont le covoiturage, la colocation, la mise en commun d’un jardin privé, le fait de vivre à deux générations sous le même toit. L’objectif est de créer du lien, de rompre la solitude, de susciter des échanges. Le partage devient un élément de développement durable, car la mutualisation des moyens permet une économie de ressources.

 

Un autre cap est nécessaire pour notre économie

 Face à l’enlisement de la crise en Europe, Gaël Giraud, jésuite et chercheur en économie au CNRS, prône un profond changement de modèle économique fondé sur le respect de l’environnement, Il s’agit de passer d’une économie énergivore et destructrice de la Création à une économie sobre, moins polluante afin de sauvegarder la qualité de notre terre pour le bien des générations futures. Tant que les marchés serviront des rendements extravagants de 15% par an, ils poursuivront la déstructuration de l’industrie et capteront une épargne qui pourrait s’investir utilement dans la transition écologique et climatique, génératrice d’emplois non délocalisables. Cette transition coûterait 300 milliards € par an à l’Europe, alors que la BCE fin 2011, en l’espace de trois mois, a mis à disposition des banques européennes 1 000 milliards € ! Dans son dernier livre « Illusion financière. Pourquoi les chrétiens ne peuvent pas se taire », le chercheur dénonce l’idolâtrie des marchés dérégulés, le secteur bancaire de l’ombre qui échappe à toute réglementation, les subterfuges utilisés pour camoufler la réalité. Continuons de tracer le chemin d’une économie sociale et solidaire déjà en plein essor et soutenons toutes ces initiatives locales, vécues aujourd’hui ici et là-bas dans les différents pays où vivent nos partenaires. Avec les participants au prochain FSM, partageons les réalisations et les luttes qui contribuent déjà à la construction du monde meilleur et plus solidaire auquel nous rêvons.

 

Louis  Moulay – Militant au CCFD-Terre Solidaire de l'Indre-et-Loire