La COP 22, c’est-à-dire la 22ème Conférence des Parties sur le Changement Climatique, se déroule du 7 au 18 novembre à Marrakech au Maroc. Elle fait suite, à la COP 21 qui s’est tenue à Paris en novembre et décembre 2015, et qui s’était conclue par l’accord international sur le climat, signé par 195 pays, le 12 décembre dernier au Bourget. Déjà un point de départ indispensable vers une action coordonnée et renforcée de tous les Etats face aux changements climatiques ! Mais tout restait à faire encore pour enrayer la crise climatique. Car l’accord ne constituait qu’un cadre de travail, plutôt qu’un plan d’action. Certes, il fixait un cap ambitieux, mais les moyens restaient à déterminer pour y parvenir. Des éléments essentiels sont encore en suspens. Entre autres, on peut rappeler que la bataille des financements reste entière ; que l’accord est loin de permettre, en l’état, aux plus vulnérables de se prémunir contre les risques climatiques ; et que les droits de l’homme, la transition équitable, et la sécurité alimentaire sont relégués dans la partie non contraignante de l’accord.
La C.O.P. 22 doit donc permettre d’accélérer et de concrétiser les efforts promis l’an dernier par les Etats. Or, de fortes divergences subsistent sur des sujets majeurs pour les populations les plus vulnérables, comme l’agriculture, ou l’adaptation en fonction des situations respectives de développement des populations. L’enjeu de la COP 22 est double : rendre l’Accord de Paris opérationnel, et accélérer l’action en faveur du climat avant 2020, tout en respectant les droits humains. Les trois prochaines années seront déterminantes pour limiter les impacts des dérèglements climatiques. Si rien n’est fait, d’ici là, l’objectif de l’accord de Paris deviendra caduque avant même sa mise en place. Bien des désaccords subsistent sur des sujets essentiels pour les populations déjà affectées par le changement climatique, notamment sur le continent africain, qui accueille actuellement la COP 22.
L’agriculture, par exemple, est définie comme un enjeu prioritaire par 94% des contributions nationales. Pourtant, l’opposition entre les pays émergents, qui ne veulent pas discuter de la réduction des émissions de CO2, et les pays développés risque de paralyser les discussions. Il est donc urgent de définir les objectifs et les critères d’une agriculture répondant au double enjeu du changement climatique et de la sécurité alimentaire. Il ne faut pas, en particulier, laisser le champ libre à des initiatives et des pratiques – telles que les OGM et l’utilisation d’intrants chimiques nocifs – qui contribuent à notre dépendance aux combustibles fossiles et rendent les agriculteurs de plus en plus vulnérables. C’est le deuxième enjeu à Marrakech : celui de préciser des engagements forts en faveurs des populations les plus vulnérables. Si Le seuil des 100 milliards de dollars de financement climat sont annoncés d’ici 2020, l’adaptation aux chocs climatiques est largement sous-financée par les contributions publiques. Les pays africains devront se faire entendre, car ils sont les moins responsables du changement climatique, bien qu’ils en soient les premières victimes. D’ici à 2020, 75 à 250 millions d’Africains seront exposés à une cruelle absence d’eau. Aussi la moitié des financements climat devrait être affectée à l’adaptation, selon les situations. Que vont faire les Etats pour limiter les impacts climatiques ? Vont-ils respecter les droits humains ? Cela se traduira-t-il dans les politiques nationales ? En effet, des actions climatiques qui contribueraient à accroître les inégalités n’auraient aucun sens. La lutte contre le changement climatique est donc loin d’être gagnée et le temps joue en notre défaveur. En cette année 2016, la plus chaude jamais enregistrée, la COP 22 déterminera si les Etats sont prêts à agir concrètement et rapidement.