« Quelles sont les alternatives possibles aux différents systèmes de productions et de distributions des denrées alimentaires tels qu’ils existent aujourd’hui en Europe, de l’Espagne à la Russie ? C’est le sens des débats et des croisements d’expériences du Mouvement mondial pour la Souveraineté Alimentaire, appelé Nyéléni, au deuxième Forum Européen, qui s’est tenu à Cluj Napoca, en Roumanie, du 26 au 30 octobre dernier. Une délégation française d’une trentaine de personnes, dont trois membres du C.C.F.D.-Terre Solidaire, y participait. Déjà un premier Forum Mondial pour la Souveraineté Alimentaire s’était tenu à Nyéléni au Mali en 2007. Dans cette lignée, un premier Forum européen, organisé à Krems en Autriche, en 2011, avait donné lieu à une déclaration commune et à un plan d’action. L’édition de ce nouveau Forum européen, la semaine dernière à Cluj Napoca en Roumanie, manifestait la croissance continue du Mouvement pour la Souveraineté Alimentaire dans la région paneuropéenne.
Il est bon de rappeler que la notion de souveraineté alimentaire a été initiée par le Mouvement social et paysan international « Via Campesina » au Sommet de Rome sur l’Alimentation, organisé par la FAO en 1996, et confirmée et adoptée par plus de 400 ONG mondiales lors des différents Forums Sociaux Mondiaux altermondialistes. Elle s’exprime ainsi : « La Souveraineté Alimentaire est le droit des peuples, des communautés et des pays de définir, dans les domaines de l’agriculture, du travail, de la pêche, de l’alimentation et de la gestion forestière, des politiques écologiquement, socialement, économiquement et culturellement adaptées à leur situation unique. Elle comprend le droit à l’alimentation, et à la production d’aliments, ce qui signifie que tous les peuples ont le droit à des aliments sûrs, nutritifs et culturellement appropriés ainsi qu’aux moyens de les produire, et qu’ils doivent avoir la capacité de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs sociétés ».
Le Forum Européen sur la Souveraineté Alimentaire qui vient de se clore hier à Cluj Napoca en Roumanie, a regroupé une coalition d’acteurs en Europe de près de 50 pays différents, dont la Via Campesina Europe, et rassemblé plus de 500 personnes, sur les trois mots clés qui inspirent leur action : « Transformer ! Résister ! Construire ! Les travaux se sont organisés autour de cinq thématiques : 1 Changer la manière dont nous produisons nos aliments et les consommons. 2 Changer la manière dont la nourriture est distribuée. 3 Valoriser et améliorer le travail et les conditions sociales dans les systèmes alimentaires et agricoles. 4 Revendiquer le droit aux ressources naturelles et aux biens communs. 5 Changer les politiques publiques qui gouvernent nos systèmes alimentaires et agricoles.
Les participants ont montré que la Souveraineté Alimentaire est le cadre politique préconisé par des mouvements d’agriculteurs, de paysans, d’éleveurs, de pêcheurs, de « peuples autochtones », de femmes, de jeunes ruraux et d’organisations environnementales. Ils ont donc réaffirmé que la Souveraineté Alimentaire place les producteurs agricoles et les consommateurs au cœur du débat, qu’elle soutient les peuples dans leur droit de produire leur propre nourriture et de consommer des aliments locaux. Ainsi la notion de souveraineté alimentaire, aussi bien en Europe que dans les pays en développement, joue un rôle de plus en plus important dans le débat sur l’agriculture, et propose des alternatives, à la fois à l’agro-industrie mondiale, et à la fois aux politiques néolibérales. »