« A l’occasion de la journée mondiale de l’alimentation, le 16 octobre dernier, le C.C.F.D.-Terre Solidaire a publié les résultats d’un sondage « Les Français et la faim dans le monde », réalisé par le CSA en partenariat avec le journal La Croix. Depuis près de 10 ans, le C.C.F.D.-Terre Solidaire mesure la perception qu’ont les Français de la faim dans le monde, ses causes, ses enjeux, ses acteurs, ses solutions alternatives et ses moyens d’action. S’observe cette année un retour au pessimisme, une situation perçue plus sombre qu’en 2015. Mais également un manque de confiance des Français dans les solutions apportées par les gouvernements, et une mise en cause du monde de la finance. Les Français expriment également leur volonté de mettre en place un nouveau système agricole et alimentaire, basé sur une agriculture de petits exploitants, sur une valorisation de l’agro-écologie et un contrôle de l’accès des multinationales françaises aux ressources naturelles.
Pour 42% des Français, la situation de la faim dans le monde à tendance à empirer, et la spéculation des marchés financiers sur les produits agricoles menace l’équilibre de ces marchés et la sécurité alimentaire. En cause, également, les impacts des dérèglements climatiques, considérés comme la 3ème cause de la faim dans le monde. Pour lutter contre la pauvreté et la faim dans le monde, plus d’un Français sur deux fait confiance à l’action de la société civile plutôt qu’à celle des gouvernements des pays du Nord, ou des pays du Sud, ou aux multinationales. 84% restent persuadés que l’activité des multinationales de l’agro-alimentaire dans les pays du Sud ne bénéficie pas aux populations, et les ¾ souhaitent que l’accès des multinationales françaises aux ressources naturelles des pays du Sud soit réglementé et contrôlé. Encore plus, 89% estiment que l’agriculture des petits exploitants est le modèle à développer pour nourrir le mieux possible l’humanité d’ici 2030 : la condition pour lutter contre les dérèglements climatiques, réduire la pauvreté, et accéder à une nourriture saine, en évitant au maximum l’usage des intrants chimiques et les OGM.
La réussite de l’agro-écologie et de l’agriculture des petits exploitants n’est plus contestable aujourd’hui, de nombreuses études et projets l’ont démontré. Ce modèle est approuvé par la grande majorité des Français, comme le montre le sondage. Pourtant de nombreux obstacles freinent aujourd’hui leur développement. Certains Etats pratiquent l’ultra libéralisation de leur secteur agricole et accueillent sur leurs sols des multinationales plus soucieuses d’accéder à de nouveaux marchés que de contribuer à la sécurité alimentaire des populations. Une concurrence déloyale s’installe alors, les multinationales bénéficiant désormais de législations favorisant leur installation au détriment des acteurs économiques et agricoles locaux. Accaparement des terres, pollution des sols, pillages des ressources naturelles, développement de modèles agricoles intensifs, développement de la monoculture d’exportation : autant de situations qui mettent en danger les agricultures familiales et paysannes des pays du Sud. Dans ce contexte, la voix de l’agriculteur, du petit exploitant, trop souvent exclus des espaces de décisions, reste dons inaudible. Aujourd’hui, il est de la responsabilité des Etats du Nord –dont la France- et de la responsabilité des Etats du Sud d’encadrer les activités de ces multinationales et de porter un choix et une vision politique claire pour lutter contre la faim. Par ailleurs, les financements dédiés au développement doivent cesser de bénéficier à ces acteurs, et doivent clairement cibler les premiers investisseurs dans l’agriculture –qui nourrissent 60% de la population mondiale-, à savoir les acteurs et les actrices de l’agriculture familiale. »