Samedi dernier, 12 mars 2016, 25 associations et organismes se sont rassemblées à Paris pour la commémoration du 5ème anniversaire du conflit syrien. Une marche les a conduits jusque sur le parvis de l’Hôtel de ville, pour soutenir le peuple syrien et lui permettre arracher sa liberté. Bon nombre de manifestations similaires ont lieu partout en France. Refusant aussi bien Assad que Da’ech, ils demandent qu’ils n’y ait pas d’impunité pour les responsables de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Ils exigent le libre accès des secours et l’arrêt de toute attaque contre les civils. Ils soutiennent le projet du peuple syrien d’une Syrie libre et démocratique.
Les constats qui sont relevés sont accablants et souvent terrifiants. Tout d’abord, 470 000 morts sont imputables de façon directe ou indirecte au conflit, selon le « Syrian Center for Policy Research ». D’après le « Rapport César », des dizaines de milliers sont morts par torture : 11 000 dans deux seules prisons en deux ans seulement. L’organisation « Violations Documentations Center of Syria » note quant à elle : 15 600 enfants morts parmi les victimes –chiffres arrêtés à janvier 2016-. Les frappes russes ont fait 1 400 tués depuis fin septembre 2015, dont 527 femmes et enfants. L’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme compte un million et demi de blessés, soit 11,5 % de la population tuée ou blessée, selon le Centre Syrien pour la Recherche Politique. L’association Reporter Sans Frontière a dénombré 66 journalistes tués, et 119 enlevés.
Au chapitre des enlèvements, l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme a comptabilisé 60 000 disparus, éliminés sans retour par les services spéciaux du régime. En détention actuellement, dans les geôles du pouvoir, le Centre de Documentation des Violations a dénombré 60 033 Syriens. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés a enregistré près de 5 millions de réfugiés dans les pays limitrophes, spécialement la Jordanie, le Liban et la Turquie. Le Centre Syrien pour la Recherche Politique compte 6 millions et demi de personnes déplacées à l’intérieur même du pays, soit la moitié de la population. Du coup, le taux de pauvreté est de 85%, celui de dénutrition de 35%, et l’espérance de vie a chuté de 70 ans à 55 ans. Et l’U.N.I.C.E.F. confirme la déscolarisation des enfants : un million 600 000 ne vont plus à l’école, soit 45% de la population scolarisable.
On peut énumérer les autres situations catastrophiques : les villes et les quartiers assiégés et affamés mettent en danger 450 000 habitants ; bon nombre de villes sont complètement sinistrées et les quartiers entièrement détruits par le régime et ses alliés, qui empêchent les interventions humanitaires et l’acheminement des secours. Depuis un certain temps, le pays est aussi victime des attaques des forces russes et iraniennes, alliées au régime, s’ajoutant aux attaques de Da’ech et Al Qaida. Les uns et les autres utilisent des armes prohibées par les conventions internationales : bombes à fragmentations et sous-munitions. Dernier élément, selon l’Unesco, c’est le patrimoine culturel qui est pillé et détruit, ou gravement endommagé.
Un tel tableau souligne l’inhumanité de ces conflits, et la période tragique dans laquelle la population syrienne vit actuellement. Il ne peut y avoir de solution que politique. En attendant, dans ce contexte, le C.C.F.D.-Terre Solidaire tente d’accompagner au mieux de ce qui est possible ses partenaires de longue date, et de renforcer, en parallèle, ses liens avec des acteurs de solidarité présents sur place ou dans les Etats voisins, afin de soulager les souffrances de la population et d’imaginer un avenir pour le pays.