Plusieurs traités économiques de libre échange sont en cours de négociation dans le monde, souvent dans le plus grand secret, ou tout au moins l’ignorance, souhaitée par les négociateurs, des citoyens des pays concernés et même des responsables politiques, qui seront amenés pourtant, un jour ou l’autre, à prendre des décisions qui risquent de devenir irrévocables. Avec des sigles un brin obscurs, on peut évoquer le TAFTA entre l’Union Européenne et les USA, le CETA entre l’Union Européenne et le Canada, un projet de libre-échange avec 10 pays de l’Asie du Sud-Est, et celui qui nous concerna aujourd’hui, les Accords de Partenariat Economique (les A.P.E.) entre l’Union Européenne et les pays A.C.P. : Afrique, Caraïbes, Pacifique. Il s’agit d’abattre les barrières tarifaires et non tarifaires, de revoir à la baisse les législations, les réglementations, les normes sociales, sanitaires, phytosanitaires, environnementales, jugées trop protectrices du marché intérieur. Les multinationales qui pilotent ces traités de libre-échange négocient un alignement par le bas.

En effet, les promoteurs du libre-échange, majoritaires à l’O.M.C. – l’Organisation Mondiale du Commerce – et dans les pays industrialisés, jugent que l’ouverture au commerce international est toujours avantageuse. Ils affirment que dans une compétition idéale, le libre-échange accroît la richesse nationale, au bénéfice des consommateurs. Sans obstacles au commerce et à la libre circulation des marchandises, chaque pays aurait alors intérêt à se spécialiser dans les productions où il possède les avantages comparatifs les plus élevés vis-à-vis des autres. On aboutit à la monoculture et aux productions d’exportation, au détriment des productions variées et locales pour la sécurité alimentaire. A l’inverse, l’idée de souveraineté alimentaire, du mouvement international la « Via Campesina », c’est le droit des peuples à définir leurs propres systèmes alimentaires et agricoles, le droit à une alimentation saine, dans le respect des cultures, produite à l’aide de méthodes durables et respectueuses de l’environnement, sans dumping vis-à-vis de pays tiers. La souveraineté alimentaire donne priorité à une agriculture paysanne et familiale, et aux marchés locaux ou régionaux. Elle inclut le droit de se protéger des importations agricoles et alimentaires à trop bas prix, comme pour notre Marché Commun Agricole dans les années 1960-1980.

C’est pourquoi, en Finistère, le «  Collectif 29 pour la Souveraineté Alimentaire dans les Pays du Sud et en Europe » considère les Accords de Partenariat Economique (A.P.E.) entre l’Union Européenne et l’Afrique comme un projet nuisible aux peuples africains, et, avec les mouvements de la société civile africaine hostiles à ces projets, il mise sur la lucidité des parlementaires européens pour refuser cette ratification. Avec le nivellement par le bas de toutes les normes de protections économiques, fiscales, sociales et environnementales, des organisations comme le Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs de l’Afrique de l’Ouest considèrent que c’est un marché de dupes, puisque la compétition est organisée à armes inégales. Chez eux, sans un marché intérieur protégé, le développement de l’agriculture ne peut décoller, puisque les produits d’importation vont envahir leur marché. Le « Collectif 29 pour la Souveraineté Alimentaire » alerte les députés français sur cette menace qu’ils peuvent refuser, et invite le public finistérien à 2 réunions d’information et de soutien à un représentant des Organisations Professionnelles paysannes africaines : Ousmane Diallo, le jeudi 26 novembre à 20h30 à la salle Ty Kreis-Ker à Saint Urbain ou le vendredi 27 novembre à 20h30 à la salle municipale de Briec. Une manière pour nous d’apprendre et de faire quelque chose, alors qu’on se sent, et qu’on se dit, trop souvent impuissants devant des décisions injustes de par le monde.