Au nom de leur foi, 17 organisations chrétiennes : orthodoxes, protestants et catholiques, s’engagent pour la justice climatique, dans un document qui vient de paraître, intitulé : « habiter autrement la création ». Avec toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté, et aux côtés d’autres acteurs de la société civile, les chrétiens se mobilisent de cette façon pour que le temps de la 21ème Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (appelée C.O.P. 21), en décembre à Paris, soit un temps d’appel à plus de courage politique et un temps d’inventivité et d’espérance. Le défi est d’ouvrir un nouveau chemin de vie, loin des injustices, des inégalités et des déséquilibres écologiques de notre modèle de développement.

La première partie de ce document s’intitule, de façon un peu provocante, « Peut-on vivre sans essence et sans viande ? », pour montrer que par nos modes de vie, nous contribuons collectivement aux changements climatiques. Nous savons que les activités humaines entraînent une augmentation des émissions mondiales de gaz à effet de serre, présents dans l’atmosphère. Cela provoque une hausse des températures, dont les conséquences sont déjà à l’œuvre, et risquent de s’intensifier : montée des eaux, acidification des océans, sécheresses, changement du régime des pluies, fragilisation des écosystèmes. Cela nécessite de changer d’allure à nos économies occidentales, basées sur le postulat d’une croissance infinie, et qui surconsomment des biens et des services, dont la production, l’acheminement ou le conditionnement utilisent de l’énergie, en grande partie fossiles. Mais au-delà de notre responsabilité de consommateurs, c’est le système mondial qui fait des choix d’intérêts privés et financiers, sans rapport avec une transition écologique et sociale. Voilà pourquoi la deuxième partie du document aborde l’invitation à repenser notre modèle de développement, car le climat et l’environnement constituent une question de justice sociale. Ce sont les régions, les pays et les populations les plus pauvres qui subissent les conséquences désastreuses avec les effets les plus implacables. En renforçant les inégalités sociales et économiques, les dégradations environnementales amplifient la misère, les conflits, et les migrations que nous ne savons pas gérer.

Aussi, face à la nécessité du changement, il est aisé d’être tenté par de « fausses bonnes solutions », comme l’utilisation des O.G.M., les agro-carburants industriels, la finance et la compensation carbone, les grands barrages hydro-électriques, le charbon « propre, et bien d’autres ! Et c’est aussi l’agro-business contre les agricultures familiales paysannes, agro-écologiques ancrées dans les territoires. Donc, beaucoup de fausses solutions imposées d’en haut, pour de nouveaux marchés au profit des grands acteurs privés du système économique mondialisé, et qui ne sont pas du tout pensées par et pour les populations locales. Pour les auteurs de ce document, le défi climatique est bien un défi spirituel. Ils évoquent le sens sacré de la Création. Ils en appellent à la contemplation, à la reconnaissance des créatures dans cette « Maison commune », comme dit le pape François, mais aussi à l’humilité. D’où la nécessité d’une conversion, et de l’engagement courageux que cela implique. D’ailleurs, une multitude d’alternatives, déjà à l’œuvre, sont autant de signes d’espérance, dans des résolutions et des décisions aussi bien individuelles que collectives. Les signataires invitent chacun et chaque groupe à s’engager et à se mobiliser à tous les niveaux, en insistant sur la nécessité d’une action politique. Certes il s’agit dans tout cela de la responsabilité de Etats, mais elle nécessite la mobilisation citoyenne, qui concerne en premier lieu les chrétiens, qui, « habitant autrement la Création », sont appelés à être des signes concrets et actifs d’Espérance.