Face à l’ampleur de la crise et aux drames humains représentés par les migrants en perdition sur les routes, sur la mer, dans des camps ou aux frontières de l’Europe, 18 O.N.G., parmi les principales associations caritatives françaises, ont demandé aux pouvoirs publics, le 4 septembre dernier, de se mobiliser pour accueillir davantage de réfugiés. Voici, en grande partie, leur déclaration :
« La photo d’un enfant syrien mort noyé et trouvé sur une plage turque mercredi 2 septembre a fait le tour du monde. Suffira-t-elle à réveiller nos représentants politiques et à impulser une stratégie commune pour faciliter l’accueil des réfugiés en Europe ? Nous, associations françaises, sommes épouvantés par l’ampleur de la catastrophe humanitaire qui se déroule en Europe et exaspérés par l’inertie de nos décideurs politiques. Nous pourrions nous étendre sur l’importance des besoins humanitaires face à l’arrivée de plus de 350 000 personnes en Europe fuyant les conflits ou l’oppression, depuis l’année 2015. Mais cela fait plusieurs années maintenant que nous alertons les décideurs à coup de courriers privés, d’appels dans les médias, de réunions avec les ministères et de consultations internationales […]. Le manque de volonté politique tue des hommes, des femmes et des enfants. Les faits sont là : plus de 2 600 personnes sont mortes noyées en Méditerranée depuis janvier 2015 en essayant de rejoindre l’Europe, selon l’Office International des Migrations.
La solidarité imprègne les discours officiels mais tarde à se concrétiser clairement dans nos politiques publiques. Face à la montée des extrêmes dans notre pays, ne perdons pas le combat des valeurs. Il est temps de mettre en œuvre cette solidarité en accueillant davantage de réfugiés sur notre territoire, à l’image de pays comme l’Allemagne ou la Suède. Comment se peut-il que la France soit l’un des pays d’Europe qui accueille le moins de demandeurs d’asile alors que nous sommes la 6ème puissance économique mondiale ? Face à ce drame humain, nous devons tous prendre nos responsabilités. La France doit se mobiliser rapidement pour accueillir ces personnes en quête de protection » (fin de citation). Parmi les 18 organisations signataires de cette déclaration, on trouve Action contre la Faim, Amnesty International, ATD-Quart Monde, le C.C.F.D.-Terre Solidaire, Coordination Sud, le CRID, Emmaüs, la JOC, Médecin du Monde, le Secours Catholique, le Secours Islamique, et la CIMADE, et bien d’autres.
A ce propos, Geneviève Jacques, présidente de la CIMADE, rappelant le thème de leur Assemblée Générale du mois de Juin : « Le devoir d’hospitalité, c’est maintenant », se réjouit de l’appel du pape François aux consciences des chrétiens. Mais elle précise : « Les actes qui suivront doivent être responsables et s’inscrire dans la durée, pour que cet accueil de réfugiés soit sérieux, qu’il ne soit pas simplement une sorte de « coup de cœur ». Il faut que cet accueil combine les moyens de l’Etat et une générosité individuelle qui soit coordonnée, compétente et pérenne. D’abord, il faut accompagner les personnes qui vont arriver pour qu’elles obtiennent le statut de réfugié. Se posera aussi le problème de l’insertion dans notre pays. Cela comprend l’accès à des logements non provisoires et stables, l’apprentissage de la langue et de la vie française, la connaissance des droits. La responsabilité principale de cet accueil relève de l’Etat et des collectivités locales. [Si des] personnes [étaient] prêtes à mettre à disposition des logements [il faudrait] le faire savoir à leurs municipalités » (fin de citation). Ainsi la générosité des particuliers, et particulièrement l’engagement résolu des pouvoirs publics sont attendus dans cette crise qui concerne notre humanité personnelle et surtout collective !