Entre juin et août 2015, les Burundais éliront leur président, les députés et les sénateurs ainsi que leurs représentants des collines. Sur la route vers la démocratie, les jeunes ont un rôle majeur à jouer : résister à la peur, à la violence, et promouvoir une citoyenneté active et responsable. C’est loin d’être gagné, mais l’Association des scouts du Burundi (ASB) et le Réseau des Organisations des jeunes en Action (Reja), soutenus par le C.C.F.D.-Terre Solidaire sont fortement mobilisés pour y contribuer. Le Burundi est ce petit pays de la région des Grands lacs africains, 20 fois plus petit que la France, mais peuplé de 9 millions d’habitants, Hutus et Tutsis, dont la capitale est Bujumbura, et qui est entouré par la Tanzanie à l’est, le lac Tanganyika au sud, la République Démocratique du Congo à l’ouest et le Rwanda au nord. De 1993 à 2003, le Burundi a été marqué par des massacres ethniques, des affrontements entre armée régulière et groupes rebelles, et des déplacements de populations. Au total, la guerre civile a fait plus de 300 000 morts, 250 000 déplacés et réfugiés et laissé le pays exsangue. En 2005 Pierre Nkurunziza a été désigné Président au suffrage indirect. Il a été réélu en 2010 au suffrage direct lors d’un scrutin marqué par le boycott des partis d’opposition et des violences. Il vient d’annoncer sa volonté de se représenter pour un troisième mandat contrairement à la constitution, et ce alors que la société civile, et plus largement l’opinion publique s’y opposent. Dans ce contexte, les causes d’inquiétude ne manquent pas et la tension remonte : arrestation de leaders de la société civile et de journalistes, exécutions extra-judiciaires, résurgence des discours « ethniques », limogeages de hauts responsables jugés peu fiables.
Il se trouve que nous sommes dans un pays où les moins de 25 ans représentent 66% de la population et que cette jeunesse burundaise est particulièrement touchée par les maux qui affectent le pays : pauvreté, chômage de masse, absence de perspective économiques, difficulté à accéder à l’université et à s’émanciper socialement. Du coup les deux associations des Scouts du Burundi et le Réseau des Jeunes en Action, qui ont pour objectif principal d’encourager l’émergence de jeunes citoyens responsables et engagés en faveur de la consolidation de la paix au Burundi, militent en faveur d’élections libres, justes et transparentes. Leur projet commun de synergie qui va durer 2 ans au-delà même des élections, touchera directement 54 000 jeunes et indirectement 270 000 : il est cofinancé par l’Union Européenne et le C.C.F.D.-Terre Solidaire. 270 jeunes leaders des partis politiques seront sensibilisés et formés au dialogue et à la non-violence pour ancrer une culture d’acceptation mutuelle dans la différence et dans les débats contradictoires, afin d’être en mesure, le cas échéant, de se poser en « agents bloquants » des violences lors des élections. Un guide imprimé pourra servir d’outil aux animateurs pour défaire les clivages et les stéréotypes, apprendre à gérer la rumeur et la peur, et à exprimer pacifiquement ses idées et agir dans la non-violence. D’autre part des formations nationales, communales et locales sont mises en place : tout un système de formation en cascade, les jeunes formés en formant d’autres! Des campagnes radiophoniques pour inciter les jeunes à s’inscrire sur les listes électorales, des concours de chants sur la paix et le non-violence, des cadres de dialogues nationaux et locaux entre jeunes des partis politiques, des organisations de la société civile et des universités sont également mis en place par les associations partenaires. Soutenir ces deux associations de jeunes burundais correspond bien à deux champs thématiques du rapport d’orientation du CCFD : « renforcer les sociétés civiles et l’action sur les pouvoirs publics », et « travailler à une paix durable, prévenir et résoudre les conflits au service du développement ».