Chaque semaine, Jean-Michel Lastennet tient une chronique de quelques minutes sur l'antenne RCF Rivages.Cette chronique est une forme de plaidoyer pour le développement et la solidarité avec les pays du Sud et de l'Est, c'est pourquoi, avec l'accord de RCF Rivages, nous la reproduisons ici.
Cinq ans après le séisme en Haïti, le bilan du travail des partenaires du C.C.F.D.-Terre Solidaire
Cinq ans après le terrible séisme du 12 janvier 2010 en Haïti, qui a fait 300.000 victimes, les Haïtiens dénoncent une reconstruction toujours inachevée et une gestion humanitaire très insatisfaisante : si des avancées traduisent la très grande capacité de résilience de la société civile haïtienne et son désir de rester maître de son avenir, les besoins restent immenses. Aujourd’hui, le C.C.F.D.-Terre Solidaire voudrait témoigner du travail de ses sept partenaires en Haïti, et montrer ce qui a été fait avec les fonds versés, aussi bien dans l’urgence, que pour la reconstruction économique - surtout agricole -, la reconstruction sociale et la prise en main de leur devenir comme société civile, face aux nombreuses carences de l’Etat. Ces partenaires locaux ont pour noms ou pour sigles : « Têt Kole », « Justice et Paix », ITECA, FONHSUD, « Concert’Action », KNFP, et « Klib Timoun Ke Kontan ».
Sur les deux millions d’euros de renforcement de l’aide à ces acteurs sur place, le cinquième a servi à faire face aux besoins de première nécessité dans trois domaine prioritaires : pour mettre les population à l’abri et leur permettre de se nourrir et de se soigner : fourniture de kits alimentaire, d’abris, et financement de deux dispensaires. Ensuite, pour assurer la récolte suivante, fourniture de semences vivrières locales : 75 tonnes de semences de pois et de maïs. Et enfin reconstituer la capacité d’intervention des organisations locales par la réfection ou la construction de locaux qui leur permettent d’être opérationnelles. Le reste des fonds, soit les 4/5, sert, depuis, à aider la société civile haïtienne à se structurer et à développer l’agriculture et le milieu rural.
Quelques exemples d’investissements dans la structuration de la société civile pour faire émerger des structures décentralisées et de gouvernance : Concert’action a délivré une formation aux leaders et autorités de 5 collectivités locales du Petit-Goâve. Justice et Paix a animé chaque année 310 formations citoyennes pour la démocratie inclusive et la reconnaissance des droits de chaque habitant local. Le Centre jésuite d’action sociale a mis en place un observatoire de contrôle et de suivi des actions de reconstruction ; le KNFP, en plus d’une création de fédération des acteurs de la société civile d’une zone, pour parler d’une seule voix, a formé chaque année 700 personnes et accompagné des mutuelles de solidarité dans tout le pays, appelées MUSO. Enfin ITECA s’est décentralisé dans 4 localités : Gressier, Gros Morne, Saint-Marc et Savanette.
Les investissements soutiennent un autre volet : renforcer le développement agricole et rural, était un objectif prioritaire pour un secteur qui concerne 50% de la population, bien qu’aucune politique agricole réelle n’ait été mise en place par les pouvoirs publics. ITECA, par exemple, a appuyé le développement de la filière de la mangue dans la commune de Gros Morne, devenue une des principales filières agricole du pays : formation des producteurs, amélioration des variétés, conditions de collecte, de transport et de commercialisation. Concert’Action, quant à elle, a réaménagé et reconstruit 34 systèmes de distribution d’eau potable à Grand Goäve, une des zones les plus touchées par le séisme : formation des usagers sur le traitement de l’eau, l’hygiène et l’assainissement, la gestion collective des ouvrages et la sensibilisation des populations à une vision globale du territoire.
Cinq ans exactement après le séisme, utilisant l’aide qui leur est actuellement indispensable, les associations de développement en Haïti prennent en main la reconstruction de leur pays, parfois contre vents et marées, ne comptant que sur leur capacité de rétablissement et leur volonté d’être les acteurs de leur avenir. Cela donne une véritable signification à notre appui !