« Vivre le Carême comme un chemin de conversion » voilà ce que nous propose Sylvie Bukhari de Pontual, la présidente du CCFD-Terre Solidaire pour cette année 2020.
Cette année le CCFD-Terre Solidaire du Diocèse de Sens-Auxerre a fait le choix de travailler en lien avec le Diocèse de Ziguinchor pour que nous apprenions a connaitre cette belle région de Casamance au Sénégal avec qui nous sommes jumelés.
La signature de la charte du jumelage a eu lieu le 10 février 2019. Nous pouvons y lire : "Depuis quelques années les deux diocèses de Sens-Auxerre et Ziguinchor, bien différents par leur géographie, leur histoire et leur culture, entretiennent des liens privilégiés."..."On veillera aussi à agir en partenariat avec les organismes de solidarité déjà présents localement."
Les relations de jumelage ont à se développer dans les trois domaines : la rencontre, la fraternité et l’annonce de l’Evangile.
La rencontre humaine : nous avons d’abord à nous rencontrer et à nous découvrir sur le plan humain. De cette rencontre naît le désir de créer des liens durables et de grandir ensemble. Par des échanges et des visites réciproques nous apprendrons à nous connaître dans nos cultures différentes et à nous reconnaître comme des frères et des sœurs.
Le CCFD-Terre Solidaire lui aussi entretien des liens avec la Casamance car il travaille avec plusieurs partenaires là bas. Nous avons fait le choix cette année de vous faire découvrir 4 partenaires :
1er dimanche de carême
- FONGS : Ils permettre aux paysans de mieux vivre chez eux et de jouer un rôle moteur dans le développement local. .
2ème dimanche de carême
- ASSOCIATION des MAISONS FAMILIALES et RURALES : Elles offrent aux jeunes ruraux une possibilité d'acquerir des compétences, de professionnaliser des metiers agricoles et ruraux de leur choix (agriculture, élevage, commerce, artisanat..
3ème dimanche de carême
- L'ENTENTE DE DIOULOULOU : Elle travaille pour la multiplication des semences de riz pluvial, de semences maraichaires... mais aussi aide les femmes dans la revente des produits sur les marchés locaux.
4ème dimanche de carême
- ADEPA, Association Oues Africaine pour le Développement de la Pêche: Elle contribue à la sécurité alimentaire en Afrique de l'Ouest par la valorisation des produits de la pêche artisanale et de restaurer les réserves halieutiques.
Pour introduire ce travail ce connaissance mutuelle, l'Abbé Nestor SADIO, Diocèse de Ziguinchor, en coopération dans le diocèse de Sens-Auxerrenous a parlé de son pays lors de la journée de formation du CCFD-Terre Solidaire qui a eu lieu le 8 février à Auxerre.
"Je voudrais tout d'abord exprimer ici ma gratitude d'avoir été invité à cette importante journée de réflexion sur ce thème :"Contre la faim, l'heure de l'écologie intégrale a sonné." Et je m'associe au saint Père le Pape François pour remercier tous ceux qui ne ménagent aucun effort pour lutter avec vigueur aux fins d'affronter les conséquences climatiques de la dégradation de l'environnement sur la vie des plus pauvres dans le monde.
Je remercie plus particulièrement le CCFD qui se penche aujourd"hui sur la question, avec les yeux tournés vers le diocèse de Ziguinchor, avec lequel il veut vivre une expérience de solidarité.
Ceci dit, les questions concernant l'urgence de l'écologie au Sénégal en général et en Casamance en particulier sont d'ordre diverses et variées. Dans notre intervention, nous nous limiterons non seulement sur la région de Casamance, la Casamance naturelle (Ziguinchor – Sédhiou – Kolola) mais aussi, ne lien avec le thème proposé, nous choisirons quelques domaines qui touchent et impactent directement sur le facteur alimentaire des populations, à savoir les problèmes écologiques liés à l'agriculture et à la pêche.
1. Aspect géographique.
La région naturelle de la Casamance qui retient ici notre attention, constitue la partie sur du Sénégal. Elle est découpée en trois régions administratives : Ziguinchor – Sédhiou et Kolola. Elle est arrosée par son fleuve nourricier, la Casamance d'où elle tire son nom. Ce fleuve a un impact considérable dans l'économie de la région qui est la plus pluvieuse et la plus verte du pays avec la forte variante de ses terres arables, partagées par plusieurs populations.
2. Aspect démographique.
Peuplée par diverses ethnies, la Casamance a une population à 70% de ruraux. Seuls 30% de sa population vit en ville. Son économie est basée particulièrement sur l'agriculture, la pêche, l'élevage artisanaux (=familiaux ?) dont la santé et le développement sont tributaires de l'état de santé de l'écologie.
3. Les aléas écologiques.
3.1 . la baisse d la pluviométrie est un phénomène que traverse cette région depuis les années 68 déjà. Ce phénomène a complétement bouleversé l'écosystème fluvial entraînant de nombreux dommages.
3.2 . La forte salinité des eaux a entraîné de nombreuses conséquences dans le domaine de la pêche et de l'agriculture.
a. Dans le domaine de la pêche.
La forte salinité a entraîné la régression de la mangrove avec ses conséquences de dépeuplement halieutique : poissons, crevettes, mollusques sont perturbés dans leur alimentation, leur reproduction et leur lieu de reproduction, entraînant la rareté de cette denrée alimentaire essentielle à 99% de l'alimentation des populations.
b. Dans le domaine de l'agriculture.
La salinité a entraîné la diminution des terres cultivables de manière drastique. La culture principale de la région est le riz qui est devenu à la longue la nourriture de base de tout le pays. De nombreuses rizières sont devenues inexploitables. Les populations sont donc obligées de ses contenter pour la plupart de riz importé souvent de mauvaise qualité et de surcroît trop cher.
Je me permettrai avec votre permission, bien sûr, de vous lire ici, un extrait très poignant du discours de monsieur Léandre Silvain Diédhiou, cadre de la Caritas Ziguinchor, discours rapporté par Dakarou TV dans le Net, à l'occasion de l'investiture du tout nouveau Roi de Mlomp Kassa, Sibilé SAMBOU.
" avec les changements climatiques, la baisse de la pluviométrie, la salinisation et l'ensablement des rizières, entraînant la baisse des cultures céréalières, nos vaillants cultivateurs ont du mal à soutenir le système du secours d'urgence autour du roi. C'est pourquoi nous lançons un appel aux autorités, pour qu'annuellement, elles accordent une subvention conséquente à notre roi et à tous les rois du département d'Oussouye jouant ce même rôle de régulateur social. L'Etat a toujours fait pour les autres chefs religieux du pays.
Nous estimons qu'entre autres préoccupations du roi Sibilé SAMBOU, l'Etat devrait nous aider à la construction des digues de rétention d'eau de pluie afin d'améliorer les rendements dans nos vallées rizicoles.
c. Dans le domaine de l'élevage.
La baisse de la pluviométrie entraînant la raréfaction de l'eau, la difficulté à trouver les points d'abreuvage pour les animaux se fait sentir partout? Ajouté à cela, les deux facteurs de la baisse de la pluviométrie et de la montée de la salinisation rendent difficile l'approvisionnement en eau potable. Les localités des îles ou proches des bras du fleuve qui sont touchées par le phénomène voient les nappes d'eau devenir salées, d'où de plus en plus, se pose le problème d'eau potable dans certains villages.
4. Autres volets dus au comportement humain malveillant.
Très rapidement l'abus d'exploitation du bois et les feux de brousse volontaires ou involontaires qui entraînent la désertification d'une part, et, d'autre part, la surpêche industrielle.
Nous pouvons ajouter aussi la pollution générale. Et que dire aussi de l'écologie de la reproduction humaine ?
Bref, ma conclusion portera sur une proposition de solutions.
Conclusion:
- Contre la déforestation : la sensibilisation et le reboisement.
- Contre la salinité des rizières : la construction de digues anti-sel
- Pour l'approvisionnement en eau potable pour les personnes et pour les bêtes : la construction de forages et de citernes à impluvium là où les nappes sont gagnées par la salinité.
- Sans plus tarder, je vous remercie pour votre écoute patiente."
Tous nos remerciements à l'Abbé Nestor Sadio pour le travail partagé.