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Droits humains et entreprises multinationales – Construire un monde solidaire

 

Tel est le sujet de la conférence de Guy Aurenche, Président du CCFD-Terre solidaire, invité par cette ONG et les Amis de La Vie, le 31 janvier à Besançon. Devant plus de 300 personnes, Guy Aurenche a livré ses convictions sur ce thème très actuel : débat à l’Assemblée Nationale[1], campagne «Investissements hors jeu!»[2].

Le CCFD-Terre solidaire ne condamne pas les multinationales ni les investissements : ils sont nécessaires mais si les règles du jeu humain sont bafouées, il dit sans relâche: «Hors jeu!».

Guy Aurenche cite les propos de l’évêque du Sud Kivu en RDC: «la guerre avec ses millions de morts depuis 20 ans n’est pas une guerre tribale ; nous sommes en proie à un capitalisme à outrance qui ne tient pas compte de la vie humaine pour s’approprier les richesses de notre sous-sol». Ces propos sont un raccourci des témoignages des partenaires du CCFD-Terre solidaire : il y a dans le monde tant de paysans spoliés de leurs terres, de sols tués par les pollutions, d’états appauvris par l’évasion fiscale ! Comment réguler les activités des multinationales dans les pays en développement ? Le sujet est technique, mais nous sommes TOUS spécialistes de l’être humain et pouvons TOUS participer à construire une Terre moins injuste.

 

Le contexte de la mondialisation

L’interdépendance laisse trois options : la violence, l’exclusion par la concurrence ou le partenariat (c’est-à-dire, trouvons ensemble des solutions).

L’extrême puissance de nos activités peut conduire au meilleur comme au pire : donnons-lui un sens, celui de l’Homme.

La misère: malgré la richesse de la France et du Monde, le fossé riche-pauvre a grandi.

 

Les droits humains: boussole pour discerner et agir

La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 n’est pas qu’un papier de plus, c’est le sursaut collectif, face à la folie meurtrière qui a produit 60 millions de morts: «les peuples ont proclamé leur foi en la dignité de la personne humaine»[3].

La dignité se décline en termes de droits et de devoirs: chacun rend compte de ses actes, les entreprises aussi ont à rendre compte. Il faut des règles, des organismes de contrôle et de sanctions en cas de violation, cela établit la responsabilité sociale des entreprises. Les sociétés-mères doivent être responsables vis-à-vis de leurs filiales au Sud. La France et l’Europe peuvent donner l’exemple en adoptant des règles impératives, à partir des principes existant à l’ONU et l’OCDE, car il est inacceptable que l’appétit du gain et du profit conduisent à s’asseoir sur les droits. De quels droits parlons-nous ? Il est important d’être libre, mais nourrir son enfant, avoir un travail, pouvoir se soigner, le sont tout autant !

Les droits humains sont une dynamique qui, par des actes juridico-politiques, permet de passer de l’objectif du seul profit à celui du bien commun.

 

Qui peut agir ?

Les États et les élus : quelle marge de manœuvre face aux puissances économiques et financières ?

Les entreprises : elles ne sont ni hors-sol, ni hors droit et doivent exercer leurs activités en tenant compte des équilibres sociaux locaux déjà existants.

La société civile, c’est-à-dire chacun de nous : quelles sont nos pratiques de consommation, d’alimentation ?

Quels sont nos rapports à l’argent, dans sa gestion, dans l’éducation ? «L’argent doit servir et non pas gouverner !» (Pape François dans « La dictature de l’économie » -Discours aux ambassadeurs à Rome – mai 2013).

Que la notion de partenariat irrigue notre Église ! Chacun peut contribuer à soutenir les 450 projets des  partenaires du CCFD-Terre solidaire dans 65 pays du Sud.

En tant qu’associations, rencontrons nos élus locaux pour travailler avec eux, non pour dénoncer les entreprises mais pour dénoncer l’absence d’obligation et pour changer les lois. En leur apportant nos propositions nous pouvons leur rendre service !

 

Citant Camus et la résistance au nazisme, Guy nous communique ce souffle :

«Trouvons la force de résister au système financier, car notre humanité est trop humiliée par ce système !».

 

[1] Le projet de loi pour le développement et la solidarité internationale, attendu par les ONG depuis des décennies, a été adopté à l’Assemblée le 11 février. http://ccfd-terresolidaire.org/infos/rse/loi-canfin-sur-le-4574

[2] Campagne du CCFD-Terre solidaire jusqu’en 2015: http://ccfd-terresolidaire.org/mob/

[3] Extrait du Préambule de la DUDH.

 

Maryse Fischer

CCFD-Terre solidaire du Doubs - ccfd25@ccfd-terresolidaire.org


Droits_humains_et_entreprises_multinationales.doc