Je ne juge pas de l’utilité, ni de la qualité de l’Exposition universelle de Milan. Je ne l’ai pas visitée. Certains pensent que ce genre de manifestation est aujourd’hui inutile, ou même scandaleux au regard de son coût. D’autres pensent le contraire en ces temps de mondialisation sauvage à réguler.
Cette année, le slogan qui prétend être le fil rouge de l’exposition universelle m’a plutôt agréablement surpris :« Nourrir la planète, énergie pour la vie ».
Pour le président du CCFD-Terre Solidaire, le Comité catholique contre la faim et pour le développement, c’est plutôt stimulant. La possibilité de donner à chacun de quoi manger et le souci de la planète apparaît comme un thème d’avenir, rassembleur au-delà des divisions qui déchirent l’humanité.
À nous de rappeler cependant plusieurs conditions à réunir pour « nourrir la planète » et que la parole soit vraiment donnée aux six cents millions de paysans qui souffrent de malnutrition.
- On ne nourrira pas la planète sans prendre conscience de l'impact de la dictature de l’agrobusiness sur l’accaparement des terres et de l’eau, sur la déforestation massive, sur la spécialisation outrancière au profit des cultures d’exportation, sur la spéculation des prix des matières premières agricoles, sur l’appropriation par quelques-uns des semences …
- On ne nourrira pas la planète sans que l’agriculture familiale et l’agro-écologie soient reconnues comme des modèles à soutenir en priorité au plan national et international.
- On ne nourrira pas la planète sans que nous interrogions nos responsables politiques pour contester les traités internationaux qui, sous couvert de réinventer le développement durable donnent tout pouvoir aux multinationales. Ainsi en est-il de la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition, lancée par le G8 à destination des pays africains.
- On ne nourrira pas la planète sans que les sociétés les plus riches soient questionnées sur leurs modes de consommation alimentaire ainsi que sur leurs stratégies de recherche d’énergies à tout prix. Et qu’alors nous développions des énergies renouvelables et non la recherche des énergies fossiles qui, nous le savons, sont créatrices de CO2, destructeur de la couche d’ozone et cause de graves dérèglements climatiques.
L'exposition universelle Milan 2015 sera-t-elle une kermesse ou une étape constructive de la future réunion de Paris COP 21?
Car vraiment NOURRIR LA PLANETE… ne peut pas rester juste un slogan facile !