Cécile Renouard. Ed. L'Atelier, Paris 2013

Toute personne exerçant une responsabilité en entreprise devrait lire ce livre, petit en nombre de pages mais dense et instructif.

Tout militant engagé dans le combat de la construction d'un monde plus juste se devrait de profiter de la réflexion proposée sur les mécanismes qui sous-tendent l'activité économique contemporaine. Le danger actuel est de se laisser impressionner par la complexité réelle des mécanismes économiques et financiers mondiaux. Et alors de démissionner en laissant la place soit aux seuls acteurs économico-financiers soit à leurs alliés politiques, intéressés par les profits générés par lesdites activités.

Il est plus que jamais temps que les citoyens se saisissent des enjeux que suscite l'activité des entreprises, en comprennent les mécanismes principaux, et qu'ils repèrent les choix qu'il convient de faire dans les finalités assignées à l'activité économique.

Le constat de Cécile Renouard n'est pas neutre car il est inspiré par le souci du Bien commun et l'affirmation que celui-ci ne peut être atteint en laissant le marché se réguler lui-même ainsi que le prétendent encore, et malgré les échecs patents, nombre d'analystes.

L'auteur, après bien d'autres (il est important de constater que la contestation ne date pas d'hier et qu'elle n'appartient pas seulement au monde des "idéalistes irresponsables") conteste l'axiome selon lequel la poursuite des seuls intérêts individuels permettra peu à peu à tous d'accéder à une certaine prospérité. La logique est bien que la poursuite des seuls intérêts personnels aboutit d'abord à la satisfaction desdits intérêts et à l'occultation des intérêts des autres et en particulier des plus fragiles.

Sans doute est-ce une triste opportunité que nous offrent les crises actuelles qui frappent les plus pauvres que de démontrer qu'un changement de paradigmes s'impose.

Quelques phrases pour donner envie :

ethique-ent.jpg« L'éthique comme la recherche déterminée, personnelle et collective de la vie bonne, aujourd'hui et demain, dans des institutions justes, au service du lien social et écologique (...) ».

« Seule une conception relationnelle du développement peut mobiliser les ressources éthiques et spirituelles de l'humanité en vue d'une refondation de la vie économique de l'entreprise au service du lien social et écologique (...) ; »

« Le capitalisme actuel est insoutenable car fondé sur des dynamiques et des postulats qui ne sont plus vérifiés : la prétendue infinitude des ressources (...) ; les prétendus bienfaits des retombées de la croissance maximale au profit de tous (...) ; la foi dans les capacités infinies de la croissance ou du progrès technique (...) ; »

« Comment aller au-delà de l'indignation vertueuse ? « Renoncer à tenir un discours éthique consensuel mais mortifère, et adopter une démarche éthique et spirituelle exigeante, critique et vivante ».

« La subordination de l'éthique des affaires à l'impératif de la croissance consumériste et de profitabilité maximale bloque toute véritable réforme et empêche de reconnaître que ce modèle économique est mal orienté. Seule la reconnaissance de la finalité sociale et écologique de l'économie permettra la révision des règles de droit, de gouvernement et de fonctionnement de l'entreprise pour l'ajuster à cette fin (...) ».

Guy Aurenche, le 23 Octobre 2013.