Je ne vais pas tenter de chercher dans quelle case, progressiste ou
conservatrice, il nous faudrait placer le nouveau souverain pontife. Il a dit
oui... et cela est déjà objet de reconnaissance.
En adoptant comme perspective celle de François, il nous propose déjà un programme : celui de la rencontre des pauvres et du monde.
Savez-vous ce qu'écrivaient les biographes de saint François d'Assise, peu après sa mort ? Des communautés "franciscaines" existaient déjà. L'une d'elle reçut la visite de dame Pauvreté. Elle demanda aux frères : "Où se trouve votre cloître ? Là où vous priez, méditez, rencontrez le monde ?"
Sans dire un mot, les frères l'emmenèrent sur une colline surplombant bourgs et villages. "Voici notre cloître", lui dirent-ils, en lui montrant les paysages et les habitants travaillant la terre. Il parait que dame Pauvreté se retira confiante en l'avenir.
C'est un peu ce que le pape nouvellement élu nous a enseigné. Il a en mis en lumière, dès sa première apparition, l'humilité, les pauvres, le monde en souffrance, comme horizon de son pontificat et donc de notre propre responsabilité. Au fil des jours n'hésitons pas à proposer au pape de sortir des cloîtres de pierres pour aller à la rencontre de la vie, dans toutes ses dimensions.
A ce stade je n'ai pas envie de demander au pape ce qu'il va faire. Encore moins de décréter ce qu'il devrait faire.
Plutôt que de demander à l'Eglise ce qu'elle pourrait faire pour nous, demandons-nous ce que nous pouvons faire pour elle et donc avec son pape.
Comme le firent les frères de François d'Assise en répondant à dame Pauvreté, nous pouvons présenter au pape un peu des "joies et des espoirs, des tristesses et des angoisses du monde". Et l'inviter à rencontrer le monde à la fois douloureux et courageux que nous côtoyons à travers les 450 projets et partenaires que le CCFD-Terre Solidaire accompagne à travers le monde. Rencontrer ce monde bien vivant, et peu à peu apprendre à l'aimer en luttant avec lui contre la misère, l'injustice et la solitude.
Comme le font nombre de communautés chrétiennes, nous pouvons ouvrir l'Eglise sur le monde, l'inviter au dialogue plutôt que de la laisser s'installer dans une démarche de contre-culture identitaire n'attendant plus rien d'un monde déchristianisé. En jouant la carte du partenariat, le CCFD-Terre solidaire, mettant en œuvre la mission qui lui fut confiée il y a 52 ans par les évêques de France, a pris la route de l'Alliance. Si nous ne prenons pas nous-mêmes ce risque comment espérer que celui qui est chargé de la communion catholique le fasse ?
Membre de la société civile mondiale et organisme de l'Eglise de France, le CCFD-Terre Solidaire se trouve à la jonction des attentes des hommes et des femmes de ce temps et du dessein d'annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Créativité et fidélité, tels sont les défis à relever par nous mais aussi par le pape. C'est dans la confiance et dans la coresponsabilité qu'ensemble nous ouvrirons de nouvelles pages à l'Espérance.
Guy Aurenche, le 14 mars, depuis Tunis.
Commentaires
1. Le samedi 6 avril 2013, 20:23 par DEVAUX FRANCOISE
Merci pour ce beau texte écrit de Tunis. Nous rentrons du FSM que nous avons vécu pendant la semaine sainte avec les amis de la vie. Nous y avons perçu le souffle de votre passage lors de l'homélie de la messe d'ouverture le lundi 25 mars ainsi qu'un message lu à la fin de la veillée pascale. On nous a dit que vous aviez fait 5 ou 6 conférences. Serait-il possible d'avoir un peu plus de précisions sur ces rencontres? L'Eglise tunisienne nous était inconnue et nous n'en avons eu qu'une approche superficielle, celle d'une église ayant perdu son faste et sa richesse et devenue pauvre, Mais nous avons perçu derrière les grilles de sa cathédrale une église bien vivante. Merci d'avance.