Troisième jour à Buenos Aires : nous avons la chance de rencontrer Jorge …, peintre renommé qui a travaillé sur la mémoire des disparus pendant la dictature.

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De « l’art collectif »

Il propose à des passants de participer à la réalisation d’une peinture collective représentant une personne disparue. Chacun peut peindre un morceau, et venir l’ajouter à la réalisation d’un portrait gréant.

« Cela nous permet de penser la relation entre la partie et le tout », chacun participe à sa mesure et « le résultat est toujours impressionnant de réalité ». Ces ateliers organisés dans la rue permettent souvent à plus d’une centaine de personnes de participer à la réalisation des toiles.

En outre, il arrive que les familles participent à la réalisation de ces portraits, « un exercice libérateur », témoigne Jorge.




La «mémoire des droits de l’homme »

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« Mon objectif est de reconstruire plus que dénoncer », « montrer comment ils vivaient d’avantage que comment ils sont morts », mais porter malgré tout un travail de mémoire fondamentalement politique.

Jorge travaille sur toute la période de la dictature (76 – 83). Il redonne vie à des disparus, comme Rodolfo Walsh (grand portrait à gauche de l’image), journaliste engagé mort assassiné en 1977.

Des portraits en couleurs pour redonner vie à des photos de l’époque souvent en noir et blanc et de mauvaise qualité… qu’il reconstruit comme il reconstruit la mémoire.




Le jour suivant, une organisation à première vue totalement différente nous présente toutefois une stratégie en quelques points ressemblante.




Le « folklore » comme outil politique

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La « Casa Latino-Américana », maison latino-américaine (vous l’aurez sans doute deviné) travaille sur les arts et la culture de la région, le folkore dans un objectif politique affiché.

Linda nous explique que pour elle, le folklore participe d’un sentiment d’appartenance à un groupe. L’enjeu de travailler sur ce « faire société » est de plus en plus prégnant avec la montée de l’individualisme (notamment dans ce quartier de classe moyenne) et dans un contexte politique régional où l’intégration politique, sociale et culturelle semble plus que jamais nécessaire.




Là encore, l’art est un point d’accroche, une porte d’entrée vers un projet politique fort et assumé.

Dans plusieurs espaces, on en appelle aux émotions pour interpeller et développer un sentiment d’appartenance, et encourager la participation.




L’amour comme pédagogie

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Cette fois, deux enseignantes d’une université populaire nous présentent leurs principes pédagogiques et le fonctionnement de leur organisation. (cf article à venir)

Elles nous expliquent qu’elles travaillent sur l’amour, pour développer la cohésion de groupes, la motivation à l’apprentissage et encourager la participation.

Souvent, les professeurs sont d’anciens élèves. Ici, ce ne sont pas seulement les cadres d’apprentissages et les élèves qui sont populaires, mais aussi la pédagogie et le contenu des enseignements, engagés et politiques