64ème congrès de l’ANDP, à Jérusalem

 


Le congrès s’est tenu à Jérusalem du 15 au 18 novembre 2011 avec 168 congressistes. Il s’est déroulé sur un rythme binaire : conférences le matin à l’auditorium de Notre Dame Center, visites , découverte des lieux saints et rencontres avec des membres de la population locale l’après-midi et le soir.

 

15 novembre : la terre de la Bible, de la Bible à aujourd’hui

 

Interventions

 

Père Alain Marchadour, exégète, religieux assomptionniste, ancien recteur de la basilique de Saint Pierre en Gallicante, à Jérusalem, et auteur avec le père David Neuhaus d’un livre phare, intitulé « La Terre, la Bible et l’Histoire » (Bayard, 2010).

Il  trace la complexité de Jérusalem et de la Terre Sainte, où des dizaines de peuples se sont succédés et confrontés, depuis l’antiquité.

« Cette terre a connu plus de 20 occupations, on retrouve de nombreux qualificatifs : terre habitée, visitée, revendiquée ; occupée, partagée, rêvée.

1/ : le Deutéronome : livre de la terre, ouverture d’une marche vers une terre

2/ : Terre donnée par Dieu (Israël), terre qui doit être au service de Dieu, ne doit pas devenir une terre d’exploitation, « pas de pauvre chez toi », l’homme doit gérer une terre qui appartient à Dieu

3/ : exigence de l’Alliance : aimer l’étranger : « n’oubliez pas qu’en Egypte, vous fûtes des étrangers »

Seul, Jésus a sillonné cette terre, réhabilité les lieux sacrés : Tibériade, Nazareth, Bethlehem

« « Ici, les chrétiens sont appelés à se situer au milieu des Israéliens et des Palestiniens, des juifs et des musulmans. C’est une position très inconfortable, dans ce contexte de tension et de passion, où la violence est souvent présente. Mais nous devons constamment rappeler que cette Terre  Sainte appartient à tous, et construire la paix au quotidien, avec les personnes qui y vivent et celles qui la visitent ».

 

 Père David Neuhaus, vicaire patriarcal pour les catholiques d’expression hébraïque, parlant couramment l’hébreu, l’arabe et le français,. Juif converti au christianisme

 

Un chrétien qui vient dans ce pays est déchiré devant cette réalité. Beaucoup de chrétiens soutiennent Israël,. Aujourd’hui, le discours chrétien sur cette terre devrait plutôt dire un amen au souhait de l’indépendance de la Palestine

S’adressant aux chrétiens venant en pèlerinage : « Nous venons rendre visite aux pierres de fondation de notre Eglise. Il ya deux sortes de pierres :

-les monuments, la terre, le lien fort avec les lieux saints

-les pierres vivantes, c'est-à-dire rendre visite à nos frères et sœurs qui partagent notre foi.

 

Différents points à retenir :

-la lecture des textes bibliques in situ mais  certaines lectures sont menacées par le fondamentalisme

-la convivialité avec les juifs, le dialogue judéo chrétien a été une révolution, mais il convient de garder l’esprit critique, de ne pas tomber dans le radicalisme

-le dialogue avec les musulmans. Il faut penser que nous avons une histoire traumatique pour les musulmans : les Croisés, le colonialisme, les interventions occidentales.

 

On ne peut entrer dans les textes bibliques sans oublier de parler du droit de ceux qui vivent sur cette terre déchirée.  Benoît XVI a évoqué le mur à l’aéroport.

En Occident, il y a deux groupes : judéo-chrétien et l’autre voix pour la justice pour les Palestiniens.  Et il y a souvent la guerre entre ces deux groupes. La vocation de l’Eglise est de réunir ces groupes.

 

Le Père Neuhaus lance une supplique très forte aux pèlerins et visiteurs de la Terre Sainte : « la façon dont on parle de ce pays est notre principal ennemi », « les chrétiens refusent d’être assimilés à des latins, orthodoxes ou arméniens », « cessez de tenir des discours de désespoir, quand vous évoquez Israël et la Palestine. Ici, des hommes et des femmes accomplissent chaque jour des efforts admirables, pour construire l’avenir. Nous devons tout faire pour les soutenir, et non les décourager, par des paroles de résignation et de pessimisme ».

 

Mr Desagneaux, Consul de France.

 

Trois millions de pèlerins sont venus en 2010, moins en 2011. Les Français (260 000)  occupent la 3ème ou 4ème place après les Américains et les Russes. Les pèlerinages sont un enjeu pour l’économie palestinienne. : Bethlehem : 1 250 000 nuitées. Les pèlerinages ont un rôle et une résonnance politique, ils viennent rappeler combien cette terre doit être respectée dans sa diversité et sa liberté. Elle appartient aux fidèles des trois religions.

Le rôle de la France : nous avons hérité de l’histoire d’une mission religieuse : alliance contre Charles Quint au 16ème siècle. L’année 1536 consacre la présence française sur la terre sainte et donne le droit de nommer le consul. 1901 et 1911 voient l’accord de Constantinople, signant la protection des chrétiens. 132 établissements sont recensés qui bénéficient de la protection de la France. politique, juridique avec des privilèges fiscaux.

 Les nouvelles autorités israéliennes reconnaissent cet accord, 14 messes consulaires sont célébrées en l’honneur de la France, une entrée officielle du Consul a lieu au Saint Sépulchre.

Relèvent du domaine national : Sainte Anne, AbuGosh, Eleona, le tombeau des Rois. Le statut de Jérusalem et des lieux saints ne sera défini pour la France qu’en fonction d’un accord israélo-palestinien.

 

Monsieur Desagneaux donne ensuite quelques informations sur la situation et la position de la France :

Le processus de paix est bloqué. Il y a absence de confiance entre les deux parties. La solution de deux états n’est pas à l’agenda. Le gouvernement israélien a le sentiment que les Palestiniens ne sont pas capables de s’entendre (fragmentation Cisjordanie/Gaza, division politique. Ce contexte inquiétant entraîne frustration et violence.

Quelques lueurs d’espoir :

L’Autorité Palestinienne contrôle la Cisjordanie, elle est un partenaire,

Les réformes de Salam Fayard ont créé une croissance économique

La vitalité de la société civile palestinienne, sa multiplicité politique 

La Palestine n’est pas à l’écart du printemps arabe

La Communauté internationale ne renonce pas

 

Même si il y a consensus sur la création de deux états, les blocages sur le terrain rendent inaccessibles cette perspective.

 

La France a soutenu la démarche palestinienne à l’ONU, démarche qui n’est pas en opposition avec les négociations. La Palestine a obtenu une place d’observateur, la reconnaissance d’état membre de l’UNESCO. La France souhaite tenir un rôle. Un calendrier est établi pour élargir les groupes états qui encadreront Israël et Palestine

La discussion sur la définition des frontières n’est pas encore acceptée.

Il importe de conforter l’AP : 20 à 25 millions ont été versés pour l’aide aux projets, 8 millions pour l’aide humanitaire. Une priorité est donnée pour le traitement de l’eau et l’assainissement, le développement des infrastructures, le soutien au secteur privé, la coopération administrative et universitaire.

 

Visites

 

Mont des Oliviers

 

L’inauguration officielle du jardin de l’Eleona s’est tenue en présence des autorités consulaires et ecclésiastiques. Ce lieu situé à proximité du carmel du Pater où Jésus aurait transmis le Notre Père à ses disciples, appartient pour une partie à la congrégation des Pères Blancs. Et pour une partie à l’Etat français.

« Le pèlerin ne peut à aucun moment  ignorer qu’il traverse un pays en guerre et que les « Pierres Vivantes » d’aujourd’hui sont parfois écrasées de souffrance.

 

Puis l’ensemble des participants est redescendu jusqu’à Gethsémani et a regagné le Saint Sépulcre où s’est déroulée l’entrée officielle. Cette cérémonie a été suivie d’une messe au patriarcat latin.

 

 

16 novembre : Sur cette terre, les traces de l’histoire

 

Intervention du Père Riccardo Suffrani (école biblique)

 

L’école biblique, située à l’emplacement du martyre de Saint Etienne  a 121 ans. Elle possède une autorité reconnue dans le monde entier et accueille effectivement des étudiants du monde entier. Mais elle connaît aujourd’hui des difficultés politiques et administratives. La bibliothèque abrite 140 000 livres, 45000 photographies et 600 revues.

Elle a différentes activités : un volet orientaliste, archéologique, langues orientales, histoire et est dotée d’un service scientifique.

L’école biblique n’utilise pas le terme de Terre Sainte mais « Levant méridional » qui correspond à Israël, Palestine, Jordanie. Si la Bible dit la vérité de la parole de Dieu, la science cherche la vérité.

 

« Nous avons longtemps vécu sur la Bible de Jérusalem. Trois éditions ont eu lieu. Faut-il la réviser, sur quel point ? Pour l’instant on la laisse avoir sa propre vie. ». L’école biblique va essayer de travailler sur quelque chose de neuf : la bible dans ses traditions,  sur l’origine des textes. Comment ces textes ont été reçus et interprétés ?

Qu’en ont fait les rabbins ? Puis Saint Augustin, puis la scholastique.

Les textes syriaques, coptes sont un nouveau champ qui s’ouvre. La lecture patristique : trouver le premier qui a donné une interprétation.

 

L’informatique  va jouer un rôle très important, car il ne faudra plus s’attendre à un texte. La somme d’informations est trop vaste et l’informatique permettra les corrections .

 

Il y a actuellement des fouilles à Gaza, en Jordanie et à Jérusalem : la crypte de l’église St Jean Baptiste, le Mont des Oliviers.

L’école biblique travaille avec des archéologues israéliens, certains sont idéologiques, d’autres scientifiques.

 

En conclusion, le Père Frédéric Manns insiste sur la nécessité de donner une juste place à l’archéologie dans les pélérinages, les directeurs de pélérinages doivent connaître plusieurs méthodes de lecture.

 

Visites

 

L’après midi a été consacrée à la visite des fouilles archéologiques du Temple ; visite très intéressante sous la responsabilité de Jean Baptiste Humbert, archéologue de l’Ecole Biblique.

Cette visite a été suivie d’une messe à St Pierre en Gallicante. Cette église, confiée aux religieux assomptionnistes, est située à l’endroit où Pierre aurait renié Jésus à trois reprises avant le chant du coq.

 

Dans la soirée, nous avons été accueillis par la représentante du ministre israélien du tourisme. La réception a débuté par un concert de jeunes chanteurs israéliens qui, à la surprise générale, ont présenté des chants religieux chrétiens.

Lors de la visite du Musée, les guides francophones ont insisté sur la lecture israélienne de l’histoire en passant très vite sur la place et l’influence des autres peuples dans la longue histoire de la Terre sainte.

Un discours d’un rabbin a ensuite évoqué l’importance du respect des droits de l’homme. ( !!)

 Les congressistes dans leur ensemble ont constaté un accueil correct mais froid avec un désir d’en « mettre plein la vue «  aux visiteurs occidentaux.

 

17 novembre : Sur cette terre, une église vivante

 

Les Eglises présentes en Terre sainte sont nombreuses : Les Luthériens, les Grecs catholiques, les Melkites, les Coptes, les Ethiopiens, les Assyriens, les Arméniens…Ces Eglises  témoignent de la richesse et de la diversité du christianisme dans le monde, même si elles ont parfois des tensions et des conflits, pour des motifs qui semblent incompréhensibles à un esprit occidental. A Jérusalem comme à Bethléem, la Custodie, c'est-à-dire la mission des franciscains au service de la protection des Lieux Saints, mission qui leur a été confiée depuis le Moyen Age, joue un rôle d’apaisement et de conciliation entre toutes ces communautés.

 

L’église catholique romaine est officiellement représentée en Terre Sainte par le Patriarcat latin qui soutient financièrement l’Eglise catholique romaine en Terre Sainte. Elle dispose à Jérusalem d’une paroisse où se trouve la sculpture d’une vierge réalisée en 1856 par Fabisch, auteur de la statue de Marie à la grotte de Lourdes. L’Eglise chrétienne la plus représentée en Terre Sainte est l’Eglise orthodoxe grecque qui a notamment en charge la grotte de la Nativité à Bethlehem.

 

Intervention de Monseigneur William Shomali :

 

Après le synode pour les Eglises du Moyen Orient, quelles orientations pour  l’Eglise de Jérusalem ?

 

Le fait de provoquer ce synode a créé la surprise. Plusieurs raisons ont conduit à ce synode : la migration des chrétiens, la coexistence avec d’autres religions comme l’Islam, l’enchaînement des évènements, les massacres en Irak ou en Egypte, le printemps arabe, la flottille de Gaza et les Turcs, le fait que l’Iran et l’Irak veuillent soutenir le Hamas et le Hezbollah.

La mise en place de ce synode n’a pas été sans poser de problèmes : la présence d’évêques orientaux aux côtés d’évêques latins, fallait-il parler de l’occupation ?...

Ce 10 octobre 2010 aura été une Pentecôte d’un dynamisme permanent. 157 évêques orientaux se sont réunis dans une écoute mutuelle au cours de 16 assemblées et 6 sessions en carrefours. Ces deux semaines de synode auront produit un message d’espérance à travers 44 propositions concrètes mettent en lumière la responsabilité de la présence chrétienne lien entre l’histoire et la géographie du salut.

Cinq axes sont à retenir :

1/ : former les chrétiens à lire et vivre la Bible qui n’est pas assez connue. Projet d’impression de la Bible en arabe

2/ : la communion à l’intérieur de la même église reste à désirer, y compris entre les mêmes paroisses.

3/ : le dialogue œcuménique demande convivialité, humilité. A travailler l’unification de la date de Pâques qui ne fait pas l’unanimité entre Orthodoxes et Latins. Peur de notre œcuménisme.,

4/ : le dialogue interreligieux. Juifs musulmans, ceux qui croient et ceux qui ne croient pas. L’islam modéré avec qui il faut faire alliance, l’égalité des droits et devoirs. Mettre fin à l’occupation, le synode refuse de justifier le conflit par la bible. Invitation à la réconciliation.

5/ : vocation et non fatalité.

Avoir la conviction que vivre dans ce pays est une vocation de Dieu à être signe de l’Evangile au sein de la société musulmane ou juive.

Pour terminer, Monseigneur encourage les pèlerinages en Orient, terre de révélation biblique et solidarité avec les chrétiens de Terre sainte.

 

Visites : Bethlehem

 

Les congressistes se sont rendus l’après midi à Bethlehem. Aucun commentaire officiel n’a été fait au moment du passage du mur.

Les groupes se sont partagés entre Bethlehem, Beit Jala et Beit Sahour.

A Bethlehem c’est un franciscain, directeur d’une école chrétienne qui a reçu l’un des groupes.

Conduits par le Père franciscain responsable de la Custodie à Bethlehem, nous avons visité la basilique de la nativité et monté sur les toits. Visite très intéressante. A la question : « que va-t-il se passer si la nativité est reconnue par l’UNESCO »,, le père franciscain a opposé son désaccord très ferme, indiquant qu’il faudrait passer aux normes et que cette reconnaissance provoquerait bien des interdits.

 

Après avoir été accueillis par les franciscains dans la « Casa Nova » proche de la basilique de la Nativité, nous sommes partis rencontrer la paroisse chrétienne de Beit Jala, dans la banlieue de Bethléem. Le curé de Beith Jala nous a présenté l’église Notre Dame de l’Annonciation, le séminaire, la bibliothèque et la chapelle. Il nous a relaté toutes les difficultés économiques vécues au quotidien par les chrétiens palestiniens, qui dépendent matériellement en grande partie de l’Eglise locale. Pour 50 000 habitants catholiques dans cette région de la Palestine, l’Eglise compte 85 prêtres et 28 séminaristes !

 

 Intervention du  père Stéphane Milovitch, franciscain, responsable de la Custodie à Bethléem.

 

Au début du XIIIème siècle, Saint François d’Assise avait émis le souhait de partir évangéliser les peuples musulmans, devenus les maîtres de Jérusalem et de la Palestine. Rapidement capturé par les musulmans, il fut conduit à sa demande auprès du sultan de l’époque. Selon la légende dorée, le sultan, séduit par la personnalité de François, voulut lui offrir un présent au moment de son départ. Et François répondit : « je ne veux rien pour moi-même. Je voudrais simplement que tu autorises mes frères à venir s’installer ici ».

Aucours des décennies suivantes, les franciscains s’implantèrent petit à petit enTerre Sainte. Ils furent longtemps les seuls résidents chrétiens de Jérusalem.Tant et si bien que le Vatican leur accorda officiellement le titre de « gardiensdes Lieux Saints », et en particulier du Saint Sépulcre, lieu de la passion et de larésurrection du Christ. Lorsqu’un sultan égyptien accepta, au cours du XIXèmesiècle, de rouvrir l’accès de la Terre Sainte aux chrétiens, une foule de religieuxet de représentants d’églises du monde entier, afflua à Jérusalem. Cela expliquela présence de communautés issues de toutes les sensibilités du monde chrétienaujourd’hui.

 

A Bethlehem, Chrétiens et musulmans se côtoient dans une relative harmonie. L’action de la Custode, service des franciscains en Terre Sainte, y est pour beaucoup. La Custode fait vivre environ 1000 personnes, toutes religions confondues, dans les différents lieux d’accueil destinés aux pèlerins : hôtellerie, restauration, notamment. Lors de la deuxième intifada, alors que les pèlerinages ont chuté brutalement, les franciscains ont continué à payer les 75% de salariés qui se retrouvaient en chômage technique, et n’auraient pas pu faire vivre leur famille sans cela. L’Etat français apporte lui aussi une aide importante aux Palestiniens, en soutenant des projets éducatifs, sanitaires ou culturels.

 

 

Soirée : Après une messe célébrée en l’église de Sainte Catherine, l’accueil et la soirée au restaurant de la tente, à Beit Sahour aura marqué l’ensemble des congressistes par son ambiance chaleureuse et conviviale. Le discours de Madame Khouloud Daibes,  ministre du tourisme palestinien a ét applaudi, elle a été le porte parole du peuple palestinien et des difficultés qu’il rencontre. Un regret cependant : Bethlehem a été au cœur de son exposé et Naplouse ou Hébron n’ont pas été évoqués. Les danses palestiniennes par un groupe de jeunes de Beit Sahour ont été très appréciées et la soirée s’est achevée en dansant et fumant le narguilee. 

Au retour, lors du passage du check point, un soldat est monté dans le car demandant les passeports, cela aura été le seul élément témoignant d’une occupation.

 

18 novembre : sur cette Terre, invité au pèlerinage

 

Intervention de Marie Armelle Beaulieu, rédactrice de la revue Terre Sainte

 

Quand ce pays accueille 3 millions de touristes, il est important d’être pèlerin, de renoncer à y faire du tourisme sans pour autant avoir une face de carême.  Le pèlerinage doit être 24H /24 un moment de joie et de prière, la joie de la Parole de Dieu.  Il est important de favoriser la fraternité dans le groupe, savoir se mettre à l’écart, ne pas visiter trop vite. Il faut ralentir les pèlerinages et éviter trop de fatigue. Certains lieux demandent deux visites, comme le Saint Sépulcre par exemple.

 

Elle souligne qu’il est important de venir « avec un kilo », le pèlerin vient pour de vrais gens qui ont de vrais besoins. Il est important au retour de ne pas oublier les pierres vivantes qui ne veulent pas se sentir abandonnées.

 

Interventions : comment « pèleriner » autrement

 

 Jean Luc, conseiller ecclésiastique au consulat

 

1500 à 200 pèlerins sillonnent la Terre Sainte  par jour. Ce sera pour eux une expérience qui marquera toute leur vie.

Mais la terre Sainte est une terre de rencontres avec les Chrétiens d’Orient. Ils ont besoin de cette bulle d’oxygène, il faut que les pèlerins trouvent le moyen de rencontrer ces frères et sœurs, d’approcher un autre rite. Il s’agit d’un devoir de solidarité, de vérité. Des lieux sont encore en friche en Cisjordanie, comme Naplouse, Zababdeh, Jenine, des pans du désert de Judée. Nous devons être des pèlerins de l’incarnation.  Ce devoir de vérité, les pèlerinages ont souvent tendance à le gommer.

 

La Terre Sainte est une terre de réconciliation, on peut tendre la main mais faut-il encore qu’ils acceptent de la prendre

 

Les Chrétiens d’ici ont besoin de notre aide. Comment être force de proposition. Le Père Eckert fait alors état d’outils intéressants dont la brochure réalisée par le CCFD.

 

Pour le Père Tardy, il est important d’être en contact avec l’église du village et de participer à des célébrations in situ, notamment en Samarie.

 

Le Père Michael, Directeur de la maison d’Abraham, insiste sur la spiritualité qui va à l’encontre des pauvres. Les voyages de l’espérance se préparent.

Il importe d’aller à la rencontre des pauvres d’ici.

Oser célébrer le dimanche dans une paroisse locale, pas forcément latine.

Nous devons être des ponts.

 

 

Commentaires de  Françoise Guyot du CCFD – Terre solidaire de Grenoble

Tout d’abord ces journées ont été d’une grande richesse informative dans un milieu que je connaissais mal. Il a été très important pour moi  d’y participer avec Lisette Prost, chargée CCFD – Terre Solidaire sur  la question des pèlerinages et intervenant pour le CCFD à Lourdes.

 

Si j’ai eu le plaisir de lui faire découvrir la Palestine, elle m’a apporté aussi la connaissance de son travail et l’importance de la présence CCFD - Terre Solidaire à Lourdes.

 

Rencontres et visites préalables au congrès.

 

Rencontre avec  Monseigneur Shomali. Il se souvient bien de notre rencontre précédente, apprécie beaucoup la brochure du CCFD mais il lui semble difficile d’en parler et pense que la ministre du tourisme serait la mieux placée pour en parler. C’est un peu une botte en touche.

 

Le 11 novembre : rencontre au consulat avec Jean Luc Eckert. Très positive. Il est très intéressé par la brochure et s’engage à en parler, ce qu’il a fait

 

Le 13 novembre et 14 novembre : j’ai la mission de faire découvrir en deux jours, la Palestine à Lisette, arrivée la veille. Grâce à Susan Sahori qui nous conduit avec sa voiture ,nous pouvons aller à Naplouse, participer à la messe à la paroisse chrétienne latine, rencontrer la communauté autour d’un café et déjeuner avec le Père Jonnhy Khalid., rencontrer Muhmud, le responsable du camp de réfugiés de  Balata.  L’heure passant, Susan nous dépose au checkpoint de Qalandia. La queue est trop longue, Lisette prend le temps de voir les Palestiniens, hommes femmes, enfants, tassés le long des « couloirs à bestiaux », les yeux rivés sur le feu rouge qui passe si peu souvent au vert.

 

En taxi,  nous rejoignons Jérusalem où nous avons rendez vous avec Michel Warshavski. Très bonne rencontre où Michel balaye les différentes problématiques du conflit. Malheureusement la nuit tombe déjà et c’est trop tard pour explorer le grand Jérusalem.

 

 

Le 14 novembre : rencontre à ATG avec Rami Kassis, point sur la question des pèlerinages, le document Come and See.

 

 

Puis rencontre avec Susan Sahori à la BFTA, Bethlehem Fair Trade Artisans, ONG qui ayant pour but de redonner une activité aux artisans ayant perdu leur travail et non impliqués dans le circuit programmé des pèlerins et touristes. La BFTA assure aux artisans des formations en packaging, informatique, commerce équitable…Une salle d’exposition et vente permet à chaque artisan de vendre ses produits.

 

Après midi : rencontre très positive avec Madame Khouloud daibes, Ministre du tourisme palestinien, accompagnées de Rami Kassis. La Ministre se montre très intéressée par la brochure du CCFD, par le travail que nous faisons  en Palestine et promet d’en faire état lors de la soirée à Bethlehem. Elle aura en fait toujours la brochure à proximité mais n’en fera pas état.

 

La visite à Hébron est reportée faute de temps, nous pourrons y aller en fin de congrès et prendrons le temps de le faire sous la conduite de Chantal Abueishe.

 

 

Pendant le congrès

 

Sentiment d’être « basculée » dans un autre monde. Dès les interventions du premier jour, je ressens une très grande écoute, mais les questions font apparaître la plupart du temps une méconnaissance de la situation. Les pierres vivantes ne sont pas  vraiment présentes.

 

Il n’est pas prévu que nous intervenions et nous faisons le choix d’une présence aux pauses.  En « dispatchant » les brochures à plusieurs endroits de la table ronde et étant présentes  lorsqu’un congressiste prend la brochure. Si nous le sentons intéressé, nous engageons alors une ouverture de discussion.  Peu à peu nous créons des liens, lors aussi des repas ce qui nous permet un dialogue plus approfondi avec certains. A noter un appui de Monseigneur Brizard dans notre démarche.

 

Une rencontre avec l’agence « chemins et rencontres »  de Macon a été particulièrement fructueuse avec des échanges de cartes.

 

Il faut noter qu’après l’intervention de  Jean Luc Eckert, toutes les brochures ont été ramassées.

 

Pour ma part, je ressors de ce congrès avec le sentiment que les directeurs de pèlerinages sont passés à côté de beaucoup de points importants dû à l’organisation du congrès :

- pas de vraies rencontres avec les communautés locales, paroissiales ou associatives.

- aucune invitation des « pierres vivantes ». Pas d’allusion en dehors des responsables du Consulat et du Père David Neuhaus aux communautés oubliées, notamment de Samarie. Les prêtres concernés ignoraient la tenue de ce congrès et s’étonnent de ne pas avoir été invité à certains moments. Occasions perdues.

-ces pierres vivantes ont été évoquées à plusieurs reprises mais rien de concret n’a été proposé.

Qu’ont-ils vu de plus que ce qu’ils connaissent déjà  pour ceux qui viennent régulièrement ?  

 

Bethlehem, nous avons senti la déception de certains de ne pas avoir eu l’occasion de rencontrer des « locaux ». Au pied levé,  nous les avons emmenés à la BFTA alors qu’ils s’apprêtaient à acheter des souvenirs dans les magasins de la place de la nativité. Très intéressés, ils ont noté d’y revenir lors de leur prochain pèlerinage.

 

Une intervention de Sabeel aurait été intéressante, mais il est vrai que les termes occupation, mur, check point, colonisation n’ont pratiquement jamais été prononcés.

 

Conclusion :

Nous ne pouvons savoir quel impact pourra avoir la remise de nos brochures, les congressistes étaient nombreux, combien seront ceux qui, souvent silencieux, y trouveront une information qui les amène à changer leur regard sur les pierres vivantes.

 

Certaines  agences paraissent davantage intéressées à faire des propositions.

 

Il importe de continuer notre travail d’approche, diocèse par diocèse. Le message de la fin était de trouver un équilibre entre le spirituel, l’archéologie et les rencontres. Comment aider à trouver cet équilibre et faire des choix ?