À lire les polémiques provoquées par le coup de crosse républicaine de Valls sur Jean-Louis Bianco et l’Observatoire national de la laïcité, c’est réussi !

Dans le texte « Nous sommes unis » nous ajoutions : « Debout, soudés… , les uns avec les autres et jamais les uns contre les autres ».

Je persiste et signe en me désolant des calculs personnels et politiciens qui dévalorisent l’ensemble de cet élan d’unité face au terrorisme. Volontairement les polémistes mélangent tout en annexant notre démarche à la question de la laïcité. Les extrémistes de tout poil se réjouissent de pouvoir instrumentaliser, une fois de plus cette référence.

Revenons aux enjeux de l’appel de Nous sommes unis, au lendemain des attentats du 13 novembre, car à lire certains propos j’ai le sentiment que leurs auteurs ne l’ont même pas lu.



Le texte n’abordait absolument pas la question de la laïcité. Il avait simplement pour but de mettre en lumière notre capacité à exprimer une certaine unité face aux attentats et de dénoncer « une violence inouïe et innommable ».
Est-il si fréquent de rencontrer la France réunie ? Est-ce si peu opportun face aux défis actuels ? Est-il nocif de se rassembler d’horizons français les plus divers?

Exprimer sa solidarité avec les victimes, dénoncer "une idéologie mortifère et inhumaine", donner notre sang, créer du lien social, tisser des liens, lutter contre le racisme et les préjugés, étaient autant de perspectives que nous recommandions.
Bien sur que le souhait d’unité ne peut se faire à n’importe quel prix ni cacher les différences fondamentales. Mais pourquoi polémiquer quand des personnes et des mouvements s’accordent sur un minimum de valeurs républicaines nécessaires à la survie de tous ?
Que faisons-nous de ceux-là mêmes qui campent trop souvent aux frontières de l’unité nationale et qui ici manifestent leur accord sur quelques comportements essentiels ? Dans la France laïque, chacun peut affirmer ses convictions. Tous, sauf ceux dont on pense qu’ils ne doivent pas faire partie de la « réunion » ?

Faut-il les ostraciser davantage, les renforcer dans leur isolement volontaire ? Et que chacun se replie sur soi et se prépare à la guerre ! Ou bien, faut-il, sans naïveté ni compromission, chercher les terrains sur lesquels il est possible de faire un bout de chemin ensemble ? Repérer les sujets d’accord. Lorsque viendra le moment des divergences voire des oppositions il sera moins hypocrite de dénoncer des attitudes inacceptables.

Mais prendre ce risque c’est accepter de voir un peu plus loin que la prochaine échéance électorale.