PUNIR en Syrie ?

 

Sans oublier les immenses souffrances vécues par la population ni la complexité des choix stratégiques, sans m'ériger en donneur de leçons ou en "il n'y a qu'à...", je pose deux questions :

 

Pourquoi les Etats (et certaines Eglises) ont-ils été si peu regardant sur les violations de la dignité humaine par les dirigeants syriens depuis des décennies ?

Il semble que tortures, enlèvements, incarcérations arbitraires, disparitions et autres exécutions sommaires n'aient pas beaucoup questionné les dirigeants des Etats qui entretenaient, il y a encore peu de temps, d'excellentes relations avec le dictateur ou son prédécesseur. Laisser impunies de telles pratiques pendant des années décrédibilise toute la dynamique des droits de l’homme. Cela justifie le scepticisme de certains lorsque soudain des Etats veulent punir.

 

Par ailleurs pour punir ne peut-on envisager d'autres sanctions que des frappes aériennes ? Le boycott existe sous de très nombreuses formes. Plusieurs pays ont dû leur libération à ces stratégies associées à bien d’autres actions courageuses (ex. l'Afrique du sud). Certes tous les Etats ne le respecteront pas, mais il convient par ces sanctions de mettre l'état fautif peu à peu à l’écart. D’en rendre la fréquentation plus difficile. Sans prétendre punir tous les Etats qui violent les droits humains, dans les cas les plus graves, il convient d'intervenir dans les domaines, diplomatiques, politiques, économiques et culturels, en dosant l'intensité de la sanction.

 

La sanction juridique, aussi symbolique soit-elle dans ce domaine, existe aussi. Les Etats qui veulent intervenir ne doivent pas boycotter certaines institutions chargées du contrôle du respect des droits humains. Par exemple qu’en est-il des Etats-Unis refusant la Cour Pénale Internationale chargée de punir les crimes contre l'humanité ?  

Ces remarques ne permettent pas de trancher les dilemmes actuels. Mais il serait bon de ne pas oublier que la sévérité dans la sanction des violations des droits humains n'est pas un gadget, une variable d'ajustement au gré des intérêts économiques ou politiques. 

 

Guy Aurenche